Imité, concurrencé, rudoyé, mais jamais égalé, le FESPACO tient à Ouagadougou sa 29e édition du 22 février au 1er mars 2025. Rendez-vous du cinéma africain, il regroupe tous les deux ans, des centaines de cinéastes, des milliers d’acteurs et festivaliers dans la capitale burkinabè, lesquels vibrent à chaque fois à l’unisson dans les salles noires devant les fresques imagées des réalités africaines.
Les pères-fondateurs de ce 7e art au-devant desquels le Sénégalais Sembène Ousmane, le Français Claude Prieux les Burkinabè François Bassolet, Alimata Salembéré , Hamidou Ouédraogo, Louis Thiombiano…ces précurseurs avaient eu le nez creux en faisant de Ouagadougou, la capitale du cinéma africain. Louis Thiombiano qui fut le premier président du jury officiel dresse les objectifs du FESPACO en 3 points :
– Favoriser la diffusion de toutes les œuvres des cinémas d’Afrique.
– Permettre les contacts et les échanges entre les professionnels du cinéma, de l’audiovisuelle et de l’image animée.
– Contribuer à l’essor, au développement et à la souveraineté des cinémas africains et de la diaspora.
56 ans après, objectifs largement atteints au regard de la qualité des films africains présents au FESPACO, du nombre de cinéastes professionnels, et à l’engouement des cinéphiles pour l’écran africain.
Le FESPACO à sa 29e cuvée, a gagné en maturité, les acteurs de la première génération ont formé une seconde et même une 3e fournée qui se battent pour hisser haut le cinéma du continent.
Mais, si la Biennale de Ouagadougou est désormais la vitrine du 7e art africain, il y a lieu de restaurer certaines façades, de revoir comment lui donner un second souffle. Rénover, requinquer et mettre le cap sur d’autres objectifs devront être le dada du FESPACO. Des colloques se tiennent lors des éditions pour dégager des perspectives, mais la concurrence et les moyens pèsent tant dans la balance du cinéma que le FESPACO doit se réinventer.
– Par la qualité de ces réalisateurs : la première génération des Souleymane Cissé (le chêne du cinéma africain tombé il y a 72 heures. Que Dieu l’agrée !), Sembène Ousmane qui ont appris certains sur le tas mais surtout à Moscou et la seconde génération des Idrissa Ouédraogo, Gaston Kaboré et Abderamane Sissako, c’est du cinéma classique, coûteux, mais de belle facture. L’irruption du numérique, et de la 3e génération ont accouché du «Cinoche» moins cher, populaire qui plaît et prolixe, mais la qualité et la compétitivité de ces fictions laissent à désirer, sans faux-fuyant ! ce n’est pas une injure de dire qu’il y a lieu de revoir ces films plaisants, mais qui sont souvent du théâtre amélioré, pas compétitifs selon les spécialistes. Le cinéma, ça doit brasser aussi de l’argent !
– Revoir la qualité aussi des acteurs par des formations et des émoluments conséquents. Il y a quelques semaines de cela, Abdoulaye Komboudri, un acteur burkinabè tirait la sonnette d’alarme sur ce point.
– Suivre le protocole pour faire des films bien à savoir ne pas être le réalisateur, le scénariste, et d’autres fonctions qu’on cumule par esprit d’économie.
– Revoir peut-être la formule du MICA avec exploration d’autres marchés.
– Rouvrir des salles de ciné ne serait-ce que dans les arrondissements. Il n’est pas normal que dans la capitale du cinéma africain, les salles de cinéma ne «vivent » que le temps du FESPACO. Certains ont même été transformés en boutiques. De nouvelles salles sont ouvertes (olympia par exemple) mais pour que les citoyens apprennent à retourner au grand écran, il faut les appâter. Le petit cran avec Neteflix, Amazon … est un redoutable concurrent, surtout avec Noolywood qui monte, monte…
Réinventer le FESPACO, c’est aussi revoir son format. Depuis plusiseurs éditions, c’est quasiment un scénario immuable avec à l’ouverture les feux d’artifices, les ballets, les discours et le clap…et après la rue marchande. Tout cela, c’est bien, mais il faut trouver une autre moule pour un contenant et contenu nouveaux en phase avec l’évolution actuelle du monde et de l’Afrique. En attendant, bienvenue aux cinéastes, acteurs, scénaristes, et à tous les festivaliers à ce 29e FESPACO. Et que la fête soit belle !
La REDACTION
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