13 soldats de Barkhane tués dans le crash d’hélicoptères : Hommage-obsèques-polémique et pédagogie

13 soldats de Barkhane tués dans le crash d’hélicoptères : Hommage-obsèques-polémique et pédagogie

Le retour des cercueils de soldats en mission dans des théâtres d’opérations extérieures (TOE) met toujours les opinions publiques, les «arrières» en ébullition, et celui des 13 militaires victimes de la collision de leurs hélicoptères, dans la région du Liptako-Gourma, n’a pas dérogé à cette règle d’airain. En France, ce sont les Insoumis par la voix de Jean-Luc Mélenchon qui a tonné pour le «retour des soldats français à la maison». Mais c’est dans les pays africains concernés que s’est élevée cette vox francophobe relativement à la présence militaire hexagonale.

Faut-il maintenir Barkhane dans le Sahel ? Rapatrier les 4 500 soldats tricolores ou une partie ? Au moment même où les 13 corps arrivés hier à Paris en provenance de Gao reçoivent aujourd’hui, l’hommage de la Nation en présence du chef de l’Etat et de son homologue IBK, et même avant cette tragédie des «3 frontières», une polémique, sinon des accusations contre la France fusaient des dunes de sable et des savanes arborées du Sahel.

Limousin, Bison, Epervier au Tchad, Pélican au Congo-Brazza, Noroit et Turquoise au Rwanda, Sangaris en RCA, Licorne en Côte d’Ivoire, la France a toujours essuyé face à ses OPEX des vives critiques, miasmes d’une histoire entre elle et son ex-glacis dont du reste les Africains seraient bien inspirés de faire la part des choses.

Souvent émanant du citoyen Tartempion sans doute ne comprenant pas tous les arcanes de la chose sécuritaire ou carrément instrumentalisé, voire de certains responsables, les ruades contre la France, taxée d’aider les terroristes, sinon d’être en collusion avec eux ou encore de guigner les richesses du sous-sol sahélien, tels le pétrole, l’or, la terre rare (utilisée dans la fabrication des téléphones portables) autant d’arguments ou d’arguties qui sont brandies pour sommer les militaires français et étrangers de faire leur paquetage et partir.

Des marches anti-français ont eu lieu, le ministre de la Défense du Burkina, Chériff Sy dans un entretien accordé à un journal sud-africain éructait contre cette France, «incapable de bouter les terroristes hors du Sahel, avec tous les moyens qu’elle a dépoyés …». Il n’est pas jusqu’à la star de la musique malienne Salif Kéïta qui n’ait hurlé avec la meute anti-française.

Ce sont des relents anti-néocolonialistes teintés de colère et d’impuissance face à ces guerres «molles» qui expliquent ces sorties de Sahéliens même si à certains égards la même France n’est pas exempte de critiques.

Mais, dans ce chœur de cris viscéralement contre l’ex-métropole, s’élèvent également de plus en plus de voix pour appeler à la raison, sinon à la realpolitik dont celle de IBK, le président malien, qui dans un discours hier à la nation dit comprendre le désarroi de ses compatriotes face à cette guerre non conventionnelle, mais pour le n°1 malien, qu’on ne se trompe pas d’adversaire : l’ennemi, c’est bien les terroristes et non la France, dont 41 de ses fils sont tombés depuis le 11 janvier 2013,date du déclenchement de Serval, mère de Barkhane.

Avant lui, le général Lecointre, chef d’état-major des armées françaises dont on sentait la moutarde monter au nez au sujet de la polémique sur les causes de l’accident d’hélicoptère, n’a pas varié sur sa position : sans l’intervention française, le Mali, voire le Sahel seraient de nos jours un califat djihadiste ou un nouvel Afghanistan !

Le ministre de la défense malien, le général Ibrahima Dahirou Dembélé a été également limpide «La défense du Mali, c’est d’abord les Maliens, un accord de défense, c’est la sous-traitance de la sécurité à un autre pays, mais comme je suis faible, je demande de l’aide».

Quant à François Hollande entre ce 11 janvier 2013 à 12h 30, début des premières frappes de Serval (qui a reçu l’onction de l’ONU sous le numéro 2085) pour arrêter les djihadistes à Sévaré et ce 25 novembre 2019, il a toujours senti ce poids de la responsabilité à chaque retour de corps de soldats tués au Sahel.

Mais, Hollande fait toujours à l’occasion cette piqûre de rappel : Barkhane doit rester au Sahel et son successeur Emmanuel Macron dont les propos lors de la rencontre avec le patron de l’ONU ont le même tonneau, viennent signifier que cette lutte anti-terroriste ne laisse pas de place à des polémiques superfétatoires. Sous réserve de voir ce que sera «l’option stratégique» concernant l’intervention militaire que Marcon privilégiera, car il y a désormais un avant 25 novembre et un après pour Barkhane sous inventaire de cette nouvelle modalité d’intervention il faut éviter certains dérapages. Seule compte la victoire sur les katibas. C’est l’unique pédagogie que les Français et les Sahéliens doivent professer. Quitte à solder les comptes entre métropole et ex-colonies après, si débits il y a !

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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