1er Forum paix & sécurité à Lomé : Conjuration et gestion des putschs et Transitions en Afrique : pistes et solutions

1er Forum paix & sécurité à Lomé : Conjuration et gestion des putschs et Transitions en Afrique : pistes et solutions

Les coups d’Etat et l’instabilité politique sont de retour dans la sous-région. Avatar, copie pâle ou succédanées des printemps arabes, ils sont administrés non par la rue, mais c’est comme si, car les symptômes de fin de règne sont quasi-pareils, le terrorisme en plus.

Face à une jeunesse désillusionnée, connectée, une jeunesse 2.0, des dirigeants bien ou mal élus qui sont incapables d’offrir au mieux un avenir à ces jeunes, au pire de les faire rêver, et le djihadisme aidant, ces régimes sont balayés par des soldatesques portées aux nues par les rues de Bamako, Conakry, Ouaga, Niamey … au grand dam d’une France qui voit son ex-glacis lui «échapper», et pire, la renier pour sa politique africaine.

Le Togo a eu le nez creux en initiant ce 1er conclave sur ce sujet comme l’a souligné le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, qui consent bien qu’on applique les textes régionaux régissant les changements brusques de régime, mais à condition de laisser une porte entrebâillée pour discuter, et non «la politique délibérée d’isolement au niveau des PTF (Partenaires techniques et financiers)». Allusion sans doute aux sanctions qui ont frappé le Mali, et qui torsadent le Niger actuellement. Lui faisant echos, le macroéconomiste et homme politique togolais Kako Nubukpo affirmait hier à Lomé que ce forum « n’est ni une approbation ni une récrimination des coups d’Etat, mais un cadre ou les putschistes peuvent être écoutés». Il s’agit d’une recherche de solutions endogènes au putschs et gestion des transitions en Afrique.

Car même si le thème principal est : «Comment renforcer les Transitions politiques vers une gouvernance en Afrique ?», la déferlante putschiste tombée dans la sous-région (Mali, Guinée, Burkina et Niger), était au cœur de ce conclave, pensée par les experts, les ONG et les ministres des Affaires étrangères des pays de la région et d’ailleurs notamment le Maroc.

Ainsi, au-delà du cri du cœur de la jeunesse africaine dont la Namibienne Emily Nenashi Katshuna s’est fait la porte-voix sur le défi d’un continent face à l’instabilité et au sous-développement, il s’est agi de prévenir le retour des prétoriens dans l’arène politique après un relatif retour dans les casernes, mais surtout gérer les coups d’Etat survenus, c’est-à-dire par des Transitons réussies, ce  qui aboutirait au retour d’Etat de droit dans un contexte de terrorisme exacerbé.

Durant les 4 décennies postindépendances, près de 700 élections présidentielles, législatives et locales se sont déroulées sur le continent et plusieurs dizaines de putschs réussis ou manqués. Comment résorber toutes ces convulsions politiques ? Le Forum de Lomé a eu l’heur de montrer d’abord par les différents panels que les putschs surviennent sur un terreau déjà favorable : dirigeants affaiblis ou vomis, ras-le-bol des populations qui voient leur quotidien se dégrader chaque jour et maintenant depuis une décennie, l’incapacité à vaincre le terrorisme, exception faite du Niger. Prévenir les coups d’Etat n’est plus une question d’avoir une garde à sa solde, ni une sécurité rapprochée efficace, ni être aimé par une minorité qui vous sérine de belles chansons ! Non, il faut désormais élire (avec transparence) des hommes d’Etat, que les armées ne pourront pas débarquer.

Les tropismes putschistes s’expliquent aussi par le leitmotiv «c’est notre tour», comprendre notre tour de nous servir sur la bête. Il faut y mettre un terme et travailler à ce que chacun comprenne que même si on dit par abus de langage que tout citoyen peut être président de la République, c’est archifaux !

S’il y a coup d’Etat, et si les putschistes s’accrochent aux accoudoirs de leur fauteuil, c’est que beaucoup ont pris le «pouvoir comme ça» et n’ont aucun programme, et surtout agissent mal et ont peur de l’après.

Le terrorisme ambiant et non encore vaincu, qui a été l’alibi au Mali et au Burkina, pour les putschs survenus, n’a pas prospéré au Niger qui semble trouver des explications ailleurs.

Enfin, face à une jeunesse qui ne croit plus en rien, à l’égard

d’une certaine classe politique qui a forcément déçu, car n’ayant même pas pu vendre le rêve contenu dans leur programme, cette jeunesse regimbe.  Même si à la lumière des évènements de ces 10 dernières années au Burkina Faso, le jeunisme n’est pas gage d’efficacité et de bonne gouvernance, une telle jeunesse, pousse souvent à la roue, disons à la pourriture de situations, et l’armée comme toujours en arbitre, intervient. Il faut trouver les voies et moyens pour faire cesser cet ultime recours, qui souvent hélas ne résout pas ce que les civils ont laissé comme problèmes. C’est un Forum à saluer, car il a posé les bases de questions (politiques) qui inhibent le développement de l’Afrique avec des ministres des affaires étrangères de régimes putschistes présents à Lomé.

 Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR