2 soldats de Barkhane tués à Gao au Mali : La force G5-Sahel devient une question de survie

2 soldats de Barkhane tués à Gao au Mali : La force G5-Sahel devient une question de survie

Deux soldats français ont perdu la vie à Gao au Mali leur véhicule ayant sauté sur une mine artisanale. Un 3e militaire est blessé. Dans ce no man’s land que constitue le septentrion malien, aucun acte terroriste n’est anodin, même, ce saut sur une mine, qui pourrait s’apparenter à un accident. Mais que nenni !

Car il pourrait s’agir de représailles par rapport à la mort de 10 djihadistes tués le 14 février courant par les Forces spéciales de Barkhane. Une réponse de l’Etat islamique pour le grand Sahara qui a désormais pignon sur sable dans ce triangle maudit que forment Gao-Tombouctou et Kidal ? Lorsqu’en janvier 2013, la France décide d’intervenir par Serval, pour arrêter net, à Sévaré la horde de djihadistes qui fondaient sur Bamako, elle a fait œuvre utile, en assistant un peuple en danger. Avec ce que cela comporte comme conséquences, car il n’y a pas de guerre propre, même asymétrique. De Serval à Barkhane, les morts ne font que s’accumuler. Certes, ce ne sont pas les seuls sacrifices consentis sur le sol malien contre le terrorisme. Des Maliens, des Tchadiens, des Burkinabè ont payé aussi et continuent de payer leur tribut humain à la reconquête du Nord Mali. Mais, on dira surtout que ce sont avant tout des Africains, qui défendent leur territoire à des envahisseurs qui prétendent avoir une foi, mais qui n’en est pas une, et sans loi.

Les soldats français, on pourra dire aussi qu’ils combattent d’une certaine manière pour leur propre protection et de celle de leur peuple. Les terroristes sur le sol africain s’en prennent également à leurs concitoyens. Mais quoi qu’il en soit, ce combat est certainement plus éloigné d’eux que des Africains. Ce qui, même si on ne le dit pas à haute voix, évoquera des questions dans le cœur de leurs proches restés en France. Bien que la France tienne à ne pas plier bagage dans ce principal Théâtre d’opération extérieur (TOE) que constitue le Sahel avec Barkhane, in fine, et c’est de bonne guerre, elle n’aura pas pour vocation à s’y éterniser. Il faudra bien un jour que les 4 000 hommes de Barkhane repartent leurs familles ont besoin d’eux, car s’il est vrai que si «la digue malienne saute, l’Europe sera submergée» pour reprendre les mots d’IBK, le président malien, il est aussi évident que ce sont les Africains qui doivent s’occuper de leur sécurité, surtout territoriale. La France quittera un jour le Mali, comme Sangaris a plié bagage en RCA.Alors il faut preparer la rélève !

Le combat qui se mène en Afrique est d’abord celui des Africains. Il devra être conduit et remporté par ces derniers. Barkhane coûte cher aux contribuables français, et ces images des corps de militaires qui sont de plus en plus rapatriés les pieds devant sur l’Hexagone cognent la conscience des Français. Déjà, 22 soldats tombés dans le sable malien, loin du pays. Tout comme le général Hollande qui fut un bon président pour les TOE, les fantômes de Gao, Tombouctou ou Kidal vont hanter le quinquennat jupitérien, pourtant placé sous le signe du président «chef suprême des armées», même avec le couac avec l’ex-chef d’état-major, le Gl Pierre de Villiers. Les Africains doivent rapidement prendre la relève.

La naissance et la mise sur pied de la force du G5 Sahel devient donc plus qu’une urgence. C’est désormais une question de survie. Les Etats africains doivent se serrer la ceinture pour donner du nerf à cette force pour éradiquer le mal qui ronge leurs entrailles. Il faudra, coute que coute renforcer les 2 fuseaux déjà opérationnels, en attendant les autres.

Il est à espérer que la sébile sécuritaire qui sera tendue demain vendredi  23 février 2018 à Bruxelles lors de la table-ronde des donateurs sera remplie à ras-le-bord pour alimenter les moteurs de la force. Ce n’est pas le moyen le plus élégant de mettre en branle cette armée qui se veut être une réponse africaine à un mal africain. Mais il n’est pas superflu de le répéter : C’est désormais une question de survie. Et à la guerre comme à la guerre, s’il faut mendier pour pérenniser la Force G5-Sahel, ce n’est pas imérité et honteux. Pourvu que la relève de Barkhane soit là et pour longtemps.

Ahmed BAMBARA

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