2nd Tour présidentielle au Niger : La preuve par les urnes d’une démocratie ancrée

2nd Tour présidentielle au Niger : La preuve par les urnes d’une démocratie ancrée

La seule fausse note dans ce 1er tour de la présidentielle et les législatives restera, cette grande barbarie commise, le jour même de la livraison des résultats provisoires par la CENI : 100 villageois suppliciés ce 2 janvier 2021 par des assaillants venus comme toujours de nulle part.

Pour le reste, le double scrutin du 27 décembre aura tenu son pari, malgré les éventuels recours annoncés.

Pour certains Nigériens qui se souviennent bien du régicide du «boucher de Yélou», du surnom du commandant Daouda Malam Wanké qui a assassiné le président IBM le 9 avril 1999 pour prendre sa place, un IBM lui-même qui arbitra, une impasse créée entre l’Exécutif et le législatif en 1996, par un coup d’Etat comme celui de 2009 du colonel Salou Djibo qui mit fin aux velléités de l’homme du Tazartché Mamadou Tanja, pour tous ceux qui revoient ces réminiscences politiques, il y a loin ces périodes troubles, à l’ancrage de la démocratie, à partir du 12 mars 2011 où celui qui par 3 fois endossa le maillot du ‘’Poulidor’’ politique avant enfin de s’emparer du pouvoir suprême la 4e fois : Mahamadou Issoufou. C’était au second tour face à Seini Oumarou. 4 ans plus tard en 2016, c’était encore lors du deuxième round qu’il l’emportait. Le ‘’Lion de Tahoua’’ avait largement obtenu sa rédemption. L’histoire se répète en 2020, ce qui n’est pas pour déplaire à celui qui a décidé de respecter la Constitution, et qui a osé même permettre que son parti le MNSD-Tarraya, se choisisse un dauphin : Mohamed Bazoum.

En concédant ce deuxième et ultime combat face à Mahamane Ousmane, ex-président en 1993, la démocratie nigérienne prouve qu’elle respire. Ni la CENI, ni le pouvoir sortant n’ont cherché quoique ce soit pour ce 1er tour K.O, qui aurait sans doute arrangé le dauphin de «Zaki».

Electoralement, Bazoum emboite les pas du «poulidor» son compagnon politique de 30 ans, qui à toutes les fois a toujours été au sprint final au deuxième tour.

En revenant aux affaires après 4 essais infructueux, le MNSD-Tarraya a laissé les jeux ouverts pour ce coup-ci de 2020, pour cette passation de témoin. Un second tour qui devra faire taire tous ceux avaient affublé, le régime sortant de vouloir coute que coute frauder, pour permettre à Bazoum de passer. C’est aussi la preuve par l’isoloir, que l’opposition nigérienne ne compte pas pour du beurre. Même si le ralliement de Hama Hamadou, à Mahamane Ousmane, n’a pu engranger que 17% des suffrages, alors que le favori, Bazoum grappille 40%, et comme faiseur de roi, le challenger de Issoufou en 2011, l’ex-premier ministre de Tanja, Seini Oumarou qui se coltine 9%.

Chapeau bas à Mahamadou Issoufou, qui a tenu ferme à cette dévolution du pouvoir, à cette alternance, sans bavures, félicitations à la CENI, aux électeurs nigériens, qui prouvent qu’en dépit de la pauvreté, des attaques terroristes, la démocratie peut bien respirer, pour peu que tous les acteurs jouent chacun en ce qui le concerne sa partition.

Qui sera le 11e président du Niger le 20 février 2021 ? Certes Bazoum est en ballotage favorable, et avec les alliances, il a des chances de l’emporter. Mais au-delà d’une quelconque victoire, le président-sortant pourra boire son petit lait de chamelle, il inaugurera une nouvelle ère (rarissime) pour Issoufou, celle d’une vie après les lambris dorés des palais, les tapis rouges et toutes ces glorioles de pouvoir. Il mettra un peu mal à l’aise, les ex-collègues régionaux du sortant dont certains n’ont pas hésité à charcuter leurs constitutions, à ensanglanter leurs pays, pour s’octroyer des 3es mandats indus. Quoiqu’on dise ce 2e tour est une forte oxygénation de la démocratie nigérienne.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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