Nouvelle incursion d’hommes armés dans le parc W, frontière naturelle que partagent le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. L’embuscade a eu lieu le mardi 8 février dernier et a visé une équipe de Rangers. Sept tués et une dizaine de blessés sur le carreau. Selon le communiqué officiel, il s’agit de cinq rangers, un formateur français en mission auprès des gardes, et un soldat béninois. Depuis le début des incursions terroristes, cette attaque est la plus meurtrière en terme de bilan. Après l’enlèvement de deux touristes français en mai 2019, l’attaque de Porga, intervenue le 2 décembre 2021, près de la Pendjari et l’explosion d’un engin explosif dans le Nord-Ouest du pays qui fit deux morts, le Bénin est nouveau endeuillé.
Même si pour l’heure, aucune revendication n’a été enregistrée, les regards sont tournés vers la Katiba Macina, fondée par Amadou Koufa. Cette embuscade meurtrière indique si besoin en était encore que la poussée djihadiste, longtemps cantonnée au Sahel, déploie ses miasmes vers le Golfe de Guinée. Selon les spécialistes, les groupes djihadistes, et en particulier la Katiba Macina liée à al-Qaïda, tentent de renforcer leur emprise dans ces régions. Il s’agit du Sud-Est du Burkina et le Sud-Ouest du Niger. L’objectif recherché à long terme demeure l’installation de bases et cellules terroristes dans ces vastes zones forestières. Cette pression déborde sur le Nord du Bénin et du Togo.
Les observateurs les plus avertis l’avaient prédit, il y a quelques années. Le terrorisme qui frappe les dunes de sable du Sahel avec son lot de milliers de victimes, s’emploie désormais pour atteindre les côtes ouest-africaines. Les signaux sont plus que rouges. Et les multiples alertes venues de Grand Bassam, Kafolo, Tougbo en Côte d’Ivoire et du Kpendjal au Togo enregistrée dans la nuit du 9 au 10 novembre 2021, ne sont pas à prendre à la légère. Du reste, aujourd’hui, affirmer que le terrorisme y a déjà pris ses quartiers c’est faire preuve de réalisme.
Après la débâcle des armées des pays membres du G5 Sahel face aux groupes armés terroristes, les pays du Golfe de Guinée sont sur la brèche. L’exemple des pays sahéliens dans cette lutte contre le terrorisme, caractérisée par une mauvaise appréciation de la situation, doit inspirer le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo à saisir le taureau par les cornes. Cela passe impérativement par une mutualisation des Forces armées des Etats de la sous-région. Sans faux fuyants et loin des accusations de basses échelles tendant à faire croire que les assaillants seraient venus d’un pays voisin, l’urgence commande une réaction rapide et appropriée contre ces hommes sans foi ni loi qui sèment mort et désolation à chacune de leurs incursions.
Davy Richard SEKONE
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