Quelle katiba a fondu en ce 26 janvier 2020, peu avant potron Jaquet (avant l’aube) sur le casernement de pandores de Sokolo dans la région de Niono tuant 1/3 des gendarmes ?
On ne le sait pas trop, même si selon des sources militaires et locales, cette razzia guerrière semble avoir été échafaudée avec minutie, avec un mode opératoire qui fait florès dans le Sahel : à motocyclettes ou sur des véhicules Pick-up, ils foncent sur un lieu bien donné tels des criquets pèlerins sur un champ de maïs, assouvissent leurs œuvres funestes et repartent. Pour ce coup de Soloko, ce ne fut pas si simple, comme d’ailleurs de plus en plus, c’est le cas dans la région : comme pour le camp d’Inates au Niger, la soixantaine de pandores s’est vaillamment battue et le bilan aurait été plus élevé, si cette résistance n’avait pas eu lieu.
Malheureusement, le temps mis pour l’arrivée des renforts, l’éloignement de la caserne à 100 kilomètres de la frontière avec la Mauritanie et à 170 kilomètres de Ségou, sont autant de facteurs qui ont permis à la centaine d’assaillants de venir à bout, après 2 heures de hardiesse de ces pandores maliens.
Voilà qu’avec ce coup de Sokolo, le Centre du Mali est devenu une pétaudière terroriste, rivalisant quasiment avec le septentrion. A défaut de dresser un inventaire exhaustif et précis, on peut se limiter à affirmer que la salve, puis l’incendie du camp de Sokolo, viennent allonger un chapelet déjà interminable de ces meurtrissures du centre du pays.
Et même si l’attaque de Sokolo n’a pas encore de paternité, 2 icônes du terrorisme sont indexés : Iyad Ag Ghali et surtout son principal lieutenant Amadou Koufa.
Tapis dans sa tanière algéro-malienne, le mentor du GSIM, si absent et pourtant si présent au Sahel semble toujours être derrière de nombreuses attaques, et nul doute qu’il y a très peu d’estocades dans la région dans lesquelles il n’a pas donné son feu vert ou été mis au parfum.
Quant à Amadou Koufa, le chef du Front de libération du Macina (FLM), le lieu même de l’attaque, Niono, le met sur la liste du suspect n°1. Parce que c’est sa zone de prédilection. Car depuis les localités de Sinakoro Bella, Sévaré, Ganguel, Tenenkou, Diafarabé, l’enfant terrible de Nianfuké même ses djihads, et le Centre du Mali, c’est-à-dire Mopti et Ségou, sont constamment sous les feux de celui dont le chemin croisa celui de Iyad Ag Ghali, dans une mosquée de Bamako, voilà 19 ans.
Mais Sokolo repose la problématique de la diplomatie souterraine entamée depuis 4 mois par Bamako avec Iyad Ag Ghali et Koufa.
Niée d’abord par les autorités maliennes, la prise de langue entre le pouvoir central et ces 2 chefs katibas, a été officialisée la semaine dernière par le haut représentant d’IBK pour le centre du Mali : Diocounda Traoré, ex-président intérimaire du Mali.
Menées à la baguette par l’avocat Hassane Barry et le colonel Mamadou Lamine Konaré, chef d’état-major du renseignement, ces négociations n’ont rien accouché, malgré 2 rencontres avec Koufa, le 19 juillet et 9 août 2019, à … Niono là où justement ces 20 gendarmes ont été étalés hier.
Officiellement rejetées lors du dialogue inter-malien inclusif, ces discussions avec ces 2 katibas, n’en ont pas moins plané tout au long de cet exutoire bamakois. Cependant, avec la continuation des bruits de canon et les tueries de camps militaires des FAMa, la question basique est de savoir : Bamako doit-il poursuivre ce dialogue avec Koufa et Ghali ?
Peut-on croire à la bonne foi de celui qui veut ressusciter l’Etat théocratique de Sékou Amadou, lorsqu’il annonça il y a 6 mois qu’il était prêt à une trêve et à libérer des soldats des FAMa ?
Faut-il se fier aux conciliabules du Delta du Niger, ayant pour cénacle Koufa et les émissaires de Bamako ? Peut-on faire confiance à ces terroristes dont certains disent qu’ils mordent toujours in fine la main qui les nourrit ?
En tout état de cause, la non-cessation des boucans de balles et des roquettes qui trouent la nuit ou l’aube au Centre du Mali met de l’eau dans le lait des populations sahéliennes, qui ne croient guère à la thérapie du dialogue. Surtout que Barkhane a engrangé quelques victoires ces derniers temps, et que la Force conjointe issue de Pau est en branle. Peut-être aussi que la phase de négociations n’est pas encore arrivée, car on négocie, lorsqu’on a le dessus, ou en pré-reddition… Pourtant toute guerre, même celles non-conventionnelles finissent toujours autour d’une table.
Sam Chris
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