4 journalistes jugés en appel au Burundi : 30 jours pour sauver Iwacu !

4 journalistes jugés en appel au Burundi : 30 jours pour sauver Iwacu !

Oui dans l’Etat quasi-théocratique du Burundi,  tout sort de la bouche du Pasteur-dieu-président Pierre N’Kurunziza y compris la vérité et la justice.

Pour obtenir son 3e mandat indu en 2015, il n’avait pas hésité à mâter opposants, à tuer, à faire prendre le chemin de l’exil à bon nombre de ses compatriotes, et surtout à mettre un bâillon sur la bouche des médias par des «disparitions», des menaces, des emprisonnements et des autodafés. On est à 2 semaines d’une passation de sceptre entre Pierre N’Kurunziza et le général Evariste N’dayshimié, pardon une présidentielle, prévue pour le 20 mai, et le parti-Etat, le CNDD-FDD n’aime pas ces empêcheurs de voter faux que sont les médias.

Cas patent de notre confrère Iwacu, véritable poil à gratter du pouvoir, dont le courroux s’abat actuellement sur 4 journalistes, Terence, Agnès, Egide et Christine qui croupissent dans les donjons de Bujumbura depuis presque 200 jours, pour avoir fait ce qui est basique dans notre métier : informer.

Avec leur condamnation injuste en janvier dernier à 2 ans et demi de prison et à 1 million de francs burundais d’amende, le procès en appel d’hier, ne peut qu’être une parodie de jugement. Car on voit mal comment la justice de ce pays orwellien pourrait faire marche-arrière, car au Burundi, les journalistes sont une race à abattre. Si en janvier malgré la vacuité du dossier, et la requalification des faits, ces 4 journalistes ont été condamnés, en appel ils le seront encore.

Ce qui se passe au Burundi rappelle un autre triste scénario. Celui d’Ahmed Abba, au Cameroun. Le journaliste correspondant de RFI avait accusé de «blanchiment d’actes de terrorisme», avant d’être acquitté après avoir passé 29 mois dans les geôles de son pays, sous le point d’une accusation infâmante.

C’est bien sans doute le même regrettable sort qui s’abat sur les quatre journalistes du canard Iwacu. Ils sont accusés, et ont même été condamnés en première instance en janvier 2020, après leur arrestation en octobre 2019, de complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Tout cela parce que  certainement, un agent de l’Etat sans doute zélé, a intercepté un message d’un journaliste qui a tous les traits d’une plaisanterie. Un message sur lequel sera bâti un rocambolesque dossier de soutiens et même de connivence avec des rebelles burundais, qui ont quitté le giron de la République démocratique du Congo pour tenter de semer leurs crocs au Burundi.

Tout comme l’accusation qui a été posée sur les épaules de Abba au Cameroun, les flèches qui fusent vers les quatre confrères sont aussi légères que les mains qui les ont décochées. En effet, est-il pensable qu’une journaliste ait la maladresse, même s’il est avéré qu’elle est coupable, d’envoyer un texto à un autre collègue qu’il allait  «aider» des rebelles ? Assurément pas.

Ce d’autant plus que la même journaliste a déploré que les mêmes rebelles emportent avec eux dans leur sillage la négation de la paix et l’amour de la violence ?

Le ministère public a parlé. Les avocats ont fourbi leurs arguments qui brocardent l’absence formelle de preuves de la tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat dont on accuse leurs clients. La balle est désormais dans le camp des juges. Ils ont trente jours. Un mois calendaire pour décider du sort de ces soldats de la plume. Mais est-ce seulement leur sort ? Dans ce Burundi aux murs maculés par la boue et le sang de l’atteinte à la liberté de la presse, flânant à la 160e place sur 180 en matière de respect des droits des médias ? Pas si sûr… il faut pourtant sauver Iwacu, un des derniers médias dont la Voix porte au Burundi.

Il faut  pouvoir ôter Iwacu des griffes de ces prédateurs burundais de la presse ! Il faut libérer nos 4 confrères d’ici les 30 jours. Il faut que Iwacu continue de paraître ! Le 20 mai prochain,  N’dayshimié sera élu président, pourquoi s’acharner sur 4 journalistes pour détourner l’attention alors que chacun sait qu’au Burundi, la seule loi est celle du pouvoir ?

Ahmed BAMBARA

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