30e Journée mondiale de la liberté de la presse : Au Sahel, les médias ballotés entre éthique et déontologie et impératifs  de guerre !

30e Journée mondiale de la liberté de la presse : Au Sahel, les médias ballotés entre éthique et déontologie et impératifs  de guerre !

La liberté des médias a fait des pas en arrière courant 2022 et en 2023 dans la zone Sahel. «Dans la peau d’un journaliste au Sahel». Il n’y a pas enquête plus circonstanciée et crédible que celle menée par Reporters sans frontières (RSF) publiée le 3 avril dernier et dont le titre ci-dessus mentionné parle de lui-même.

En compulsant les 40 pages  de cette enquête, qui mettent à nue les risques, les menaces, intimidations et embastillements, bref, de tous les dangers qui sont le lot quotidien des femmes et hommes de médias au Sahel, on ne peut que conclure que depuis plusieurs mois la liberté de la presse est devenue chancelante, et hypothèque même l’existence des médias au Sahel. Les prédateurs de la liberté de la presse ont un peu changé de méthodes, mais la lame de fond demeure pareille : une tentative de caporalisation, de bâillonnement, voire d’extinction de tous les médias qui refusent la pensée unique, ou certains discours lénifiants.

Ils ont pour noms Olivier Dubois (journaliste français, otage au Mali pendant 711 jours et libéré),

Aliou Touré (enlevé et libéré au Mali), Birama Touré (enlevé et tué au Mali). Ou encore Newton Ahmed Barry (ex-journaliste au Burkina, menacé de mort), Lookman Sawadogo (journaliste auditionné au Burkina), l’activiste Wendpouiré Charles Sawadogo (interpelé et libéré au Burkina)… on peut allonger la liste à l’envi, tous ont eu des problèmes à cause de leur métier d’informer.

Les journalistes sont depuis quelques temps dans ce Sahel confronté à l’insécurité, soit rappelés à l’ordre, soit carrément menacés par des quidams. Il leur est reproché de ne pas être très regardants sur le traitement des informations liées à la lutte contre le terrorisme.

A ces remontées de bretelle, s’ajoutent une désinformation patente distillée par des activistes et autres «journalistes 2.0». RSF indexe dans son rapport, Wagner le groupe paramilitaire russe d’être à la base de ces «pièges des mercenaires de la désinformation».

Cette 30e Journée mondiale de la liberté de la presse se présente donc sous de mauvais auspices et augures, avec un recul notoire de la liberté de presse au Sahel où les médias évoluent dans un environnement de lutte contre le terrorisme, mais aussi sous des régimes kaki, c’est-à-dire des Transitions militaires où se pose la problématique d’une presse objective avec les impératifs sécuritaires.

Autocensure, désinformation, menaces y compris physiques, emprisonnements… les journalistes du Sahel sont confrontés à des questions d’éthique et de déontologie, de responsabilités sociales et sociétales et aux exigences d’une guerre asymétrique qui frappe cette zone depuis des années. Ce 2 mai 2023 d’ailleurs au Burkina Faso, le Conseil supérieur de la communication (CSC), l’organe de régulation des médias a organisé un atelier sur cette responsabilité du journaliste en ces temps de combat contre les djihadistes. Si on ajoute la faiblesse insigne de leurs finances, les trésoreries de beaucoup de médias sont vides, c’est un sale harmattan qui souffle sur les médias au Sahel, ballotés comme radeau sous la houle, entre fondamentaux du journalisme et impératifs de la guerre.

 

La REDACTION

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