Fermeture des médias papiers, en ligne … difficultés à joindre les 2 bouts, cette XXIVe journée nationale de la liberté de la presse au Burkina célébrée aujourd’hui 20 octobre est l’occasion de mettre en exergue la mort à petit feu des médias burkinabè qui ont pourtant brûlé leur part de poudre ces dernières années. Quand la démocratie est menacée, quand il y a des dérives de tout genre, cette vigie quasi-éternelle qu’est la presse est là. Adulés ou délestés, les médias burkinabè sont animés par des professionnels, lesquels ont l’éthique et la déontologie en bandoulière. N’empêche que les moutons noirs y demeurent.
Mais incontestablement, ce qui a «tué» les médias ce sont les Fake News, ou plutôt cette toile planétaire, qui fait que chacun a son «journal numérique» son blog, où il distille ses informations de «Source A». Il est vrai que de nombreux Burkinabè commencent à distinguer l’ivraie du bon grain, mais le mal est déjà fait. Entre le journalisme et l’activisme voire l’intox il y a un fossé.
Ensuite, dans un Burkina avec une économie sous perfusion, la rareté des publicités et des communiqués, la communication a réduit la voilure, si fait que les médias ne font plus recette. Les ventes à la criée ne rapportant pas aussi grand-chose. Les trésoreries des médias sont à sec. L’Etat qui est le plus grand pourvoyeur des communiqués, abonnements et pub, ne le fait plus ou peu et surtout honore ses factures difficilement. Des factures revolving, renvoyées aux exercices suivants et le circuit de la dépense étant tellement complexe, qu’un média a le temps de fermer boutique avant de voir sa facture payée. Et pendant ce temps, les Impôts sont là, passage obligé, car à titre d’exemple sans la fameuse ASF (Attestation de situation fiscale) pas moyen de monter un contrat. Et que dire de cette fiscalité d’engagement qui nous frappe ? Les intrants aussi pour le journal papier ont grimpé: la rame de papier est passée de 16 000 à 23 000F cfa, la plaque pour l’insolation de 70 000 à 80 000 Fcfa et le calque de 20 000 à 25 000 Fcfa. Sans oublier l’encre…
Enfin, on ne peut s’empêcher de le dire, les prédateurs de la liberté de la presse se raréfient au Burkina, néanmoins, on sent souvent quelques velléités de «menaces» insidieuses, souvent ouvertes comme c’est le cas contre notre confrère Oméga Médias (œuvres sans doute de personnes individuelles) et de tentatives de caporalisation. Généralement, la liberté de la presse au Burkina Faso existe depuis des années, et jusqu’à nos jours elle est une réalité à regarder la liberté de ton, mais demeure fragile.
Aux journalistes aussi, (toile aidant) de ne pas tomber dans les travers du sensationnel, du bidonnage et des fausses nouvelles. Impécunieux, nombreux sont les médias dont certains (sites) en réalité des blogs et des journaux papiers qui paraissent quand ils le peuvent, avec certains confrères mal formés, et dans des conditions de travail difficiles, lesquelles conditions impactent la profession et accréditent l’assertion de l’homme de culture et journaliste Mahamoudou Ouédraogo: «La misière des journalistes crée un journalisme de misière», bref la liberté de presse est aussi un leurre tant que les médias tirent le diable par la queue. La presse burkinabè se meurt. La subvention de l’Etat à la presse privée, c’est bien mais c’est du saupoudrage. Certains pourraient mettre la clef sous la porte, si la tendance ne s’inverse pas. Si l’Etat ne prend pas des mesures idoines : année verte en matière fiscale, revoir le mode de fiscalité car la marchandise des médias est très spéciale, création d’une Centrale de papier et une rotative, et trouver une solution à l’égard de ceux qui sont hyper endettés (moratoire pour les prêts FAPP par exemple). Tel est le tableau des médias en cette 24e Journée nationale de la liberté de la presse.
Le Rédaction
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