Il n’y a pas pire bravade et pied de nez faits à la sortie-bilan du chef de l’Etat que l’explosion de cette mine artisanale qui a pulvérisé un véhicule sur l’axe Djibo-Bourzanga et qui aura coûté la vie à 35 personnes, et blessant 37 autres. C’est le 5 septembre en effet que cette abjection a eu lieu au Sahel, au lendemain du grand oral du président Paul-Henri Sandaogo Damiba, lequel a campé sur ce qu’il a fait les 5 derniers mois écoulés en matière de lutte contre les croquants sanguinaires qui écument les ¾ du territoire national depuis 7 ans, une tâche dont il s’est acquittée, car promise le 2 avril dernier.
Le 4 septembre, le patron de la Transition, tout en évitant à dessein d’asséner des chiffres ni en matière de reconquête du territoire, ni sur celle du retour des Personnes déplacées internes (PDI) dans leurs «bled » infestés, a tout de même affirmé que l’objectif qu’il s’était assigné il y a 5 mois est atteint, voire dépassé dans certains aspects. Verbatim : «l’intensification des actions offensives conduites souvent en coordination avec les VDP ont visé surtout à désorganiser le dispositif ennemi. Sur ce plan purement opérationnel, cet objectif est atteint … Les actions offensives évoquées ont été rendues possibles grâce à l’amélioration du renseignement plus précis, plus réactif et plus flexible».
Damiba affirme aussi que la politique du dialogue a surpassé ses espérances, car des dizaines de jeunes qui avaient pris les armes contre leurs frères ont été touchés par les grâces de ce dialogue. Mieux, l’armée dont les conditions de travail seront améliorées, se verra dotée d’équipements (drones, hélicoptères). Enfin, au Nord-Est, à l’Est et au Nord, des zones ont été libérées, des PDI ont pu regagner leurs villages sécurisés.
Un tel discours qui rassure et se projette dans une perspective de victoire sur les terroristes aurait été très audible sans ce genre d’évènement, ce pathos comme celui survenu, dès le lendemain, sur l’axe Djibo-Bourzanga. C’est la Nation burkinabè qui vient encore d’être meurtrie par cette explosion qui a ôté la vie à 35 civils, et si l’on est conscient que la lutte contre le terrorisme sera très longue, et complexe, lorsqu’une telle estocade mortelle survient quasi-concomitamment avec un discours rassérénant sur la sécurité, ça désarçonne un peu. La solution réside peut-être dans cette invite du même Damiba d’aller à l’union sacrée, de se serrer les coudes, autour des FDS et VDP pour continuer le combat. Encore faut-il que les querelles politico-byzantines ne viennent pas parasiter cette dynamique. Encore faut-il qu’on cesse de culpabiliser certains et d’adouber d’autres.
Ceux qui ont fauté et ceux qui ne l’ont pas été, le résultat revient au même : Nous voici avec un Burkina, que tentent d’occuper des assaillants exogènes et endogènes et ce, par les armes. Que faut-il faire ? Continuer à nous crêper le chignon ou nous unir ? Evidemment, il faut aussi un minimum de sincérité pour pouvoir avancer dans cette lutte. Et c’est là que ça pêche, ce qui coûte cher au Burkina.
La REDCATION
COMMENTAIRES