14 Tanzaniens de la MONUSCO tués à Béni :  Enième attaque des ADF et moult questions

14 Tanzaniens de la MONUSCO tués à Béni : Enième attaque des ADF et moult questions

En regardant hier le 11 décembre au QG de la MONUSCO, le rapatriement des 14 cercueils contenant les corps des Tanzaniens tués le 7 décembre dernier, au casernement de Semuliki (Béni), laquelle tuerie est attribuée aux forces démocratiques alliées (ADF) le représentant spécial adjoint du SG de l’ONU en RDC, David Gressly ainsi que le général tanzanien James Mwakibolwa ont dû se sentir un tantinet impuissants, tandis qu’une colère sourde montait en eux. Comment une telle horreur a-t-elle pu avoir lieu à la MONUSCO ? Un habitant s’est même écrié “Qui assurera notre sécurité si même les soldats de la paix sont pris pour cibles?”

A question basique réponse classique: personne ! Car si la MONUSCO est souvent taxée de faire preuve de passivité voire d’accomplir le service minimum, les FARDC elles, sont accuses à tort ou à raison d’impuissantes face à des rebelles aguerris et résolus. Et si cette équipée meurtrière du7 décembre contre les soldats onusiens est une première et de loin historique, les itératives exactions des ADF contre les populations s’étalent, elles sont dans le temps depuis quelques années. 

– 5 juillet 2016 : attaque à Oicha à Béni un civil tué

– 30 juillet 2016:réattaque à Manuki-Tenanbo

– 13-14 aout 2016:22 personnes sont égorgées à Beni

– 7 décembre: 15 militaires de la Monusco sont tués et 5 soldats des FARDC également.

Tous ces crimes sont attribués aux ADF, le groupe rebelle islamiste ougandais.

Pour ce qui est de l’attaque contre le camp militaire onusien de Simuliki jeudi dernier, ”la pire contre des soldats onusiens dans l’histoire récente“, pour reprendre les mots d’Antonio Gutteres, le patron de l’ONU, on se perd  toujours 4 jours après, en conjectures sur les tenants et aboutissants de l’opération.

En effet, si selon le SG adjoint de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix,” c’est une opération préparée”, il subsisterait tout de même un halo de mystère. D’ou moults questions qui turlupinent  les esprits tant à New York qu’en RDC:

– Qui a commis ce crime de guerre du 7 décembre ? Les ADF ? Les Mai-Mai ? L’ex-M23?

– A l’évidence, ce sont les Tanzaniens qui ont été visés. Pourquoi 30 mn après l’attaque, les Tanzaniens restaient désespérément injoignables ?

– Comment expliquer ce qui ressemble à une passivité des FARDC dont le camp était situé à quelques jets de pierre de celui de la MONUSCO ?

– La MONUSCO a-t-elle été mise au parfum de cette attaque comme le laissent croire certains ?

Quoiqu’il en soit circonspection, colère réprobation et souvent résignation animent Béni-la martyre, Béni la  souffre-douleur des ADF lassée d’enterrer ses fils, fatiguée  d’entendre les autorités congolaises annoner la même antienne ”les FARDC sécurisent la zone”.

On savait la RDC victime de son gigantisme car depuis le roi-léopard jusqu’à Kabila junior, jamais la totalité de ce pays-continent n’a été régentée par un pouvoir central. De nombreuses provinces restent le terreau de rebellions voisines, leurs bases arrières si ce n’est des armées régulières des mêmes voisins qui y pillent les richesses du sous-sol tout en entretenant des guérillas d’embrouille et de….rapines.

L’éradication des ADF à Béni et plus exactement la sécurisation de ce Nord-Kivu passe par une affirmation de l’Etat congolais d’abord, c’est-à-dire par de véritables opérations coup de râteau des FARDC dans cette foret frontalière aussi luxuriante que mortelle et de fréquents ratissages aux alentours de la montagne Mwenzeri. Par des actions conjointes FARDC-MONUSCO.

Ensuite n’en déplaise aux autorités ougandaises qui rejettent cette option, il faudra  des initiatives communes RDC-Ouganda sur le terrain, car c’est bien de repousser ses propres rebelles sur le territoire du voisin congolais mais c’est meilleur si ensemble on peut les réduire à néant. Car sans cela à terme ils reviendront!

Enfin, il est impératif de mettre en branle une collaboration régionale en réactivant la poussive conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) contre les ADF.

A défaut, on donnera raison à ceux qui pensent que ces terrorismes frontaliers du Nord-Kivu sont le fait de Kabila pour détourner l’attention ou à une sorte d’équilibre de la terreur, un équilibre géopolitique par la mise en relief des capacités de nuisance des “Bismarck” de cette région comprenez Musoveni et Kagamé, via des groups armés savamment entretenus.

 

 

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