15 octobre 1987 – 15 octobre 2018 |Thomas Sankara : les  introuvables ADN et … justice

15 octobre 1987 – 15 octobre 2018 |Thomas Sankara : les  introuvables ADN et … justice

Cela fait aujourd’hui 31 ans. 31 ans que les armes ont craché sous les voutes du Conseil de l’Entente, fauchant celui que beaucoup regrettent aujourd’hui, et même au-delà des frontières du Burkina Faso. Le Président Thomas Sankara est devenu en cette seconde décade du 21e siècle, une trentaine d’années après la Révolution d’août 1983, un fanion, un repère, un slogan, un style de vie et de gouvernance, une source de conviction pour des générations de Burkinabè et surtout d’Africains. Ses idées ont pourfendu le voile du temps pour s’imposer et révéler à la face de l’Afrique leur implacable logique et le chemin qu’ils ont voulu tracer pour réelle émancipation d’un continent perclus de plaies socio-politiques et économiques et gangrené par des tares de gouvernance qui font le lit de ses malheurs.

Mais 31 ans après, le Burkina n’a toujours pas réussi à faire la lumière sur la mort de ce fils à l’envergure planétaire. 31 ans après, il n’existe même plus de tombe pour que ses admirateurs puissent aller se pencher pour lui rendre hommage. 31 ans après, le dossier avance toujours à pas de tortue, coincé dans le dédale insondable des procédures judiciaires. La Transition lui avait en effet donné un souffle qui l’a dépoussiéré. Le 21 novembre 2014,  revêtu de ses habits neufs de président de la transition Michel Kafando a promis que les dossiers Thomas Sankara, et Norbert Zongo, bougeront. Depuis lors, les expertises et les contre-expertises n’ont pas véritablement fait avancer les choses, même si désormais, dire le nom de Thomas Sankara ne relève plus du tabou aujourd’hui. En effet l’excavation du cimetière de Dagnoën où reposait le père de la Révolution burkinabè, a eu le lieu le mardi 26 mai 2015, s’ensuivit l’analyse de l’ADN, ou supposé tel. Un ADN qui reste muet si fait qu’on ne sait toujours pas si c’est le fringant capitaine qui y a été vraiment inhumé, en cette soirée du 15 octobre 1987.

31 ans aujourd’hui, on ne peut que se poser de légitimes questions :

– que devient le mandat d’arrêt lancé contre Blaise Compaoré dans ce dossier ? Est-il arrivé en Eburnie ou a-t-il échoué quelque part au large de la Côte d’Ivoire où l’ancien locataire de Kossyam et compagnon, sinon frère de Thomas Sankara, s’est depuis lors réfugié ?

– pourquoi la famille de Thomas Sankara, notamment sa femme et ses enfants, n’ont toujours pas définitivement remis les pieds au Burkina ? Ont-ils des doutes sur les bonnes dispositions des autorités actuelles qui gouvernent le Burkina ?

– pourquoi depuis les derniers mandats d’arrêt lancés, la machine de la justice est désormais restée muette sur le dossier ? Le juge d’instruction a-t-il buté sur  un obstacle coriace ou est-ce à cause de l’ouverture du procès du putsch dans lequel est impétrée l’une des pièces maîtresses de l’ère de la fin tragique de la  Révolution de 1983, en l’occurrence le Général Gilbert Diendéré ?

Les questions fourmillent et après l’enthousiasme soulevé lors la réouverture du dossier sous le président de la transition Michel Kafando, les doutes font de nouveau leur entrée un à un dans l’antre de la conviction de nombre de Burkinabè. Faut-il opiner avec certains d’entre eux qui pensent que la vérité sur la mort de Thomas Sankara ne saura sue qu’à travers le voile de la mort ? Les regards sont tournés vers dame Justice. 31 ans après, le régicide du pavillon Haute-Volta du Conseil de l’Entente, la vérité et partant la justice sont toujours nimbées par un épais brouillard, confirmant les propos de Joséphine Ouédraogo, garde des sceaux sous la Transition: «le dossier Thomas Sankara est politiquement lourd».

Ahmed BAMBARA

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