La justice humaine est toujours à la recherche de l’injustice minimale. Sa grandeur est de tendre toujours vers le haut, le vrai et le juste, son insuffisance est que dans chacune de ses décisions, cohabitent le bien et le mal dans une perspective manichéenne.
Cette recherche de la médiane a-t-elle guidé Abubacar Tambadu le garde des Sceaux gambien qui a décidé d’élargir 3 ex-membres des escadrons de la mort de l’ancien chef d’Etat Yahya Jammeh qui sont allés à Canossa devant la commission vérité et réconciliation (TRRC) ? Il y a un peu de ça, mais homme de loi, le ministre de la justice a voulu surtout être en règle vis-à-vis de la Constitution qui stipule qu’on ne saurait garder une personne plus de 2 ans sans jugement, alors que Malik Jatta, Omar jallow et Amadou Badjie sont incarcérés dans des casernes militaires depuis février-mars 2017.
Ayant passé aux aveux devant le TRRC, avec des détails de leurs basses œuvres qui donnent la chair de poule, la justice gambienne a donc opté pour une des lois d’airain dans le monde mafieux : le repentir contre la liberté.
Il y a donc l’esprit et la lettre de la Constitution qui priment sur la justice, mais il y a aussi, ce retour à la paix, au vivre-ensemble que recherche le président Adama Barrow en personne.
Depuis la commission vérité et justice de la Nation arc-en-ciel, plusieurs pays post-crisés ont tenté de tester cette instance qui se veut un exutoire, une catharsis, pour cautériser les blessures et mettre du baume au cœur. Mais les décisions qui y sont issues ne sont pas souvent sans conséquences.
En l’espèce gambienne, les familles des victimes crient à une prime à l’impunité, à une amnistie qui ne dit pas son nom.
Que nenni a répliqué le garde des Sceaux, qui se dit avoir à l’esprit tous ceux qui ont souffert sous les 22 ans de dictature de l’homme au grand boubou empesé, au long cimeterre, et l’interminable chapelet. Mais concède Abubacar Tambadu, il faut penser à la réconciliation, à la Nation gambienne, qui doit se construire avec tous les Gambiens, y compris ceux qui ont fui le pays lesquels fuyards, foi du ministre de la justice, ne doivent pas être découragés par une justice lourde. Ces 3 ‘’junglers’’ de Jammeth, libérés inciteront-ils d’autres bourreaux à regagner le bercail ?
Yahya Jammeh, lui-même exilé en Guinée-Equatoriale notamment à Mongoma, pourra-t-il rentrer pour solder ses comptes et reprendre une vie normale? Ce ne sera pas facile. Mais c’est connu, «la plus grande justice, est la plus grande injustice», disait Cicéron.
Sam Chris
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