1er Tour présidentielle en Côte d’Ivoire : Prophétie inaccomplie et élection crève-cœur

1er Tour présidentielle en Côte d’Ivoire : Prophétie inaccomplie et élection crève-cœur

Le séisme tellurique électoral du moins celui prophétisé par la plate-forme de l’opposition ivoirienne n’a pas eu lieu, même si des incidents gravissimes voire des morts ont émaillé le scrutin. Est-ce parce que «le barrissement de l’éléphant» a retenti sur le tatami du vote du nom de cette opération de sécurisation qui a mobilisé 35 000 hommes des forces de l’ordre ? Ou est-ce que les Ivoiriens ne veulent plus servir de victimes «cadeau» aux politiques ?

Seriné depuis paris par Guillaume Soro, repris en chœur   par la plate-forme de l’opposition dont Affi N’Guessan est le porte-parole, et par l’illustre reclus bruxellois Laurent Gbagbo, la non-tenue de la présidentielle était l’objectif premier de cette opposition.

Au final, le 31 octobre dernier et en attendant les chiffres consolidés chaque camp crie victoire en ce qui concerne l’effectivité de ce scrutin. Et même que l’opposition décrétant une vacance du pouvoir est montée d’un cran en ne reconnaissant pas la réélection de Ouattara, ici aussi c’est l’embrouillamini total car Simone Gbagbo exige elle un gouvernement d’union nationale, appuyée par Guillaume Soro depuis paris, tout ça fait un peu cafouillage.

Pour le pouvoir et comme l’a laissé entendre Adama Bictogo le secrétaire exécutif du RHDP, sur 22 386 bureaux de vote, seule une cinquantaine a été soit vandalisées soit restées fermées, ce qui est un chiffre puérilement minoré  même si on aura constaté qu’à Daoukro, Dabou, Bonoua et certains quartiers d’Abidjan tel Blokhauss et Anono, le vote n’a pas véritablement  eu lieu .

A contrario, l’opposition évoque 90% de bureaux de vote neutralisés, ce qui tombe aussi sous le coup d’une extrapolation surréaliste auquel cas le vote ne se serait pas tenu, même si ici aussi en parcourant le rapport des observateurs Indigo, on reste perplexe sur le nombre de l’électorat. Ce groupe de plaidoyer, qui a déployé 1 000 observateurs avance 23% de bureaux de vote non-ouverts le 31 octobre.

Deux positions qui campent ce qui sera ausculté avec minutie à ce vote : le taux de participation lequel était de 37% en 2000, 83% en 2010 et de 52% en 2015. La CEI est très attendue sur ce point.

Le grand écart à la Jean-Claude Van Dam auquel s’est livré l’opposition avec son boycott actif et sa désobéissance civile, s’est avéré infirme, car ces 2 concepts pour insaisissables qu’ils soient, étaient à tout le moins incompréhensibles pour le militant tartempion.

Barrages de routes par des troncs d’arbres, gêne du convoyage du matériel électoral, saccage de bureaux de vote c’est tout cela qui constituent les actes visibles de l’opposition, mais pour délégitimer Ouattara il aurait fallu que Bédié et Affi N’Guessan retirent leurs candidatures et disent à leurs partisans de rester chez eux, Ouattara serait allé seul, pardon avec son accompagnateur KKB. Or sur le bulletin de vote, il y a bien les photos de Bédié  et Affi N’Guessan et des militants les ont votés et ce sera comptabilisé par la CEI.

On peut comprendre que les 2 de l’opposition veuillent exister politiquement car autant Bédié qui est confronté depuis quelques années à une fronde des jeunes éléphanteaux aux trompes longues  lutte pour garder la haute main sur le PDCI, autant Affi N’Guessan dirigeant de l’aile FPI taxé de «gâteau, vendu» souhaite une rédemption et une reconnaissance et surtout un adoubement au cas où Gbagbo prendrait sa retraite, et les 2 sont en quête d’existence et de leadership.

Exit donc la tentative d’impeachment de l’opposition qui a pêché par manque de pragmatisme et d’absence de stratégie limpide.

Quant au président Ouattara à force d’actes carabinés, il est parvenu à contourner de nombreux  obstacles érigés sur son chemin du 3e mandat par ceux qu’il qualifie «d’union de bras cassés». Il  s’est parjuré 2 fois, il aura réussi  à coups de pilons juridiques et judiciaires à écarter ses principaux rivaux et sauf tsunami électoral, devrait rempiler pour son 3e bail. Mais à quel prix ?

Déjà que durant ses deux derniers mandats, il n’a pas pu concrétiser le vaste chantier de la réconciliation  nationale, cet ultime  mandat qu’il s’apprête à étrenner sera le plus corsé et le plus risqué. Il a les 2 principaux camps politiques (PDCI et FPI) contre lui pour ne pas dire les deux grands groupes ethniques de la Côte d’Ivoire (Akan et Gou) qui lui prédisent un avenir de cendres. Le vote d’hier a «mélangé» davantage les Ivoiriens, bref ce forcing de Ouattara est porteur de tous les symptômes qui ont «cassé» le pays d’Houphouët-Boigny durant la première décade de 2000.

Il a eu son élection, il restera sans doute scotché à son fauteuil mais à partir de ce 31 octobre, politiquement la Côte d’Ivoire rentre dans une grande période d’interrogations et d’incertitudes. Pour le pays  mais aussi  pour les voisins tels le Burkina Faso qui avec la Côte d’Ivoire forment  comme «une Chambre et son salon». Pourra-t-il trouver une solution de concert avec ses adversaires ? Ouattara est-il un sursitaire politique ? Que nous réservent  les prochains jours sitôt après la proclamation des résultats ?

Zowenmanogo Zoungrana

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