24 mois de Transition décidés par Goïta : La CEDEAO chiffonnée aux entournures jusqu’au 3 juillet

24 mois de Transition décidés par Goïta : La CEDEAO chiffonnée aux entournures jusqu’au 3 juillet

 Signé à la va-vite lundi et lu dans la foulée le soir à la télévision nationale, un décret fixe désormais la durée de la Transition malienne à 24 mois, à partir de mars 2022 ! Il faut dire que Assimi Goïta, le signataire de cet oukase et véritable bénéficiaire de la décision a pris tout le monde à rebours : ses compatriotes, ses ministres, rare était dans la confidence, et il coupe l’herbe sous les pieds de la CEDEAO, pour ne pas dire qu’il met l’institution sous-régionale dans l’embarras, teintés de colère et de surprise.

Déjà que le 4 juin dernier, lors du sommet d’Accra consacré aux 3 pays marqués par des régimes kaki, c’est un peu le cas malien, qui a pesé pour que le statu quo présale, les chefs d’Etat étant tiraillés et sur l’élasticité de la Transition (16-18 mois) et sur la levée totale ou partielle des désastreuses sanctions, déjà donc, qu’il y a moins d’une semaine, la CEDEAO a préféré donner un mois jusqu’au 3 juillet pour que chacun des pays pourvoit mieux sa défense, voilà que le Mali se fend d’une décision unilatérale.

C’est véritablement Goodluck Jonathan que Goïta cloue au pilori et même passablement le président togolais Faure à moins que dans les coulisses, la CEDEAO n’ait été mis au parfum de cette attitude cavalière du chef de l’Etat malien.

Car c’est d’abord avec appréhension et un brin de frustration que «Monsieur fortune» attitré par la CEDEAO ira à Bamako, sceptique sur son job, et surtout sur son issue.

Et pour ce qui est de la CEDEAO, elle ne peut qu’être chiffonnée aux entournures, car cette frénésie de Goïta à vouloir coûte que coûte «son» agenda transitionnel à lui prémunit-elle le Mali au maintien des sanctions ?

Rien n’est moins sûr, car si la levée de ces sanctions est à l’ordre du jour à la CEDEAO, elle est consubstantielle à un calendrier consensuel avec la CEDEAO. Au passage, on peut dire que l’incongruité d’une telle précipitation obéit peut-être  à un impératif de prendre la Communauté internationale à témoin. Comme pour dire : «Vous voyez, nous proposons 24 mois, qui est la base des discussions avec la CEDEAO». Alors qu’en réalité, les 16-18 mois sont toujours dans les petits papiers de l’organisation sous-régionale. La sérénité ne règne-t-elle plus à Kati ?

Les supposées «triomphes» diplomatiques de Goïta face à la CEDEAO et surtout à la France, l’incitent probablement à ne plus vouloir reculer, fort de la sympathie populaire dont il bénéficie. Mais, même avec cela, tout est à relativiser car à quoi sert un Mali qui «tient tête» à la CEDEAO, à la France, si le pays est exsangue, anémié par une diète économique et financière ? Et des populations qui commencent à se demander si elles n’ont pas été embarquées dans du grand n’importe quoi !

Car quoique minimisées ou minorées, les affres découlant des dures sanctions infligées au Mali frappent ces populations de façon drue, et fierté pour fierté, souveraineté pour souveraineté, la résilience face aux souffrances a une limite. Y a-t-il une réelle dignité dans la misère crasse ? Non !

On ne sait pas ce que les chefs d’Etat diront le 3 juillet prochain, mais Goïta a donné le tempo, il leur impose un rythme, et une voie par le forcing. La suivront-ils ? Quelle marge de manœuvre ont-ils, eux qui sont divisés sur les 3 pays «kaki », en particulier sur le Mali ? 24 mois et levée des sanctions ce 3 juillet, ou autre proposition ? 16-18 mois et de nouveau l’impasse ? Décidemment, le Mali est toute proportion gardée, un crève-cœur pour la CEDEAO. Avec d’un côté le peuple malien, de l’autre, la CEDEAO et au milieu, Goïta obnubilé par un ego que grattent ses thuriféraires.

La REDACTION

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