31 octobre 2014- 31 octobre 2019 : Blaise Compaoré négocie désormais son retour au Burkina via le CDP

31 octobre 2014- 31 octobre 2019 : Blaise Compaoré négocie désormais son retour au Burkina via le CDP

Blaise Compaoré avait compris en ce 31 octobre 2014, après quelques dernières tentatives de garder le pouvoir, que les haricots étaient cuits, ses hommes, son régiment de la sécurité présidentielle (RSP), c’est-à-dire sa garde prétorienne, l’avaient abandonné ou étaient impuissants devant la marée humaine qui serpentait à Ouaga, Bobo et bien d’autres villes du pays exigeant son départ, bref Blaise a su que sa force et sa baraka proverbiales s’en étaient allées, c’était fini pour «l’homme fort» du Burkina, dont la puissance et l’intelligence politique, en imposaient tant au Faso, que chez certains voisins.

La suite est connue : l’hallali fut poussé par Blaise aux environs de midi de ce 31 octobre, puis la fuite d’abord vers Pô, puis cap sur Fada d’où il sera exfiltré par la France.

Ainsi se terminait le si long règne de l’enfant terrible de Ziniaré, entré petitement dans l’Histoire bien que bruyamment à coup de fusils, un 15 octobre 1987 et qui sortait de la même façon, par la petite porte, pour n’avoir pas su entendre la réprobation populaire contre ce 3e bail qu’il voulait se tailler en charcutant l’article 37 de la Loi fondamentale.

Laps séjour en Côte d’Ivoire, puis ensuite quelques temps au Maroc, et depuis 5 ans l’illustre exilé vit à Abidjan.

Claquemuré dans un silence de raison auquel il est astreint et recevant les visites de nombreuses ouailles, l’ex-n°1 burkinabè a rompu ce silence en 2018 par 2 fois, lorsqu’au plus fort des attaques terroristes contre le Burkina, il avait été nommément accusé par les autorités du pays, d’être l’instigateur, sinon de connivence avec les djihadistes, qu’il a côtoyés lorsqu’il était au pouvoir.

Depuis 3 mois d’ailleurs, il a quitté cette réserve de la parole pour gérer son parti le CDP, traversé par une grave crise qui si elle n’est pas résolue signerait à coup sûr la mort de cette formation politique. Une posture qui met passablement le président ivoirien Ouattara dans l’inconfort vis-à-vis de son homologue burkinabè Roch.

Chassés-croisés des responsables du CDP à Abidjan, épistolaires de Blaise aux 2 camps du parti qui se toisent, l’homme tente assurément de reprendre la main, à 12 mois de la présidentielle et des législatives au Burkina. S’il le fait, ce n’est pas parce qu’il en est le président d’honneur à vie, ou parce qu’il aime les militants du CDP. Non, Blaise en tant qu’animal politique joue sa survie.

Il n’y a pas d’exil doré, et 5 années dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, c’est une éternité pour lui habitué à donner des ordres depuis 30 ans ! Il veut rentrer au bercail, notamment à Ziniaré pour surveiller ses champs et son parc animalier. Une vie de gentleman-farmer ? Pas si  certain !

De plus, la donne au bord la lagune Ebrié se transforme avec la guerre ouverte entre Ouattara et Soro, alors que lui Blaise est un pygmalion politique de l’ancien chef des Forces Nouvelles, ce qui fait que ce n’est plus l’entente entre lui et Ouattara. En un mot comme en mille, la Côte d’Ivoire commence à être étroite pour Blaise.

S’il parvient à ce que le CDP revienne dans l’arène politique, ce sera la voie royale pour lui de négocier son retour, au Burkina.

Que le CDP qui a des ambitions kosyamiennes réussisse la prouesse d’arracher l’impérium ou qu’il engrange de nombreux députés, dans la future Assemblée ce sont toutes de belles perspectives pour Blaise, de rentrer et d’envisager sa réhabilitation.

De toute façon, ce sera par  ce chemin politique ou par la négociation avec le pouvoir de Roch qu’il pourra revenir. Et Blaise n’a pas le choix que de rentrer, les temps pour ce come back sont d’ailleurs propices. Il fera éventuellement face à la justice, qui n’est pas si inéquitable que ça, la preuve par le procès des conjurés du putsch du 15 septembre 2015, dont ses deux proches Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé ont écopé respectivement 20 ans et 10 ans fermes.

Enfin, en rentrant, il pourrait contribuer grandement au retour du vivre-ensemble, à la cohésion sociale, à cette réconciliation tant serinée de part et d’autre, toutes choses nécessaires en ces périodes de guerre asymétrique.

Les autorités burkinabè sont-elles disposées à ce retour ? Elles aussi doivent jauger les tenants et les aboutissants et trancher ce nœud gordien car qu’elles le veuillent ou non, on n’efface pas d’un trait de plume 27 ans d’un pouvoir, quasi-absolu. Et la paix et la réconciliation valent bien ce retour.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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