13 juin 2018 : De quoi François a peur de la justice de son pays ?

13 juin 2018 : De quoi François a peur de la justice de son pays ?

Arrêté le 29 octobre 2017 à l’aéroport Roissy Charles De Gaulle, car étant sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé le 5 mai 2017 par la justice burkinabè dans le cadre du dossier Norbert Zongo, François Compaoré a été entendu, le 13 décembre 2017, puis le dossier a été renvoyé au 7 mars 2018, puis ensuite être de nouveau repoussé au 28 mars 2018.

Hier donc devant la Chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris a donc entendu de nouveau le «petit président», sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo le 13 décembre 1998 en rade de Sapouy, localité située au Centre-Ouest du Burkina. Ses avocats qui ont trouvé superfétatoire cette demande d’extradition à l’instar de l’ancien bâtonnier de Paris, Me Olivier Sur, tablent sur l’absence de documents qui incriminent, le frère cadet de l’ex-n°1 burkinabè. La seconde crête des avocats de François Compaoré est l’existence de la peine de mort au Burkina, même si des garanties ont été données en la matière et qu’il y a presque quatre décennies qu’elle n’a pas été appliquée.

Enfin, l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples daté de 2014, condamnant le Burkina Faso, pour son attitude timorée dans l’enquête sur ce dossier a été brandi. Bien sûr, en outre le sempiternel argument maintes fois exhibé par la défense, sur le fait que c’est Blaise Compaoré qu’on vise, via son frère a encore servi. Mais voilà au jeu de l’érection des murailles de défense s’oppose la chasse à la vérité et à la justice, et en ce domaine, le Burkina Faso ne veut pas laisser inextinguible la soif des Burkinabè. Le 13 décembre de cette année, cela fera 20 ans que Norbert Zongo et ses trois compagnons ont été «boucanés». Cela fera deux décennies que la Commission d’enquête indépendante (CEI) a indexé «6 suspects sérieux» tous disparus de nos jours comme les assassins du «gratte-papier». Cela fera 20 ans aussi que peu ou prou le nom de François Compaoré revient, invariablement dans cette affaire. Rien que pour toutes ces raisons, lui-même gagnerait à s’expliquer au Burkina Faso, qui est son pays.

Pour peu qu’on lui garantisse un procès équitable, «Moukilo», autre surnom de François Compaoré ne peut pas se débiner à ce procès qu’il sait inéluctable, tôt ou tard. Il sait un vulgum qui lui exècre, une opinion publique qu’on a formatée en partie pour le vouer aux gémonies, mais dont le comportement s’explique également par ce qui ressemble à une fuite éperdue de François, qui parvient toujours à se soustraire à la justice. Eviter le box des accusés de son pays, surtout pour une affaire, que l’on porte tel un marteau d’infamie, et ce depuis des années, c’est tomber de Charybde en Scylla. De quoi François a-t-il peur de la justice de son pays ? Un procès inique ? Un jugement chasse-aux-sorcières ? Dans le Burkina actuel et vu ce qu’est la justice, ce n’est pas évident. Et puis la justice, ce sont des preuves non ? Le 24 novembre 2017 à Ouagadougou, le président français, Emmanuel Macron a promis que la justice française qui est indépendante fera son travail. En attendant, la décision sur le fond le 13 juin prochain, la justice burkinabè et même François ne peuvent que souhaiter que l’on puisse juger  cette affaire et tourner la page. Toute autre solution serait une impasse.

La Rédaction

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