23 morts et 300 disparus à Saran et Bidi au Mali : Un coup de pied au nouveau bail de la MINUSMA

23 morts et 300 disparus à Saran et Bidi au Mali : Un coup de pied au nouveau bail de la MINUSMA

Mais qui exacerbe donc les reflux identitaires au Centre du Mali ? Qu’on ne veuille plus parler d’affrontements entre Peulhs et Dogons ou qu’on mette ça sur le compte de différentes milices instrumentalisées, le fait est là que le centre de ce pays est devenu un far-west.

Et le décompte macabre se poursuit au Mali  avec son lot de victimes que l’on a désormais du mal à dénombrer. Dans la soirée du dimanche 30 juin 2019, un village d’éleveurs peuls, Saran, situé dans le Centre  a été la cible d’une attaque armée. Et le bilan est comme à l’accoutumée très mortifère. Plus d’une vingtaine de morts (23) et (300) trois cent disparus. Si pour le moment à Bamako, on fait dans la langue de bois et on refuse de pointer un doigt accusateur sur les auteurs de ce énième massacre, plusieurs sources affirment sans sourciller qu’il s’agit d’une nouvelle expédition punitive des milices Dogon, dont le bras armé Dan Ambassagou a décidé de «casser du peul» pour étouffer l’hydre «terroriste» qui sévit au Mali depuis l’occupation du Nord par des rebelles Touaregs en 2012.

Et il ne se passe une semaine sans que l’on apprenne un évènement sanglant dans le Centre de ce pays qui a définitivement troqué les Gandoura de la tolérance et du «Djatiguiya»  cher aux Maliens contre ceux de la haine de l’intolérance bref de la mort. Lors de cette nouvelle attaque, l’inaction de l’armée a été une nouvelle fois dénoncée par plusieurs personnes notamment le maire de la localité Harouna Sankaré. «La situation est tendue à Saran, après un repli tactique de l’armée, un autre village Bidi a été attaqué», a indiqué l’élu local.

C’est à croire que les héritiers de Modibo Keïta ont perdu l’esprit et qu’une guigne implacable a pris définitivement ses quartiers au pays de Soundiata Keïta. Et on se demande à quand la fin de ces tueries massives de populations civiles ? Le sang n’a-t-il pas assez coulé dans ce pays, qui peine à se relever des coups à lui portés depuis la guerre qu’il a connue ? Pourquoi, laisse-t-on sévir ces milices qui endeuillent jour et nuit les populations de cette région ? L’Etat malien a-t-il décliné jusqu’au point de confier la sécurisation de cette région à la milice Dogon ? Nul ne saurait y répondre avec certitude à ces questionnements mais une chose est certaine, plus rien ne permet de dire que ce pays sait où il va.

A présent, c’est une région du Centre ensanglantée qui porte les germes de la division et les stigmates d’une crise sécuritaire aigüe et qui se vide de ses populations que l’on présente à l’œil du monde un exode qui va aussi se payer chèrement,  car ce sont des populations encore plus vulnérables qui fuient ces lieux maudits. Comme par enchantement, cette attaque intervient au lendemain de la prolongation du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)  d’un an avec comme priorité la «sécurisation de cette partie du pays» longtemps éprouvée.

Cette force, source d’espoir à ses débuts a finalement déçu pour devenir la risée et les quolibets des populations meurtries dans leur chair. Il en est de même de celle du G5-Sahel dont l’installation du siège entraine des manifestations violentes et désapprobations des populations.

C’est peu de dire que le Mali a mal à ses dirigeants qui ont fini par faire accepter aux populations cette escalade de la violence. Mais va-t-on continuer à assister impuissamment à ces tueries ? Qui mettra fin aux souffrances des populations maliennes ?  Qui peut pacifier ce Centre–Mali devenu en quelque sorte un Kidal en miniature où les miliciens de tout acabit dictent leur loi ?

Davy Richard SEKONE

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