Quasi concomitamment, c’est-à-dire en l’espace de 24 heures d’intervalle, deux jamborées se sont tenus en Afrique de l’Ouest :
1er sommet de l’AES regroupant le triumvirat Mali-Burkina-Niger le samedi 6 juillet 2024.
Sommet de la CEDEAO le lendemain dimanche 7 juillet 2024.
Pour le 1er raout au bord du fleuve Niger, le maître de céans, le général Abdourahamane Tiani, a mis les petits plats dans les grands pour accueillir ses 2 alter ego du Burkina et du Mali. Accueil en fanfare, bains de foule et une cérémonie dans la cuvette du centre international de conférences Mahatma Gandhi, d’où ont fusé des applaudissements à chacun des propos des 3 leaders de l’AES.
Le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, premier à s’adresser à une salle acquise, parlera sans papier. Rappel historique de la contribution des Africains pour libérer l’Europe lors des guerres mondiales, souffrance de l’Afrique, malgré tout, le néocolonialisme demeure, l’impérialisme via ses «esclaves de salon», vole, pille et exploite les populations. Ces «esclaves de salon» sont les valets locaux de l’impérialisme corvéables et malléables à souhait par lui.
Le triptyque démocratie-Liberté-droit de l’homme, agité comme un chiffon rouge par les «esclaves de salon» et leurs maîtres ne peut prospérer. Le 16 septembre 2023, naissance de l’AES marque ce frein.
Le Malien Assimi Goïta qui a bâti son discours sur les acquis de l’AES en matière d’infrastructures, de sécurité, il mettra l’accent sur l’AES des peuples, le vivre-ensemble, l’harmonie et saluera la confédération AES en gestation.
L’hôte du sommet, le président du CNSP, le général Abdourahamane Tiani, s’est appesanti sur la Communauté de destin qui lie les 3 pays. Il y a désormais une «défense commune, une solidarité fusionnelle » qui s’est manifestée face «à l’agression projetée» par la CEDEAO. Une «CEDEAO avec laquelle nos peuples ont irrémédiablement tourné le dos». Et dans la foulée, il a donné son blanc-seing pour le projet de confédération avec «l’AES, comme alternative à tout retour factice à la CEDEAO».
Une organisation sous-régionale qui semble avoir répliqué le lendemain dimanche 7 juillet 2024 à Abuja, même si l’on a senti que de père-fouettard, la CEDEAO cherche actuellement à colmater cette grosse brèche. Sécurité, AES, financement de la CEDEAO, ont été les sujets phares de ce sommet.
La CEDEAO s’est rendue compte avec l’épidémie de putsch, et le terrorisme, qu’elle a loupé certaines de ses missions. D’où cette volonté de lever 5 000 hommes comme Force en attente qui coûteront 2,6 milliards/ an ou 1 500 dont 500 millions de dollars/an.
Sur l’AES qui a tenu la veille comme une sorte d’alter sommet à la CEDEAO, même si on ironise en disant que c’est la preuve que la CEDEAO manque du Burkina Faso-Mali-Niger, les chefs d’Etat sont tout de même divisés : faut-il faire le deuil de ces 3 pays et continuer ou plutôt les écouter ? Encore que la menace d’attaquer le Niger après le putsch du 26 juillet 2023, décidé par Bola Tinubu, divise également au sein de ses pairs.
Deux réunions de chefs d’Etat donc dans des instances qui se toisent, qui se défient pour le malheur de la sous-région, car économiquement, socialement, imbriquées. Et pas besoin d’être à sciences Po pour comprendre que chaque jour qui passe éloigne l’AES de la CEDEAO, et chaque jour qui passe, les problèmes sous-régionaux deviennent complexes. Rien que la question sécuritaire ne peut que se résoudre de façon holistique. Dans une région tourmentée, la mise en commun des politiques, des forces et des visions est un impératif catégorique.
La REDACTION
COMMENTAIRES