20 ans de prison pour le général Mokoko :  Un verdict contre l’alternance au Congo-Brazza

20 ans de prison pour le général Mokoko : Un verdict contre l’alternance au Congo-Brazza

– Deux ans de détention préventive

– Accélération de la procédure

– Jugement à la va-vite, aidé en cela par le mutisme du prévenu

– 20 ans de réclusion in fine pour le général Jean-Marie Michel Mokoko.

En deux temps, trois mouvements, ce procès à la vitesse grand V a été plié ce vendredi 11 mai 2018 au Congo-Brazza. Il n’est d’ailleurs pas superfétatoire,  vocable à la mode dans le milieu judiciaire de faire le parallèle entre ce procès Mokoko, au Congo et celui du général Diendéré au Burkina. Car si au bord du fleuve Congo, l’excès de vitesse de ce jugement est suspect, au Faso, sa lenteur inquiète, mais est symptomatique, que les droits du prévenu sont respectés : la preuve à Genève, le Burkina a été classé parmis les 1er en matière du respect des droits de l’homme en Afrique.

Exit donc définitivement le 3e arrivé à la présidentielle du 20 mars 2016 au Congo et dont les résultats proclamés le 24 mars sont manifestement tronqués et truqués (coupures de l’Internet, mesures sécuritaires drastiques…) toutes choses dénoncées justement par le général Mokoko qui avait appelé dans la foulée à «une désobéissance civile contre le vote volé des Congolais». Apparemment, la pilule n’est pas passée du côté de Denis Sassou N’guesso (DSN) ! La présidentielle, ou plutôt le fauteuil présidentiel, voilà la source des ennuis judiciaires de cet ex-compagnon de l’actuel occupant du palais. Et comme il fallait exhiber l’objet délictuel, il a fallu que la justice fasse un voyage dans le passé, 10 ans en arrière pour exhumer une relique, une vidéo en l’occurrence, où Mokoko fomente dans un cabinet d’avocats parisien un coup d’Etat contre DSN, que cette même justice perquisitionne le domicile de l’intéressé en son absence pour trouver des armes.

Enrobé dans le chef d’accusation «d’atteinte à la sécurité de l’Etat… possession illégale d’armes» et le tout accouche de 20 ans de prison ferme. Le concert de bronca qui a accompagné l’arrestation, la détention et la condamnation du général Mokoko, n’a d’égal, que l’iniquité d’une justice vermoulue, aux ordres d’un exécutif fossilisé qui tente de garder le pouvoir par  tous le moyens. La ligne de défense du général Mokoko a beau être legère, mutisme et immunité juridictionnelle, son procès est cousu de fil blanc et ramène à une fébrilité politique liée à l’alternance. Fort de ses 13% de voix à cette présidentielle qui lui coûte bonbon, originaire de la même région que le chef de l’Etat, connaissant le pouvoir de l’intérieur, car ayant y été au cœur, Jean-Marie Michel Mokoko, ne peut que déranger et face à un régime qui a des velléités de conservation du pouvoir, et surtout avec le livre blanc du rejeton du chef de l’Etat Christel Sassou N’Guesso, «Ce que je crois», véritable programme politique avant la lettre, le célèbre reclus de Brazza n’avait aucune chance de s’en tirer. C’est connu, qu’aucun système ne tolère les renégats. Et à y regarder de près, Mokoko paie pour sa légitimité, son profil, pour les chances de l’alternance qu’il représente. Dans un Congo-Brazza régenté depuis 33 ans, (avec une mi-temps due à la désastreuse guerre civile des années 90), par un seul homme, touché de plus en plus par l’implacable logique biologique, la guerre de succession qui se profile ne fait qu’exacerber l’anxiété de l’après-Sassou, lequel pense volontiers au repli ethnique (les M’bochi) et notamment à sa lignée dont le moindre n’est pas son fils Christel, pour qui il tente en dépit de dénégations, de baliser le terrain.

A coups d’amputations et de prothèses de la constitution en 2015, d’élections trompe-l’œil en 2016 et d’étêtement de tout ce qui représente une possibilité d’alternance, avec l’emprisonnement et la mort du colonel Marcel Tsourou,  de l’embastillement de Salissa Okombi et autre Jean Michel Mokoko, Sassou veut imposer une dévolution monarchique du pouvoir. Le pourra-t-il ? Malheureusement, le constat est là, que la communauté internationale, se montre maintenant accommodante avec les régimes forts, les despotes éclairés, stabilité régionale et environnement fécond pour le business obligent, au détriment des droits de l’homme, de l’alternance et de la démocratie. Le Congo de Sassou est le cas. Jeté aux orties le Discours de la Baule ! Oubliée la Déclaration de Bamako. Les peuples n’ont que leurs yeux pour pleurer !

Sam Chris

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR