1 mois après pratiquement jour pour jour la date prévue pour la présidentielle (25 février 2024), 7,3 millions de Sénégalais sont allés hier dans les isoloirs pour donner leurs suffrages à 17 candidats parmi lesquels, l’un d’eux succèdera au président sortant, Macky Sall lequel pour la première fois ne se représente pas, un sortant qui va sortir donc !
Enjeu juridique relevé, et les violents tumultes semblent derrière les Sénégalais de même que les vieux démons paraissent exorcisés. Même si 57% des électeurs n’ont pas eu leurs cartes d’électeurs ou leurs noms sur les listes l’enjeu fondamental est la polarisation de ce landerneau politique, car s’il y a 17 candidats, avec une seule femme Anta Babacar Ngom, une anomalie qu’il faudra corriger vu ce que fait l’autre moitié du ciel là-bas, tous les regards sont braqués sur 2 combattants qui sont en fait des dauphins :
– Amadou Ba, cornac de Benno Bokk Yakaar, imposé par Macky Sall et candidat de la continuité.
– Diomaye Faye Bassirou, qui est le candidat de substitution du PASTEF d’Ousmane Sonko, qui incarne la rupture, le changement. En lame de fond, cette dualité électorale est la confrontation entre une sorte de «révolution» dans les mœurs et pratiques socio-politiques marquée selon le PASTEF par des relations décriées, et la poursuite avec Benno Bokk Yakaar.
Evidemment, il y a d’autres poids moyens tels que Khalifa Sall, ex-bourgmestre de Dakar, Idrissa Sek, ex-maire de Thiès, ex-PM, 4e participation à la présidentielle. Sans oublier les 3e ex-premiers ministres, tous dissidents du camp apériste qui pourraient jouer les faiseurs de roi, dans ce Sénégal, à tradition à 2 tours aux présidentielles. A fortiori, avec cette fournée de candidats, on devine que le verdict demeure indéterminé et nul doute que le premier tour KO demeure en l’espèce une arlésienne !
Elections de personnalités donc, et non de programmes, élection sprint avec 10 jours de campagne, précédée de plusieurs semaines de tiraillements qui ont sérieusement malmené une démocratie sénégalaise ancrée, devenue quasi-culturelle !
– Enfin, vu les longues files qui serpentaient depuis hier matin jusqu’au soir et ce, malgré le jeûne, devant les bureaux de vote, on ne peut s’attendre qu’à un taux de participation élevé qui … soit autour de 60-70% égal ou plus qu’en 2019, qui était de 66%.
Enfin, difficile de ne pas reconnaître la transparence de ce scrutin, avec les 2000 observateurs de l’UE, de la CEDEAO, surtout de la société civile sénégalaise et des journalistes.
Mais surtout, le dépouillement qui s’est fait sitôt après la fermeture des bureaux de vote. Et même avec le carême qui fait que de nombreuses personnes ont préféré rester chez elles, les décomptes des voix se sont faits dans chaque bureau, hier sur le coup de 18 heures et si en théorie seule la CENA est habilitée à proclamer et ce, d’ici mardi ou mercredi les résultats disons les tendances globales, des voix non-autorisées, mais crédibles telles que les médias vont s’y essayer.
Malgré le fait que Macky Sall, après avoir voté hier matin, a mis en garde les annonceurs prematurés et invérifiés de résultats ! Mais disons-le une telle entorse est salutaire, car il y a 24 ans en 2000, les mêmes médias (surtout les radios FM) avaient permis la victoire nette de Wade face à Diouf. Naturellement, ce qui intéresse, au-delà du taux de participation, ce sera qui et qui seront au second tour, car il est évident comme mentionné plus haut, qu’aucun des 17 candidats n’a l’envergure pour rafler la majorité des suffrages au 1er tour. Mais déjà, bravo à ce Sénégal, qui encore une fois, a montré que malgré les insuffisances de la démocratie (dictature du nombre) et dont la forme achevée peut déboucher sur l’anarchie, en dépit de cela, le pays de la Teranga demeure attaché à une de ses lois essentielles : l’alternance par les urnes.
La rédaction
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