53 militaires maliens et un soldat français tués à Ménaka :  La funeste réplique posthume d’Al Baghdadi

53 militaires maliens et un soldat français tués à Ménaka : La funeste réplique posthume d’Al Baghdadi

Emmanuel Macron le président français ne croyait pas si bien dire le 26 octobre dernier, après l’élimination du calife reclus à Raqaa, en affirmant «que ce n’était qu’une étape, la guerre contre l’EI était loin d’être finie».

Alors que les interrogations continuaient de remuer les causes de la mort toujours mystérieuse des journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon dont ce 2 novembre 2019, constitue le 6e anniversaire, les escadrons de la mort des terroristes  fondaient sur la base militaire d’Indélimane, dans le secteur de Ménaka au Mali. A la clé, une cinquantaine de soldats maliens qui passent l’arme à gauche, du matériel détruit et des armes emportées. Après l’estocade contre le camp militaire de Koutougou au Burkina Faso le 19 août 2019 (24 morts) œuvre de l’EI via l’EIGS, voici le Mali qui vient d’essuyer une des lourdes bérézina militaire avec ce grand coup de canonnière perpétré par Daesch.

Le lendemain, un militaire français le brigadier Ronan Pointeau rejoignait la liste funeste après que son blindé léger ait sauté sur un engin explosif improvisé, toujours dans la zone de Ménaka. Le même jour, deux autres militaires maliens tombaient les armes à la main, victimes aussi d’un de ces objets explosifs dangereux enfouis sous le sol et qui font de nombreuses victimes au sein des forces armées maliennes et burkinabè. Résultat, un weekend sanglant, consacré aux Défunts qui enregistra beaucoup de victimes au Mali.

Mais contrairement aux attaques généralement subies par les forces burkinabè et maliennes, ces agressions ont été revendiquées. Il s’agit de l’Etat islamique dans le Grand Sahara, dirigé par Abou Walid et son sinistrement célèbre second, Abdel Hakim al-Sahraoui. Une revendication qui a le mérite de couper court aux supputations de savoir à quoi s’en tenir.

L’élimination par les Gi’S américains de la figure totémique de Daesch le 26 octobre 2019 ne pouvait être suivie que de spasmes revanchards, en Occident, en Amérique et Afrique. En s’octroyant la paternité de cette hécatombe du camp militaire de Menaka, le représentant attitré d’Al-Baghdadi en Afrique, sonne un avertissement à frais de sang que la disparition de son mentor ne restera pas impunie.

Ensuite, ces attaques d’Al-Saharoui sont une façon de forcer la main à Daesch, pour une claire reconnaissance de sa katiba, qui bien qu’affilié à Daesch le 30 octobre 2016, n’a pas encore reçu un quitus de retour. Une sorte de regain d’activisme meurtrier pour être chapeauté par le nébuleux califat.

Ensuite, l’autre lecture, qui découle de la première, est qu’il ne faudrait pas s’étonner que l’EI décide de faire du Grand Sahara son prochain terrain de prédilection d’opération. Traqué, forcé à la clandestinité en Syrie, étouffé en Libye, l’Afrique sahélienne apparaît désormais comme la zone plus poreuse où il peut se replier et installer ses pénates. En somme, une quête effrénée de sanctuaires sur le continent.

Enfin, l’on constate que  les attaques se multiplient contre les armées africaines. Elles sont de plus en plus meurtrières, violentes. Les assaillants deviennent de plus en plus nombreux. Et à chaque attaque, d’importants matériels de guerre sont récupérés. Les groupes terroristes, l’EI au Grand Sahara en premier lieu, se renforcent. Ils sont mieux organisés, mieux équipés et semblent évoluer. Sans le savoir, ces attaques vraisemblablement méticuleusement préparées contre des bases militaires s’apparentent au fil du temps comme des arènes romaines pour des curées islamiques. Leurs capacités de recrutement semblent aussi monter crescendo. En face, les forces armées semblent statiques, pas évolutives et surtout, pas entreprenantes, ou impréparées face à ces combattants asymétriques.

Il apparaît aujourd’hui vital que les centres décisionnels prennent amplement (si ce n’est déjà le cas), l’envergure de la menace qui est en train de germer dans le giron de l’Afrique. Elle semblait inoffensive lorsqu’il s’agissait de prise d’otages qui apparaissaient bénignes. Mais aujourd’hui, c’est une véritable gangrène de la paix dans le monde qui développe son embryon sous les dunes de sable du Sahara.

C’est une rengaine. Mais la répétition est pédagogique … ou incitative. Le G5-Sahel l’a compris et l’a inscrit dans ses gènes. Il faudra vraiment être aux côtés de Barkhane dont il était prédestiné à en prendre la relève. Ensuite, la piste issue du sommet de Sotchi pourrait être mise rapidement en branle, car rien n’est de trop dans cette guerre où l’orgie de moyens et de technologie n’assure pas forcement la victoire, mais l’expertise si. En ce domaine, les Russes avec la bataille de Groznyï pourraient aider les Africains. Et toujours pour se répéter, la réponse au terrorisme n’est pas que militaire. Elle est aussi humaine. La base la plus large qui nourrit le recrutement des groupes terroristes, c’est bien la pauvreté, les inégalités et les injustices. Les réduire, voire les supprimer déridera certainement les lignes régulières de ces agressions. La thérapie doit être cependant plus profonde. Nettement plus profonde.

Ahmed BAMBARA

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