13 soldats de Barkhane tués dans un crash d’hélicoptères au Liptako-Gourma :  La mort reste la mort dans  le Sahelistan

13 soldats de Barkhane tués dans un crash d’hélicoptères au Liptako-Gourma : La mort reste la mort dans  le Sahelistan

25 novembre 2019, 18h 38, au-dessus d’une zone du Liptako-Gourma, un bruit sourd caractéristique du  télescopage de deux gros objets métalliques se font entendre : c’est deux hélicoptères 1 Cougar et 1 Tigre qui se sont percutés, laissant sur le sol 13 soldats de Barkhane sans vie.

Ces éléments de l’armée tricolore étaient en opération anti-terroriste, notamment contre les hommes de l’EIGS d’Al Saharaoui. Là, dans la région des 3 frontières, le bien-nommé «triangle de la mort» que partagent le Burkina, le Mali et le Niger, dès 18 heures, il fait déjà nuit, et ce genre de manœuvre héliportée s’avère délicate avec une visibilité quasi-nulle.

Une zone dangereuse à l’image des interminables cols d’Uzbin en Afghanistan, car infestée de marécage et de forêts, bases arrières de nombreux katibas. C’est justement en ces lieux à quelques encablures d’indélimane, au Sud du Gao, qui s’est déroulé du 11 au 17 novembre dernier, une partie de l’opération Bourgou 4, qui a regroupé des armées du Sahel, du G5 et de Barkhane, et qui aura permis de neutraliser plus d’une vingtaine de djihadistes.

13 soldats sont donc morts pour la France d’abord. Le plus lourd bilan qu’ait subi l’armée française, dans les théâtres d’opérations extérieures (TOE), notamment depuis 1983 au Liban avec 53 tués.

Même si la mort n’est point un dysfonctionnement de la guerre, même si elle fait partie «des risques du métier, la mort est toujours un échec» admet le général d’armée Jean René Bachelet qui a servi en 1995 dans la pétaudière de Sarajevo.

Comme les fantômes des 10 soldats français tués par des talibans dans la vallée d’Uzbin à 40 km de Kaboul le 18 août 2018 ont nimbé le mandat de Nicolas Sarkozy, ceux de ces 13 soldats du Sahel hanteront le quinquennat d’Emmanuel Macron.

Rien à voir certes entre le combat ayant opposé les «Para-colos» du «8» de l’adjudant Evrard à Uzbin, dans le district de Saroubi en Afghanistan et ce crash au-dessus des 3 frontières du sahel.

Mais Le choix d’envoyer des soldats en ‘’OPEX’’ est toujours une option régalienne, qui relève du chef suprême des armées : le président français. Emmanuel Macron a opté de poursuivre l’œuvre de son prédécesseur François Hollande, en ce qui concerne le Sahel. Barkhane fille de Serval fait œuvre de salubrité sécuritaire depuis 2017.

Etre chef suprême des armées nécessite en ces temps de guerre non-conventionnelle, nécessite une dose de sagesse, un zeste de vision, de la retenue et de l’action.

Avec Barkhane, Macron a choisi lui aussi d’endosser une tunique de guerre, mais dans cette aventure sahélienne, du déploiement des troupes sur les dunes de sable, au retour des cercueils en France, on en compte plus d’une quarantaine pour Barkhane, entre ces 2 extrêmes, des Français meurent pour le Sahel, une certaine opinion de la France se pose des questions sur cette OPEX africaine.

Et dans cette grisaille de l’harmattan sahélien où le ressentiment anti-français est réel, exacerbé, il est vrai par la surenchère politique, c’est le lieu de dire que quoiqu’il y ait parfois des motifs explicatifs à ce resentiment, ces 13 soldats tués dans le Liptako-Gourma sont la preuve, qu’ils ont consenti le sacrifice suprême pour le Sahel, pour l’Afrique pour faire reculer ceux qui veulent obscurcir l’Afrique par des tueries.

Il faut donc aux Sahéliens savoir raison garder car beaucoup de Maliens, Burkinabè et Nigériens meurent chaque jour victimes du terrorisme, mais également des Français, et la mort reste la mort, dans une guerre classique ou asymétrique. Elle est pareille pour tous les militaires et les civils dans le sahelistan !

Le tweet du n°1 burkinabè Roch Kaboré, manifestant sa compassion aux familles des 13 soldats, et saluant leur mémoire est opportun et bienséant.

Qu’il y ait aujourd’hui  certains griefs contre la France, sur sa présence et ses méthodes de lutte anti-terroristes, ne doivent pas éluder le fait que c’est le Sahel qui a fait appel à Barkhane, à la rescousse, et pour imparfaite qu’elle soit, Barkhane ne doit pas servir d’exutoire à des politiciens et dirigeants incapables de concevoir et mettre en pratique des plans de guerre idoines et qui se défaussent sur l’instrumentalisation de populations.

Ces 13 soldats morts sont la preuve, que c’est dans la synergie d’action qu’on viendra à bout de ces terroristes, à défaut les réduire à leur portion résiduelle. Le reste des débats ne mènera nulle part.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR