5e sommet UA-UE d’Abidjan: Jeunesse, immigration et  sécurité : il faut se parler Gbê !

5e sommet UA-UE d’Abidjan: Jeunesse, immigration et sécurité : il faut se parler Gbê !

Les 83 chefs d’Etat et de gouvernement africains et européens auraient débuté hier leur 5e jamborée par un De Profundis cette prière du 6e Psaumes dédié aux morts de l’immigration à l’entame de leurs travaux que personne n’aurait trouvé à redire, tant au delà du thème générique, « jeunesse », c’est celui de l’exode éperdue et mortifère vers le mirage européen qui s’impose dans cette immense salle de conférences de l’hôtel Ivoire. En choisissant de s’appesantir sur l’immigration et la sécurité comme des sujets majeurs de ce cénacle entre Africains et Européens, les dirigeants ont eu le nez creux car au milieu de ces problèmes brûlants, il y a les jeunes, ceux –là même qui « préfèrent crever au milieu de l’océan ou en plein désert que devant leurs propres pères et mères ». Or, il se trouve également, que le terrorisme est nourri par les jeunes aux horizons bouchés qui se radicalisent et cèdent aux sirènes de certaines impostures enrobées en prêches. Soit, on peut s’étonner que le documentaire de CNN ait réveillé les dirigeants africains de leur sommeil cataleptique, mais il y a également le Body Count du Réseau d’associations United publié le 13 novembre dernier, qui mentionne plus de 33000 migrants qui sont passés de vie à trépas entre 1993 et 2017 sur la route de l’eldorado Schengéen. Et encore, ce n’est qu’une partie de cette laideur, car selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), il y a actuellement 17000 migrants parqués comme des bêtes de somme dans 30 camps libyens, un esclavage que ni bien sûr le semblant Etat libyen, a commencer par le président Sarraj qui reste silencieux comme une huitre. A notre humble avis, les pistes dégagées par le président français la veille à Ouaga et hier sur France 24, et RFI semblent bonnes : initiative euro-Afrique pour barrer la route aux passeurs via des actions policières et des sanctions onusiennes, l’évacuation de ces pauvres hères par l’OIM, et criminaliser cet esclavage moderne. Enfin, savoir clairement ce qu’on fera en Libye qui reste un non-Etat, où Macron dit clairement qu’il n’aurait pas agi comme Nicolas Sarkozy. Pour ce qui est du terrorisme, si comme le dit le président Macron « Le sahel doit devenir cette région où l’Afrique respire et non celle de la teneur », à l’étape où on en est l’accent doit être mis sur cette force G5 Sahel et Abidjan aura été un flop, si les dirigeants africains ne parviennent pas avec leurs homologues européens à boucler le budget de 423 euros , car seule cette opération qui à terme doit succéder à Barkhane pourrait aider à récupérer le Nord du Mali et au Burkina à ne pas perdre le sien, car des zones telles Tongomayel, Baraboulé, Nassoumbou, deviennent de plus en plus des No-mans land, en dépit de quelques ripostes hardies des sécurocrates burkinabè. s’il est vrai qu’Abidjan sera différent des quatre précédents sommets, Caire, Tripoli, Lisbonne, Bruxelles, ce sera certes par le retour de la RASD et la présence du Maroc qui a signé son retour dans l’UA en début d’année dont son souverain M6 est bel et bien présent, par le changement de dénomination mais surtout par la capacité de ces princes africains et européens à se parler « Gbê » comme on le dit au bord de la lagune Ebriée, c’est –à-dire en Nouchi, se dire les vérités, les yeux dans les yeux. Quand on se parle vrai, on lève les quiproquo, on crève les abcès. Ainsi, à quoi servira l’UA, forte de ses 54 membres désormais de vouloir que sa voix porte, si son budget de fonctionnement est supporté par …l’UE ? C’est celui qui paie la guitare qui impose la musique à jouer . S’il faut se féliciter que le président Alassane Ouattara ait réussi à tenir ce sommet à Abidjan, lequel sommet a failli être délocalisé à Addis-Abéba. Et être d’accord avec lui lorsqu’il déclarait à l’ouverture de cette grande réunion que « la jeunesse africaine demeure un atout inestimable pour notre continent laquelle jeunesse ne doit pas se lancer à l’aventure au péril de leur vie… », on ne peut manquer de relever ce paradoxe bizarre : comment expliquer que la même Côte d’Ivoire, le Ghana ou l’Ethiopie qui affichent des taux de croissance insolents de 8% comptent de jeunes compatriotes parmi les migrants illégaux ? Quid de la reforme de l’UA et sa compatibilité avec l’UE ? A contrario, il faudra forcement que l’UE explique clairement sa politique commune en matière de gestion migratoire.Qu’on ne pratique pas des quotas par ci et accueillir des fournées par là. Le couple franco-allemand, dont les politiques extérieures divergent, parle-il d’une même voix au sujet de la Libye ? De ce « crime contre l’humanité » ? On le voit, si les décisions qui doivent sortir de la tour d’ivoire éburnéenne sont censées solutionner ces problèmes graves communs aux entités africrates et eurocrates, c’est au langage décomplexé de vérité sans fioritures. Or généralement, ce qui est dit officiellement est vite éludé par les vraies décisions, celles prises dans le secret des coulisses. Il est donc loin de ce conclave abidjanais au solutionnement de ces casse-têtes africano européens. A moins d’être démenti par les faits d’ici-là.

Sam Chris

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