60e anniversaire de l’indépendance de la Guinée : Du syli à Alpha, un parcours du combattant

60e anniversaire de l’indépendance de la Guinée : Du syli à Alpha, un parcours du combattant

Hier mardi 2 octobre 2018, la Guinée a commémoré le soixantième anniversaire de son indépendance. L’évènement, comme c’est le cas sous nos tropiques a été célébré avec faste devant une poignée de chefs d’Etat, amis et un aréopage de personnalités venus des quatre coins du pays. Mais que peut retenir de ces 60 ans de «liberté, de justice» chèrement payés par cette ex-colonie française de l’Afrique occidentale, après le «Non» du premier président de la république de Guinée, Ahmed Sékou Touré au général De Gaulles ?

Tous sont unanimes que la Guinée a des décennies durant, fait les frais d’actes de sabotage et d’opérations de déstabilisation de la part de la métropole. Et ce n’est pas l’actuel locataire du palais de «Sékoutouréya» qui dira le contraire. Lui qui dans une récente interview est sorti de ses gonds pour dénoncer les manigances de la France pour faire rendre gorge à celui qui avait osé cracher sur le  nouveau pacte que proposait le général De Gaulles aux colonies françaises, en déclarant publiquement que la Guinée préférait «la liberté dans la pauvreté que la richesse dans l’esclavage».

«Les Français doivent savoir que si la Guinée a été en retard, il y a la responsabilité des chefs d’État guinéens, mais aussi la responsabilité de la France de l’époque». «Lorsque nous avons pris l’indépendance en 58, du jour au lendemain tous les cadres français sont partis, la Guinée est restée sans cadres», a déclaré M. Condé. «Il ne faut pas oublier aussi que la Guinée a été mise en quarantaine (…), il a fallu que l’Union soviétique et la Chine viennent porter secours à la Guinée, tous les Français étaient partis, on n’avait pas de cadres. On a voulu anéantir économiquement le peuple de Guinée», avait-t-il enfoncé, a insisté le président guinéen.

S’il est vrai que le président de l’époque et ses compatriotes ont souffert de cette «outrecuidance» et de ce «crime de lèse –majesté» causé au grand colon, la déliquescence des institutions et la misère qui frappent la majorité des Guinéens comme c’est le cas pour les millions d’Africains, n’est pas seulement le fait du colon. La Guinée pays pourtant doté d’immenses ressources naturelles (fer, bauxite, diamant, or, uranium, pétrole phosphate et manganèse), un scandale géologique s’il en est a mal à ses dirigeants.

 De Sékou Touré à Alpha Condé, trop d’eau pour ne pas dire de sang, aura coulé sous les ponts. Du sinistre Camp Boireau aux répressions des dernières élections locales en passant par les massacres du 28 septembre 2009 du stade éponyme, la Guinée passe pour être un foyer permanent de violence. Et il ne passe une consultation électorale sans que les rues des grandes villes (Conakry, Kankan, Kindia, Kissidougou, Mamou) ne soient ensanglantées, après des manifestations d’opposants. Le même Alpha Condé opposant  du défunt général Lassana Conté  et ses ouailles en avaient fait les frais. Comme par enchantement il réserve le même sort à son Opposition qui ne finit pas de dénombrer les victimes des élections contestées.

C’est à croire que le pays de Sékou Touré porte les germes de la violence. Et ce que le président Condé a voulu renier à travers cette phrase, «l’histoire de la Guinée ne se ramène pas à la violence». La violence semble  être marquée à la peau ce pays qui ne parvient toujours à conjurer ce mauvais sort des tueries en masse de ses fils suite toujours à des élections.  Est-ce une guigne implacable ? Non, nous refusons de le croire mais il revient à cette classe dirigeante de laver le sol imbibé de sang à travers une justice et des réparations à toutes les victimes car c’est en ce sens que les nombreuses meurtrissures et plaies restées ouvertes se refermeront définitivement avec l’espoir de voir ce pays se réconcilier avec son histoire. Il reste surtout à ce qu’advient une nouvelle génération. Seules cette alternative et une alternance générationnelle pourront sortir ce pays qualifié de «château d’eau de l’Afrique de l’Ouest ou de scandale géologique» des méandres du sous-développement dans lequel il baigne depuis six décennies maintenant.

Sekoné Davy Richard

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