Sur 46 «invités», ce sera finalement 36 candidats qui partiront à la conquête du fauteuil présidentiel qu’occupe actuellement Hery Rajaonarimampianina. Ainsi en a décidé hier la Haute cour constitutionnelle malgache. Et même en élaguant la dizaine de candidats qui avaient des ambitions nationale, il y a toujours un hic, car 36, cela fait une fournée de prétendants qui fait sourire, ou à défaut provoque un rictus pour ceux qui croient en l’Afrique désabonnée aux candidats godillots.
Il est évident qu’on n’a pas besoin de 36 programmes présidentiels pour connaître les vrais maux de Madagascar, enlisé depuis des lunes dans un marasme économique désolant et dans des crises sanglantes qui ne font qu’arrimer au port du sous-développement, le navire de ce gros morceau du continent africain perclus de plaies et de maladies dont les premiers germes sont cultivés par la classe politique malgache elle-même. Qu’est-ce qui coûterait à cette foultitude de candidats de passer au crible les offres politiques de leurs adversaires afin d’y déceler des points de ressemblance dans le but d’envisager des alliances et des unions pour être plus efficaces et convaincants face à leurs compatriotes ? Il aurait fallu corser les conditions de candidature, en mettant la caution à un niveau élevé, et en exigeant par exemple des parrainages pour tamiser un peu, et recaler les saltimbanques et autres amuseurs de galerie. 36 candidats qui prétendent chacun gouverner la Grande île, ça ne fait pas sérieux. Mais arc-boutés à leurs intérêts personnels, déterminés à être tête de carpe plutôt que queue de baleine, mettant en berne le devenir réel de leurs concitoyens, ils voguent dans la barque percée de l’individualisme égoïste vers les félicités promises du palais présidentiel malgache. Et c’est dommage pour ce pays et sa démocratie. Et encore, parmi les candidats sérieux, il n’y a que des revenants, dont les querelles interpersonnelles ont beaucoup nuit aux Malgaches. Pris individuellement, ils sont le problème de Madagascar plutôt que la solution.
Revue de détail :
– A commencer par Didier Ratsiraka : Même «l’amiral rouge», avec 82 hivernages, qui a gouverné la Grande île par 2 fois 1975-1993 et 1997-2002 veut encore le pouvoir. Frappé par la logique biologique, il n’est plus ingambe, n’a plus bon pied bon œil pour ne pas dire plus, et sa place est la retraite dorée. Ratsiraka peut apporter encore quoi à ses compatriotes qu’il n’ait fait durant ses deux mandats ?
– Marc Ravalomanana, l’ex-édile de Tana, très introduit dans la galaxie catholique, et les milieux médiatiques, il est propriétaire d’une radio, et d’un journal, a pu étrenner le pouvoir suprême en mai 2002, grâce à une élection violente, qui avait été précédée par des mouvements, dont il semble l’instigateur via son association Tiako Iarivo. En tout cas, il boutera hors le vieil amiral pour s’installer à la tête de la Grande île.
– Andry Rajoelina a emprunté le même itinéraire que Ravalomanana :
la mairie, puis la rue pour enfin prendre le pouvoir par un drôle de coup d’Etat, puisque les putschistes, ont pris le pouvoir que leur a transféré forcé Marc Ravalomanana, lesquels militaires remettront le même pouvoir à «TGV», surnom de Rajoelina, un autre revenant donc !
– Henry Ramapianana, l’actuel président, qui dirige le pays depuis 2004 a vu des vertes et des pas mures, mais grâce, à une certaine maturité des Malgaches et à l’armée, qui n’ont pas encore voulu que la dévolution du pouvoir se fasse de façon ‘’irrégulière’’ est aussi en lice. L’ex-argentier, a certes un bilan mitigé, mais tranche avec ses deux prédécesseurs, car il y a eu une relative stabilité, même si les maux habituels de l’île restent en l’état.
Les candidats pris individuellement même les plus représentatifs ne bénéficient pas d’une meilleure appréciation. Mais au-delà de ce quatuor «sérieux», ci-dessus cité il n’y a pas 36 000 solutions au quotidien des Malgaches, et pour vraiment que la Grande île retrouve la sérénité, il faudra peut-être, que ces vieux et jeunes animaux aquatiques de la faune océanique indienne, fasse la place à d’autres. Car quel que soit celui qui sera élu, il aura tous les autres contre lui, et le cercle vicieux ne fera qu’empoisonner les eaux de la Grande île. Ce sont des spécialistes en nage en eau trouble qui vont encore s’affronter, et cela n’augure rien de bon pour Madagascar.
Tout compte fait, les Malgache ne sont pas sortis de l’auberge. Ils n’auront pas le choix que de faire le choix parmi des candidats qu’ils ont déjà «goûtés» lesquels personnalités n’ont pas laissé de saveur appétissante sur leur langue. Pourtant, la Grande île mérite mieux que cet éternel retour.
Ahmed BAMBARA
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