15 octobre 2023, il y a 36 ans était tué le père de la Révolution burkinabè : Sankarisant et sankarisme édulcoré ou dévoyé

15 octobre 2023, il y a 36 ans était tué le père de la Révolution burkinabè : Sankarisant et sankarisme édulcoré ou dévoyé

Thomas Sankara est-il plus populaire et adulé à l’extérieur qu’au Burkina ? Que ce soit dans une rue à New-York, à l’aéroport de Conakry, ou à Paris … dès lors que vous dites que vous venez du Burkina «Ah ! au pays de Sankara !». vous repond t-on. Incontestablement, le truculent capitaine a mis le pays des hommes intègres sur orbite. Le sankarisme se vend-t-il aussi bien à l’intérieur ? Pas simple d’y répondre !

Des orphelins ont certes tenté de suivre son exemple d’appliquer  ses idéaux, mais comme il y a plus de 60 ans pour le Che, ne chausse pas les chaussures de Sankara qui veut.

De ses héritiers, beaucoup ont connu des fortunes diverses. Politiquement, le sankarisme n’a pas pu accéder au pouvoir par les urnes : Me Bénéwendé Sankara, révélé justement aux Burkinabè au cours du procès David Ouédraogo, du nom de l’ex-chauffeur de François Compaoré, frère cadet de l’ex-président Blaise Compaoré, mais aussi parce qu’il est l’avocat de la famille de Thomas, Sankara et par son patronyme, Me Bénéwendé a essayé de conquérir le pouvoir via les idéaux de son idole comme programme. Mais, il a au cours des différents scrutins présidentiels (1998-2005) dégringolé par son score. L’UNIR/PS, son parti se ralliera d’ailleurs au MPP en 2015, pour accéder aux commandes du pays, mais le parti connaîtra des scissiparités.

D’autres compagnons de Sankara ont essayé aussi de perpétrer son idéal, comme Boukari Kaboré dit «le Lion du Boulkiemdé», mais lui passera plus à la postérité comme celui qui s’opposa à Blaise, l’homme aux formules chocs et enflammées, et une sorte de «Mister No», car sa formation, le PUND n’a jamais obtenu un seul député.

L’insurrection de 2014 fut faite par des jeunes sankaristes, qui n’ont pas connu pour la plupart celui qui débaptisa l’ex-Haute-Volta en Burkina Faso ! Un soulèvement qui tomba le tombeur du président du CNR, Blaise Compaoré, mais hélas   cet harmattan des 30 et 31 octobre qui devait implémenter certaines valeurs cardinales, societales et républicaines ont fait flop. Et 7 ans après, revoilà le Burkina Faso dans une autre transition séquencée en 2 coups d’Etat. Depuis le 2 octobre 2022, c’est un sankarisant qui tient, le gouvernail et capitaine de surcroit : Ibrahim Traoré alias IB. Les saillies, phrases-chocs, ou dignes d’intérêt de Sankara, sont reprises par lui. IB ne cache pas sa volonté de faire comme cet illustre devancier. Ce qui est à son honneur, on imite ce qui est bien. Cependant, tout homme étant unique, IB ne peut pas être Sankara, il peut appliquer ses idéaux, tel que  par exemple «Produisons et consommons burkinabè».

Les gardiens de IB ou de sa révolution millésime 2022-2023 (ceux qui sortent manifester et sont présents dans les ronds-points de Ouaga et Bobo) sont aussi là et ne sont pas sans rappeler les CDR des années 80. Cependant, à la vérité, même Sankara s’était rendu compte que ces CDR, poussaient le bouchon loin (Cf:Les CDR brouettes) et il avait commencé à peut-être revoir la copie. A cette révolution sankarisante d’IB, la jeunesse burkinabè y adhère, sauf que le jeunisme n’est pas une qualité sufisante et absolue. IB devra veiller à ne pas tomber du fait de ses partisans dans du sankarisme édulcoré ou pire dévoyé. Lui-même le dit sa seule  peur, est de trahir le peuple.

La Rédaction

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