2nd round de la présidentielle ensanglantée au Niger : Componction et compassion à la CENI et avertissement à l’AN I de l’après-Issoufou

2nd round de la présidentielle ensanglantée au Niger : Componction et compassion à la CENI et avertissement à l’AN I de l’après-Issoufou

 Bien sûr les bouches fendues au mauvais endroit diront que le gouvernement a mal agi en envoyant les 7 personnes de la CENI dans cette zone infestée de terroristes qu’est celle des 3 frontières, autant dire envoyer ces commissaires de l’administration électorale au casse-pipe djihadiste. Pourquoi vouloir coûte que coûte y tenir des élections, alors que l’Etat est inexistant, alors que malgré la présence de Barkhane et de la Task Force Takuba, l’EIGS et Boko Haram parviennent à semer mort et désolation ?

Surtout qu’au premier tour de cette présidentielle le 27 décembre, 100 villageois avaient été suppliciés dans l’attaque de deux villages de l’Ouest (Tchoma Bangou et Zaroumadareye), par des terroristes ! Et surtout que l’on savait que ces scrutins au Niger se déroulent dans un climat de guerre asymétrique.

La mort de ces 7 représentants de la CENI constitue une dette morale pour les 2 duellistes de cette compétition pour le mandat suprême. Mohamed Bazoum et Mahamane Ousmane devront se souvenir que ces 7 hommes tués dans la commune de Gargol ont consenti le sacrifice suprême pour ce vote. Des morts assimilables à une dette morale pour l’élu. Les Nigériens dans leur ensemble devront aussi se souvenir de cette dette de sang, de ces 7 martyrs de la démocratie. Morts pour que la démocratie respire, pour l’alternance soit possible, grâce à une de ses règles cardinales : la loi des urnes.

Componction et compassion à la CENI, aux familles des disparus. Leur sang et on l’espère n’aura pas été versé pour rien. Une CENI qui depuis le 1er tour en décembre jusqu’à ce 2e round du 21 février aura crapahuté dur pour relever ce double défi logistique et organisationnel, dans un contexte anxiogène.

Et pour cette ultime bataille électorale, les observateurs de la CEN/SAD et ceux de la société civile de «Tournons la page» conviennent que malgré les ratés, et couacs observés çà et là, cette présidentielle s’est déroulée dans la transparence et l’équité. Et seuls les résultats des dépouillements bureau de vote par bureau de vote, centralisés au niveau de la CENI, feront foi.

En dépit d’un temps frisquet et d’un harmattan qui charrie vent poussiéreux et maladies, les 7,4 millions d’électeurs sont sortis accomplir leur devoir civique. Que ce soit dans les grandes bourgades comme Zinder-Maradi, Agadez ou dans la capitale Niamey, les Nigériens avaient les nerfs à fleur de vote.

Et l’attentat qui a coûté la vie aux 7 responsables de la CENI à Ourahou est le carillon qui retentit comme pour soulever l’un des graves problèmes qu’hérite l’après-Issoufou: l’insécurité. Qui de Bazoum ou de Ousmane sera élu ? Une loi non écrite, mais loi d’airain tout de même dit qu’au Niger, tout parti qui sort vainqueur aux municipales et aux législatives est assuré de rafler la présidence. Or le PNDS-Tarraya est majoritaire aux Municipales avec 1 799 sièges, et le MNSD-Nassara 358, quant aux députations, le parti du président Issoufou a engrangé 75 sur 171, sans compter les partis alliés. Et encore, vu le score du dauphin du président sortant 39,33% contre 16,99 pour son challenger, on peut se permettre, en attendant les résultats provisoires de la CENI, que Mohamed Bazoum tient le bon bout de la corde !

Ce coup de semonce sanglant de Gargol, est donc un avertissement à l’AN I de l’après-Issoufou qui a déjà débuté avec ce 2nd tour. Son successeur devra faire face à l’insécurité à tiroir dans le Sahel, le bassin du Lac Tchad, où écument l’EIGS et AQMI et à l’Ouest où hurle la meute du «chacal» de Boko Haram.

En outre, il devra trouver encore de l’argent pour la Défense qui engloutit 15 à 20% du Budget national. Et sans oublier l’éducation, la santé et la lancinante problématique de l’eau !

Certes, le président élu pourra bénéficier toujours des retombées de l’uranium et surtout du pétrole, dont le début des exportations commencera en 2022, et relèvera le PIB à 9%, ce qui ne serait pas mal avec l’actuel déficit du budget qui est à 5,8%. Mais, il y a du boulot.

La dévolution du pouvoir est en marche au Niger, mais celui qui remplacera Issoufou, est plutôt à plaindre, vu les chantiers qui l’attendant, et l’absence d’état de grâce qui va lui être imposé .

Sam Chris

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR