Ceux qui avaient exprimé des inquiétudes notamment sécuritaires semblent avoir eu le nez creux à ce sujet sur la tenue de la 33ème Coupe d’Afrique des Nations au Cameroun sont en train d’avoir raison.
Alors que la biennale du football africain bat son plein après une cérémonie d’ouverture riche en couleurs, un incident est venu troubler la fête. Hier mercredi 12 janvier 2022, Limbé, chef-lieu de la province de Buea a été le théâtre d’une importante fusillade qui a duré une heure environ. Deux morts (civils) et plusieurs blessés sur le carreau. Dans le même temps, le corps d’un sénateur de l’opposition a été retrouvé, criblé de balles, dans l’Ouest du pays; une région en proie à un sanglant conflit entre séparatistes armés anglophones et forces de sécurité.
Ces deux incidents avec morts d’hommes viennent donc remettre au goût du jour le climat politique et sécuritaire qui règne au pays de Paul Biya, mais surtout la guerre qui oppose l’armée camerounaise aux séparatistes de l’Ambazonie depuis plusieurs années. Loin d’être une surprise, ces deux drames étaient plus que prévisibles, en dépit d’un déploiement massif de militaires, gendarmes et policiers pour sécuriser la CAN. Et il fallait être d’un optimisme béat pour s’attendre à une période d’accalmie durant cette compétition, car au moment où les autorités se battaient pour être dans le temps imparti par la Confédération africaine de football (CAF) pour achever les infrastructures devant abriter les jeux et accueillir les délégations, les séparatistes fourbissaient leurs armes dans l’attente de la moindre faille pour « commettre leur forfait » et gâcher cette fête. L’objectif des assaillants semble clair, troubler l’un des rares sujets rassembleurs entre anglophones et francophones.
Après ces actes qui relèvent du sabotage, cette CAN, reportée une première et menacée jusqu’à la dernière minute est désormais tachée ensanglantée. Des personnes mal intentionnées auraient voulu « saboter » ce rendez-vous du ballon rond africain qu’ils ne seraient pas pris autrement. Ainsi, comme en Angola en 2010, où le bus transportant les Eperviers togolais avait été mitraillé par des combattants des Forces de libération de l’Etat du Cabinda à la frontière entre le Congo et l’Angola, la politique vient de faire une nouvelle incursion meurtrière dans le sport.
Mais, à y voir de près, même si les revendications et les causes défendues par ces organisations combattantes méritent parfois qu’on y prête une oreille attentive, la forme de la lutte laisse à désirer. En s’attaquant à d’illustres innocents, pris en étau entre les deux parties, ces mouvements séparatistes galvaudent le plus souvent une « cause noble » par des méthodes violentes et barbares qui les desservent auprès des populations éprouvées. Ce n’est peut-être pas la dernière tentative de ces « gâcheurs de fête », et tout le mal que l’on peut souhaiter au Cameroun, c’est de réussir à annihiler toutes les tentatives de sabotage dont les auteurs ne sont pas prêts de s’arrêter.
Davy Richard SEKONE
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