39 mois de Transition en Guinée : Les partis politiques regimbent et contre-attaquent

39 mois de Transition en Guinée : Les partis politiques regimbent et contre-attaquent

Enfin la rupture de la fausse ontologie du mystère relative au chronogramme de la Transition qu’entretenait le locataire de Sekoutourya. Ce dimanche 1er mai 2022 alors que les travailleurs guinéens célébraient leur fête, le chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, a mis  fin au silence ou plutôt a quitté l’esquive dans laquelle il évoluait pour annoncer le timing de la Transition : ce sera 39 mois pour qu’enfin adviennent les élections pour remettre le pouvoir aux civils. Enfin, serait-on tenté de dire ! Ce n’est pas trop tôt, car cela fait 8 mois de l’évitement de tergiversations, de promesses, de chassés-croisés de la CEDEAO, pour in fine accoucher ce qu’on craignait. Un calendrier électoral étiré sur 39 mois après 8 autres, comme patron de la Transition. Une arithmétique rapide nous ramène à 8 plus 39 cela fait 47 mois en gros, 3 ans et 11 mois, allons pour 4 ans !

C’est donc ce timing que Doumbouya va présenter à la CEDEAO, dont des émissaires devraient atterrir à Conakry dans quelques jours.

Le Burkina, s’en est tenu à ses 36 mois et aura aussi des envoyés spéciaux de Nana-Akufo dans ses murs d’ici 2 semaines. Que dire sur ces 47 mois que veulent le CNT, les forces vives guinéennes, pardon Doumbouya ?

L’homme fort de Guinée n’a pas changé d’un iota de posture. La CEDEAO et la Communauté internationale, il ne les tient pas trop en estime, et s’il a osé après 8 mois de réflexion  brandir 39 mois, c’est qu’il a bien goupillé sa chose. Et pour cause…

La Guinée, véritablement au contraire du Mali et du Burkina Faso a sa propre monnaie et sa Banque centrale la (BCRG). C’est un pays très bien cadeauté par les dieux avec 20 milliards de tonnes de réserves de phosphates, les 2/3 des meilleures réserves de fer au monde sont en Guinée, et il tombe 5 m d’eau par an, et l’appellation du château d’eau d’Afrique n’est pas sans raison les métaux précieux sont à la pelle enfouis dans le sol. Il y a d’ailleurs quelques jours de cela, Doumbouya a réuni les miniers pour leur parler, et leur dire ce qu’il pense : ils doivent rapporter de la trésorerie au pays. Et Gare aux petits margoulins !

En fait, Doumbouya sait que la Guinée est un scandale géologique, et a tout pour pouvoir vivre en cas de sanctions de la CEDEAO. Et les pays européens ont besoin de la Guinée ! L’énergie électrique pourrait être résolue par des chantiers restés en rade par Alpha Condé, tel celui du barrage de Kaleta.

Les 39 mois qu’il a sorti de sa tenue militaire n’est pas le fruit du hasard. Il reste fidèle à sa logique et au-delà de la logorrhée gouvernementale, Doumbouya défie la CEDEAO, et possède des arguments pour résister à d’éventuelles sanctions de la CEDEAO, qui hésite aussi à ouvrir ce qui pourrait ressembler à un Front des exclus ou Front de refus (Mali-Guinée-Burkina), car un pays c’est gérable, mais 3 pays sanctionnés, ça devient trop.

Maintenant, reste à savoir vers où Doumbouya mène la Guinée ? En 47 mois pourra-t-il installer le «système politique» qui résistera à tout changement comme il le promet ? Va-t-il réduire ce temps ? Comment va réagir la classe politique qu’il a mis dans son angle mort, pour ne pas dire qu’il ostracise ? Et si sanctions de la CEDEAO et malgré ses atouts, la Guinée résistera-t-elle jusqu’à quand ? Et il y a les partis politiques qui donnent de la voix discordante évidemment à celle de Doumbouya. Ce temps élastique fabriqué dans les laboratoires du CNRD et du gouvernement et que va avaliser le CNT, ne sera pas avalé par les partis politiques qui rejettent ces 39 mois. Que ce soit l’UFDG de Cellou Dallein Diallo ou l’UFR de Sidya Touré et tous les autres sans oublier certains leaders du FNDC, tous sont contre ces 39 mois de Transition, et la mise à l’écart des formations politiques en Guinée. Ils promettent d’ailleurs des actions pour marquer leur désapprobation. Ce qui n’augure pas des lendemains paisibles pour la Guinée.

Doummbouya a peut-être tout calculé, il tente de maîtriser les hommes politiques en leur collant la justice sur le dos (Korsory Fofana du RPG, ex-premier ministre est en prison), mais peut-il vraiment réaliser le vivre-ensemble sans les partis ?

La REDACTION

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