62e sommet de la CEDEAO d’Abuja : Oukase à Bamako de libérer les 46 soldats ivoiriens et création prochaine d’un corps anti-terroriste et anti-putsch !

62e sommet de la CEDEAO d’Abuja : Oukase à Bamako de libérer les 46 soldats ivoiriens et création prochaine d’un corps anti-terroriste et anti-putsch !

A ce 62e conclave, les chefs d’Etat ont choisi de plancher sur l’actualité brûlante.

Lutte contre le terrorisme au Sahel et dans les côtes du Golfe de Guinée, mais aussi la situation des Transitions issues des coups d’Etat au Mali, en Guinée et au Burkina, avec les derniers rapports des médiateurs attitrés, Boni Yayi, Goodluck Jonathan et Mahamadou Issoufou. Voici le menu de ce 62e sommet de la CEDEAO à Abuja.

Chacun des 3 Messieurs-Bons offices a livré ce qu’il a récolté auprès des 3 présidents de Transition, mais comme pour tout sommet, l’actualité brûlante chassant souvent le menu officiel pour ne pas dire qu’il le relègue au second plan. Ainsi, le dossier des 46 militaires ivoiriens a pris le dessus ainsi que l’épidémie prétorienne à la tête des 3 Etats (Mali, Guinée, Burkina) également.

A Abuja, les chefs d’Etat ont haussé le ton concernant cette histoire des 46 soldats ivoiriens qui a rafraîchi les relations Mali-Côte d’Ivoire depuis le 10 juillet : une injonction a été faite aux autorités bamakoises de faire tout possible pour que ces soldats prisonniers puissent fêter la Saint-Sylvestre avec leurs familles sous peine de sanctions contre le Mali.

On a quitté la sphère des négociations dans laquelle s’est investi le président togolais, Faure Gnassingbé, facilitateur accepté et par Abidjan et par Bamako. Place aux muscles, et c’est peu dire qu’in fine, la CEDEAO a tranché dans le vif en faveur de la Côte d’Ivoire. Sur ce dossier, on peut ne pas être d’accord avec la posture, mais au moins, le sommet a arbitré dans le vif.

Comment contrer un coup d’Etat ?

Par contre, sur l’adoption d’un projet pour la création d’une force anti-terroriste et anti-coup d’Etat, si en théorie tout ce qui concourt à lutter contre ces maux est à saluer, dans les faits, la circonspection est de mise. Force anti-terroriste, cela est possible,  l’idée qui avait déjà été caressée en 2012 au Mali avant l’arrivée de Serval, puis Barkhane. Mais où trouver les hommes avec cet autre projet mis au goût du jour, il y a plus d’une semaine avec l’Initiative d’Accra qui veut aussi mobiliser 10 000 hommes, dont 2 000 pour le Burkina qui seront basés à Tamalé ?

On a l’impression qu’on multiplie les projets à l’envi

Et on fronce davantage les sourcils sur ce projet lorsqu’il est stipulé que ce corps armé sera aussi commis à lutter contre les coups d’Etat. Là, beaucoup reste dubitatifs, ou n’y croit pas du tout pour la simple raison qu’on ne peut pas lutter contre les coups d’Etat. En quoi faisant ? En installant des éléments de cette force dans les capitales africaines ? En constituant une garde rapprochée pour les présidents ? A moins de rétablir un chef d’Etat renversé par la force ? Mais comment, puisque souvent c’est une partie de l’armée d’un pays qui renverse le président ? Autant dire que cette Force anti-coup d’Etat devra se battre contre les militaires putschistes !

Ainsi si au Burkina, il y a un coup d’Etat, ce corps expéditionnaire anti-putsch débarquera pour réinstaller le président déchu en faisant le coup de feu contre les militaires burkinabè putschistes !

Irréaliste et inappropriée  cette Force anti-coup d’Etat semble être une incantation face à la multiplication du pouvoir kaki en Afrique. La Baule est morte, la Déclaration de Bamako aux oubliettes, le retour de la démocratie par des élections régulières englouties, alors est-ce une Force militaire qui peut empêcher les militaires de descendre dans l’arène par la baïonnette ? On est enclin à s’interroger d’autant qu’il y a la problématique des moyens, le problème institutionnel. Et celle de savoir si cette force est uniquement orientée contre les coups d’Etat militaires, ou son action s’étend à ceux institutionnels ? Non, la seule parade reste le peuple, l’instauration d’une culture démocratique, et l’éducation des populations. Bref, seul le peuple débout comme un seul homme peut faire pièce à un putsch. Pas une armée étrangère.

La seule nouvelle qui paraît aussi faisable et à la portée de la CEDEAO reste l’aide promise à la Transition burkinabè, la surveillance accrue du Mali, et le souhait d’un dialogue inclusif en Guinée.

La REDACTION

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