C’est l’EGIS d’Al Sahraoui qui s’est donc attribué la paternité des 14 soldats burkinabè suppliciés à Tin-Akoff le mercredi 11 novembre 2020. Cette katiba qui fait les rapts, massacrent des militaires dans les casernements, sur les routes et mitraillent des civils dans des lieux de culte et sur les marchés…a encore frappé. Après l’attaque meurtrière de Koutougou le 19 août 2019, c’est le second grand massacre en nombre de militaires que les terroristes perpètrent ainsi à Tin-Akoff. C’est donc une attaque d’envergure que Daesh au Sahara réalise. Depuis pourtant quelques mois, il y a une relative paix, soit parce que les assaillants se réorganisent pour revenir, soit aussi parce que les soldats burkinabè, mieux aguerris, mieux équipés et renseignés, sont aptes à attaquer qu’à riposter.
Evidemment, avant cette tragédie il y a eu l’assassinat du chauffeur d’un candidat, qui selon des sources sérieuses visait en réalité le candidat lui-même, lequel n’a eu la vie sauve que parce que par sa baraka, les assaillants mal tuyautés, ayant cru qu’il revenait avec son chauffeur.
Assassinat du chauffeur d’un candidat et de 14 militaires en pleine campagne électorale et à 10 jours des élections c’est bien un avertissement sanglant que le 22 novembre, et les jours d’avant sont nimbés de dangers liés au terrorisme.
Pendant des mois au Burkina Faso, certains candidats et une partie de la population avaient donné de la voix pour qu’on reporte ces élections au vu que 1 685 villages ne voteront pas pour cause d’insécurité, soit 2 478 bureaux de vote, soit 11% de l’électorat.
Des pans du territoire burkinabè n’iront donc pas dans les isoloirs ce 22 novembre, ce qui, repose la problématique de la légitimité des élus. Mais l’anxiété et la réprobation de ceux qui proposent ce report du vote s’expliquaient aussi par le fait que ces terroristes ou djihadistes qui donnent la mort facilement et l’attendent également avec ferveur comme suprême récompense, auraient à l’occasion des présentes élections, des cibles faciles et tout indiquées pour frapper de grands coups, gâcheraient le scrutin en renforçant la hantise de populations durement martyrisées, et dont plus d’1 million sont devenus des déplacés internes.
L’Etat régalien et la CENI ont par la suite rassuré que tout sera mis en œuvre pour que ces élections soient sécurisées, paisibles et à l’abri des coups de boutoir sanglants de ces assaillants de l’ombre.
Pendant ces dernières semaines précédant la campagne, effectivement, l’accalmie ou une paix fourrée a prévalu, mais chacun savait que les attaques ne sont pas finies loin s’en faut, et puis patatra, coup sur coup, voici ces deux estocades meurtrières en plein sillonnage des campagnes par des centaines de candidats, dont 13 présidentiables. Eau au moulin des scrutins-sceptiques qui croient avoir eu raison trop tôt.
Le deuil de 48 heures décrété par le pouvoir et la suspension des campagnes par la quasi-totalité des partis durant ce deuil est la preuve de la gravité de l’existant sécuritaire.
Le pouvoir sortant se retrouve à présent avec un double défi à J-7 :
Œuvrer à ce qu’on en reste à ces 2 attentats d’ici le 22 novembre- Rassurer donc que ce scrutin est sous contrôle sécuritaire, du vote au dépouillement et à la ventilation des résultats.
Naturellement que le vote est sans tache, transparent, apaisé, et accepté, car même sans l’insécurité un scrutin dont on soupçonne la régularité est source de tambouille. Des pays tels la Guinée ou la Côte d’Ivoire en sont toujours là.
Mais si l’Etat est interpellé, les populations doivent l’être aussi, car la lutte contre cette pieuvre tentaculaire est l’affaire de tous les Burkinabè. Ce n’est pas parce qu’on est en période électorale, qu’on doit baisser la garde et s’offrir à la limite en holocauste. La vigilance quotidienne est le prix à payer, pour contrer ces attaques, élection ou pas !
Sam Chris
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