30e sommet de l’UA : Kagamé pourra-t-il réformer le ‘’machin’’ ?

30e sommet de l’UA : Kagamé pourra-t-il réformer le ‘’machin’’ ?

Paix et sécurité-affaires politiques-zones de libre-échange continentale (ZLEC)- Représentation de l’UA dans les affaires mondiales telles sont les nouvelles données à introduire dans le logiciel de l’UA et c’est le tandem Paul Kagamé, président en exercice entrant, et Moussa Faki Mahamat, patron de la Commission qui seront à la baguette de cette refonte de l’institution continentale, que les chefs d’Etat appelaient de leurs vœux, depuis quelques temps.

Ce dépoussiérage de l’UA, commence du reste, par le thème central «Gagner la lutte contre la corruption, un chemin durable vers la transformation de l’Afrique» veut changer d’abord, cette mentalité qui veut, qu’en Afrique, un poste de responsabilité soit synonyme de remplissage de poches, de prévarication et de détournements de tout acabit. Mahamat Faki a donc eu le nez creux, en proposant 2018, comme «l’année africaine de lutte contre la corruption». En effet, en observant les tonneaux de Danaïdes qu’occasionnent la «petite corruption» et la «grande corruption», pas moins de 50 milliards de dollars partent en pure perte dans les économies du continent, et il y a assurément péril en la demeure. Car si la croisade contre la corruption s’apparente à une poursuite d’une ligne d’horizon, tant le phénomène décrié est subtile, voire insaisissable, à tout le moins touchant tous les segments de la société, et pire, y trouve un certain accommodement, oser, vouloir bousculer les us et coutumes qui ont cours à l’UA, c’est toucher à des intérêts… de certains princes habitués de l’Africa hall. Ce n’est d’ailleurs pas nouveau, ces réformes, qui se heurtent aux désidérata personnels : au lendemain de la naissance de l’UA le 9-9-2002 à Durban, le tandem Thabo M’beki-Alpha Omar Konaré (qui remplaçait Amara Essy) avait voulu aussi aller vite, aidé en cela, par l’alors truculent Guide libyen. Si le président sud-africain de l’époque avait trouvé grâce, Konaré lui avait essuyé un volet de bois vert, il est vrai que le Malien, ex-président du Mali, ne ménageait pas ses anciens pairs. D’où la question basique suivante : Paul Kagame peut-il réformer l’UA, ou plutôt ce «machin» ? Oui et non !

Oui lorsqu’on se réfère aux propositions qu’il a posées sur la table de ce 30e jamborée, fruit de labeur du panel de Haut niveau, dont le n°1 rwandais s’est entouré, notamment  l’ex-président de la BAD, Donald Kaberuka et Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique. Les linéaments pour botoxer l’UA, ne manquent pas d’intérêt. Passe encore la périodicité des sommets qu’on pourrait maintenir à 2/an ou ramener à 1, mais la création d’une taxe de 0,2% sur les produits non africains importés en Afrique, un meilleur prorata des compétences entre l’UA et les Organisations régionales, l’audit du travail des commissions sont autant de cure de renouvellement indispensable à l’UA. Mieux, l’autonomie financière de l’UA est son âme, car comment une organisation forte de 55 membres veut-elle que sa voix porte si 80% de ses programmes sont financés par l’Europe et le Japon ? Il est normal que celui qui paie la guitare impose la musique qu’il entend écouter. Déjà, l’interpellation hier à l’ouverture des travaux du président Alpha Condé au patron de l’ONU sur le bien-fondé des casques bleus en Afrique donne un aperçu de ce hiatus politico-financier prégnant à l’UA. Le Rwandais pourrait ne pas réussir parce qu’on entend déjà les chœurs de certains pays, notamment de la SADC contre «l’approche autoritaire du président Kagamé». Fort des performances de sa gouvernance au Rwanda, Paul kagame est convaincu que ce remède de cheval pourrait être la fiole nécessaire pour dépétrer l’UA du surplace dans lequel il patauge. Or, le Rwanda ce n’est pas l’UA, et il lui faudra un zeste de tact pour souvent arrondir les angles question de ne pas braquer ses pairs de l’Afrique australe et ailleurs sourcilleux de leurs petites ‘’indépendances’’.  Cependant, il faut déjà se féliciter que la Commission Kagame ait mis les pieds dans le plat. Les plus grandes réussites ne commencent-elles pas par des bagarres ? 

Sam Chris

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