58 tués à Tillabéry au Niger : C’est un chantier brûlant qui attend Bazoum

58 tués à Tillabéry au Niger : C’est un chantier brûlant qui attend Bazoum

«Le Niger est une victime des terroristes venus du Mali» ne cessent de répéter les autorités nigériennes, un Niger en proie depuis 2018 à d’itératives attaques d’AQMI et de bien d’autres katibas. Hier encore, c’est le village de Banibangou dans la zone de Tillabéry qui a été endeuillé par le massacre d’une soixantaine de villageois, (bilan non exhaustif) qui était de retour du marché. Scène d’horreur qui hélas  commence à se banaliser au Niger (et aussi au Burkina), des assaillants à califourchon sur motocyclettes font irruption dans un marché simple ou à bétail, dans des lieux de culte, ou même suprême bravade dans un casernement militaire, sèment l’apocalypse et se faufilent ensuite dans la nature. Le chapelet de leur œuvre funeste est très long : Inates en juillet 2019 (18 soldats et 4 portés disparus), Chinagoder en décembre 2020 (plus de 100 morts), assassinat de 6 humanitaires français le 9 août 2020 et leur guide et chauffeur nigérien …

Le véhicule qui ramenait ces pauvres hères du grand marché à bétail de Banibangou, a été incendié après la tuerie. Autre pratique inhumaine de ces assaillants qui pratiquent une guerre asymétrique sur brûlis, en effaçant toute trace par … le feu. Le Niger est convaincu, et lors de sa campagne électorale, le président élu, Mohamed Bazoum n’a eu de cesse de le répéter, le Niger est donc persuadé que ces attaques proviennent de «l’extérieur» en l’occurrence du Mali et du Burkina.

Et lorsque la question d’une éventuelle négociation avec ces terroristes se pose Bazoum a une réponse invariable:  son pays n’a pas à penser à ça car le terrorisme n’a pas de racines sur le sol, il n’y a point de revendication, c’est un terrorisme off shore, exporté. Réponse vraie, mais qui n’est pas la solution face à ceux qui donnent la mort facilement, qu’ils soient du Niger ou venant d’ailleurs.

La guerre classique est un affrontement formalisé et symétrique entre deux armées, deux groupes … Ici, on tue, on tue de façon inattendue, sans crier garde, sans qu’on ne sache souvent les raisons. Qu’ont fait ces vendeurs de bétail de Banibangou pour mériter un tel sort ? Rien !

C’est pourquoi face à cette spirale de violence gratuite, car c’est bien de cela qu’il s’agit, celui qui prêtera serment en avril devra peut-être maintenir ce discours, mais également solutionner cette question vitale.

Les groupes terroristes ou djihadistes sont dans un processus souvent de radicalisation, aidés en cela par un prosélytisme aveugle et une pauvreté ambiante. Et Bazoum devra choisir soit de poursuivre la politique de son mentor Issoufou, qui avait consenti entre 15 et 20% du Budget national rien que pour la Défense, essuyant au passage des critiques, d’avoir délaissé la santé, l’éducation… ce qui n’est d’ailleurs pas vrai, car des infrastructures hospitalières et des écoles ont bien été construites sous l’ère du «lion» de Tahoua.

Le nouveau président devra opter donc entre cette continuité ou une rupture pour d’autres solutions. Tels le renforcement des secteurs de développement, l’agriculture, la question de l’emploi, de l’eau pour les pâturages… En tout cas qu’il le veuille ou non, Bazoum hérite de ce brûlot terroriste comme un des gros chantiers, dossier qu’il connait d’ailleurs pour avoir été à un moment le premier flic du Niger (ministre de l’Intérieur).

Bazoum peut compter aussi sur Takuba, et l’arrivée des 1 200 soldats tchadiens promis par Idriss Deby Itno. Lors de la campagne électorale, les veilles du 1er et second tours d’ailleurs, des attaques avec mort d’hommes sont venues rappeler, que même «importé d’un voisin», la menace terroriste est présente au Niger. Bazoum devra y faire face, de concert avec les autres du G5-Sahel, et en espérant qu’en plus des Tchadiens, les Européens qui ont promis de venir épauler Barkhane, promesse faite à Pau et réitérée à N’Djamena, ces Européens seront au rendez-vous. En attendant la noria de katibas, et de grands bandits font payer à des civils le prix du sang dont ils ne sont naturellement pas comptables . 

La REDACTION

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