Hier 27 décembre, à la Chambre criminelle de Dakar, s’est ouvert un procès qui fera date dans les annales de la lutte contre le terrorisme : il s’est agi du jugement de 29 personnes, tombées sous le coup de 4 chefs d’accusation, notamment celui d’association de malfaiteurs, liée à celle de l’imam Ndao, gourou religieux arrêté à Kaolak en octobre 2015.
Ensuite, il y a le dossier Ibrahima Ly, franco-sénégalais, arrêté lui en 2015, soupçonné d’être un recruteur de djihadistes. La troisième affaire enrôlée est celle dite Assane Kamara, étudiant au Canada, arrêté lui en 2016. Il faut saluer ce genre de procès, qui permet de jeter un éclairage nouveau sur les arcanes de ce milieu mafieux, glauque et où l’omerta, et le devoir de sacrifice suprême semblent être une règle d’airain. Mettre des «supposés terroristes» dans le box des accusés, est une des occasions de percer un tel milieu fermé, donc, de découvrir des pépites pour peu que les accusés acceptent de passer à table, contre magnanimité des juges ! Instruits par les attentats de Ouagadougou, au Burkina et de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, le Sénégal, qui se sent observé par les terroristes a vite sonné le boute-selle :
– prise de mesures sécuritaires aux points sensibles et névralgiques du pays
– arrestations le 29 mars, le 10 et 11 avril de «présumés terroristes» marocains et nigérians…
Bien que les terroristes, ne fassent pas de quartier, lorsqu’ils se déchaînent, et bien que la tendance soit à les anéantir physiquement, le procès de ces 3 affaires de présumés sicaires islamistes au Sénégal, prouve au besoin que la lutte contre le terrorisme, n’est pas seulement que par la canonnière, mais aussi par des jugements spéciaux, pour donner l’exemple. Ce qui va en droite ligne du 4e Forum paix et sécurité tenu mi-novembre 2017 dans la capitale sénégalaise. A ce sujet, le Sénégal n’est pas le seul à s’essayer à cette catharsis pénale, puisque le Niger l’a pratiquée en mars dernier avec une fournée de 1 300 personnes qui sont passées par les prétoires. Ainsi que le Nigéria, pays de naissance de Boko Haram où 1 670 membres du chacal ont écopé entre 3 et 31 ans de prison après un procès-marathon. Ceci étant, s’il faut saluer ces jugements, force est de reconnaître que l’arsenal juridique pour connaître des faits de terrorisme reste assez approximatif. Pour le cas d’espèce du Sénégal, le rassemblement des 3 affaires pour jugement pose effectivement problème que n’ont pas manqué d’indexer les droits -de-l’homistes qui pointent un flou artistique, pour ne pas dire des lacunes juridiques dans les dispositions légales sénégalaises pour juger de tels dossiers. Le Sénégal n’est pas seul dans ce cas, et il serait même de bon aloi, que les pays de la CEDEAO, se dotent de cadres juridiques uniformes pour les cas de terrorisme. En attendant, ce procès du 27 décembre et en attendant le verdict, le Sénégal indique cette voie didactique à d’autres pays . UNe
La Rédaction
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