27e Fespaco : La dame quinqua bien conservée mais essoufflée

27e Fespaco : La dame quinqua bien conservée mais essoufflée

Qui remplacera le Rwandais Joël Karekezi pour remporter l’Etalon d’or de Yennenga à cette cuvée de la biennale du cinéma africain de Ouaga ?

 Le samedi dernier, dans une salle omnisport de Ouaga 2000 comble de festivaliers, la 27e édition du Fespaco a ouvert ses portes, 5 jours après le début du procès de l’assassinat de Thomas Sankara, dont l’ombre planera sur le Fespaco, lui qui était un cinéphile et un amoureux du 7e art. Un 27e Fespaco en mode Covid-19 et dans un Burkina Faso, frappé par le terrorisme. C’est déjà un défi de le tenir dans ce contexte après les 8 mois de report. Flons-flons, discours, prestations d’artistes, présence du chef de l’Etat Roch Kaboré, projection le soir du film d’ouverture Atlantique du Sénégalais Mati Diop, dont le pays est d’ailleurs l’invité d’honneur de cette édition.

Comme toujours en matière d’organisation d’évènement, le Burkina, avec peu de moyens fait un sans-faute. La dernière cuvée qui a fêté les noces d’or (50 ans) du Fespaco en février 2019 avait permis de faire l’état des lieux de ce que les précurseurs avaient nommé la semaine du cinéma de Ouaga. En 2021, la vieille dame quinquagénaire, a donc l’âge mûr, idéal pour orienter définitivement sa vie. Et 50 ans après sa naissance le Fespaco a besoin d’une refondation de fond en comble.

Les Oumarou Ganda et Sembène Ousmane, ont bien installé le Fespaco, relayés par des successeurs comme Souleymane Cissé, Abdramane Sissako, Idrissa Ouédraogo, Med Hondo… et aujourd’hui, le 7e art africain est dans les mains de nombreux cinéastes, réalisateurs, et acteurs talentueux.

Cependant, hélas, la biennale malgré cette vigueur, malgré qu’elle puisse gambader comme un cabri,  malgré que la dame avec ses 50 ans reste bien conservée, on sent non pas l’outrage du temps, mais quelques bobos dont elle souffre et qui ont pour noms : manque de financements,  films bas de game, salles de ciné transformées en boutiques de bazar, à Ouagadougou les salles des quartiers sont fermées ou en ruines. Si on y ajoute le petit écran qui règne en maître, la kyrielle d’évènements liés au 7e art sur le continent, le Fespaco a besoin d’être dépoussiéré. A commencer par la formation de cinéastes et des financements conséquents, ( en 2019, lors du cinquantenaire du FESPACO, Roch avait remis 1 milliardsaux cinéastes) même à l’heure du numérique, du bon «cinoche» nécessite des moyens conséquents. Il faut que le Fespaco génère des Spike Lee, Martin Scorsese ,  Steven Spielberg, mais aussi des Denzel Washington, Mark Dacascos, Isabelle Adjani, …

Des films de grand vol doivent aussi voir le jour, non pas que ce que réalisent nos cinéastes ne sont pas bons, mais ne sont pas commerciables à l’international et même sur le plan africain, avec l’ogre

Nolywood. Donc pas projectables dans les salles noires de l’Occident ou d’Amérique, absents aux grands rendez-vous cinématographiques à une exception près, seuls le Tchadien Mahamat Saleh Haroun et le Mauritanien Sissako y sont souvent. On a plutôt des «Vidéastes» selon le mot du défunt St Pierre Yaméogo, un autre grand nom du cinéma burkinabè. Avec du grand cinéma, cela redonne l’envie d’aller en salle, car ça change de ces «théâtres améliorés», sans suspens, où l’on devine la trame et l’épilogue du film…

Même des choses comme l’ouverture et la fermeture du Fespaco, la façon dont ils se déroulent pourrait être revue, pour remplacer certains maronniers biennaux qui commencent à lasser, sauf évidemment la rue marchande pour sa bonne chair et sa bière fraîche. Et même là encore …

Un autre créneau porteur du Fespaco, qui pourrait le porter plus loin est le MICA, qui peut rapporter gros pour peu qu’on développe ce marché. Une autre piste pour mieux oxygéner un Fespaco essoufflé. 50 ans après, la biennale du cinéma de Ouaga fait toujours la fierté, mais on sent une indispensable refondation pour un rebond du 7e art.

La REDACTION

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