25 tués au marché à bétail de Kompienbiga : 48 heures infernales au Burkina Faso

25 tués au marché à bétail de Kompienbiga : 48 heures infernales au Burkina Faso

Le Burkina sort doucement, prudemment et anxieusement de la Covid-19, de peur d’éventuels clusters, mais un vieux danger refait surface ou plutôt remonte crescendo : le terrorisme indiscriminé, qui n’a jamais cessé d’ailleurs au Burkina même pendant le plein-temps de la covid-19.

Ce 30 mai en effet, juchés sur des motos, à 2 sur chaque engin motorisé, des éléments d’une sorte d’apocalypse, emmitouflés dans des tenues des Forces de défense et de sécurité (FDS) ont tiré sur des personnes dans le marché de bétail de Kompienbiga (sur l’axe Fada-Pama, à l’Est du Burkina) étalant 25 victimes, nombre non exhaustif, puisque selon les derniers témoignages, les villageois auraient inhumé 37 corps, si fait qu’à l’évidence le bilan des tués dépasse largement les 25.

Alors donc que des propriétaires de cheptel discutaient avec d’éventuels acheteurs de leurs bœufs, zébu, moutons et chèvres dans ce bled à 15 kilomètres de Pama, voilà que surgissent de nulle part, des terroristes pour donner la mort à plusieurs d’entre eux.

Kompienbiga n’est que le énième marché où on tire sur des populations comme des lapins, depuis le début de l’année 2020 :

– Le 20 janvier dernier dans le marché de Nagraogo au centre-Nord du Burkina, 36 civils étaient tués par des terroristes, qui ont incendié le marché en même temps avant de prendre la poudre d’escampette.

– Une semaine après, le 28 janvier 2020, c’était au tour du marché de Silgadji au Nord du pays qui était la cible des terroristes qui ont laissé une trentaine de corps sur le sol.

Axes routiers, marchés et lieux de culte sont devenus d’ailleurs des terrains privilégiés pour l’exécution de pauvres populations par ces tueurs volatiles. Sans compter les autres attaques, via des escarmouches-traquenards et les bombes artisanales. D’ailleurs, au moment où on pleure les victimes du marché à bétail de Kompienbiga, la veille vendredi 29 mai 2020 à Sollé, toujours dans le Nord du Burkina, 9 personnes trouvaient la mort par balles, tirés par des assaillants, qu’on dénombre à une cinquantaine, à califourchon à 2 sur chaque moto.

Et ce n’est pas fini, toujours en ce samedi 30 mai veille de la Pentecôte, alors qu’un convoi humanitaire chargé de victuailles et de matériels de survie faisait route vers Barsalogho ( Centre-Nord) pour sécourir une partie des 800 mille déplacés internes, des assaillants l’ont intercepté sur la route à coups de fusils, laissant 13 suplliciés  sur le carreau dont 7 gendarmes et 6 civils.

48 heures infernales donc au Burkina avec 50 victimes entre vendredi et samedi lesquelles victimes viennent allonger le chapelet des morts depuis le premier innommable du 15 janvier 2016, au Café Cappuccino de Ouagadougou.

Qui en veut tant au Burkina ? La question revient comme un mantra, un leitmotiv qu’on annone, mais elle est lancinante et donne la chair de poule.

Pourquoi s’attaquer à des paysans aux marchés, et des populations dans les mosquées, églises et temples ?

Que  veulent ces assaillants, qui officiellement ne manifestent aucune velléité irrédentiste, aucune revendication économique sauf, le FLM de Koufa, qui voudrait agglomérer le Nord dans son califat ?

En veut-on au peuple burkinabè, et qui, puisque c’est lui à travers les populations civiles qui paient un prix fort, ces derniers temps ?

Est-ce le régime de Roch qui est visé, et dans ce cas, en vouloir à un régime peut-il justifier qu’on tire sur des populations ?

L’approche des élections justifie-t-elle ce regain de terrorisme, si tant est qu’ils s’en trouvent qui ne veulent pas des élections ?

«Sun Lacrimae Rerum» grince Virgile dans l’Enneiade. «En toute chose, il y a des Larmes», mais il y a aussi des réactions. Les FDS burkinabè, sont aguerries, elles ont du matériel, elles ripostent, vont souvent chercher les terroristes dans leur tanière. Est-ce par impuissances que ces tueurs retournent leurs armes contre des civils ? Pour exacerber les tensions intercommunautaires ? Toujours est-il que la lutte continue, il n’y a pas d’autre choix, puisque c’est une guerre indistinguée qu’on impose au Faso.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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