70 soldats tués dans l’attaque contre le casernement d’Inates : Le cénacle de Pau s’avère un impératif sécuritaire et politique

70 soldats tués dans l’attaque contre le casernement d’Inates : Le cénacle de Pau s’avère un impératif sécuritaire et politique

Œuvres de Iyad Ag Ghali ou Al-Sahraoui ? C’est du kif-kif bourricot ! En l’espace de 48 heures (9 et 10 décembre) l’armée nigérienne vient de perdre au moins 70 de ses éléments d’abord dans l’attaque d’un poste militaire à Agando, puis contre une caserne militaire dans la région d’Inates.

Une cinquantaine de terroristes ont été également neutralisés.Comme au Mali (camp de Boulkessi) ou au Burkina (camp de Koutougou), c’est toujours le même mode opératoire prise par ces terroristes qui a encore transformé ce camp d’Inates en immense nécropole, en quelque temps : par petits groupes, juchés sur des motos, les armes en bandoulière et le doigt sur la gâchette, ces assaillants pratiquent la politique de l’attaque de l’épervier, caractérisée par la surprise et la rapidité, et si résistance il y a s’en suivent des rudes combats, comme ce fut la cas ce 10 décembre à Inates.C’est la seconde équipée mortelle en 5 mois que subit d’ailleurs cette base militaire d’Inates, qui le 1er juillet dernier avait été attaquée à coups d’explosion de 2 véhicules kamikazes, et d’un incendie, avec à la clef 18 soldats tués et 4 disparus.

Une attaque qui avait été revendiquée par l’Etat islamique dans le grand Sahara d’Al-Saharaoui. C’est du reste régulièrement dans les régions de Tahoua et de Tilabéri, pourtant sous état d’urgence que ces attaques se perpétuent.

Qui est l’auteur de ce grand coup de Jarnac mortifère d’Inates ? Les regards se tournent encore vers Al-Saharaoui, car on pourrait mettre celle-ci dans le registre des répliques à la mort de son calife Al-Bagadadi, tué dans les contreforts syriens par les Boys américains.Mais, on pourrait aussi voir la main du parrain des katibas du Sahel, l’insaisissable Iyad Ag Ghaly, qui depuis son repère de la frontière algéro-malienne, frappe indistinctement au Burkina, au Mali et au Niger. A moins que ce ne soit tout simplement des éléments du chacal de Boko Haram.

Quoiqu’on puisse dire, et sous réserve d’une revendication de Daech ou de GSIM, pour le Sahel, c’est blanc bonnet, bonnet blanc, car tous les 2 katibas sèment le deuil et la désolation au Burkina Faso, au Mali et au Niger.Cette attaque d’Inates intervient également au lendemain de la remise de matériels militaires blindés au Niger par les Etats-Unis d’Amérique dont la mort de 4 soldats reste un affront à laver et on aura remarqué que les assauts des terroristes interviennent toujours à certaines occasions précises :Mi-septembre, alors que se tenait à Ouagadougou un sommet extraordinaire de la CEDEAO élargi au G5-Sahel, une attaque était commise au Nord du Burkina.En novembe, juste après une tournée de la ministre française des armées au Sahel, annonçant l’opération Bourgou IV survenait l’hécatombe de la mine de Semafo au Burkina.

Mais cette tuerie d’Inates, à moins d’une semaine de la rencontre convoquée par Emmanuel Macron à Pau, repose la lancinante problématique de la coopération militaire France-Sahel. C’est encore un acte qui enjoint l’ex-métropole et les pays concernés à effectivement revoir les modalités du déploiement de Barkhane au Sahel.

Si la polémique sur cette manière de tenir la rencontre de Pau, jugée cavalière et irrévérencieuse, si tant est que Macron n’a pas prévenu ses homologues, ça l’est, si cette polémique donc s’est quelque peu tassée, il n’en demeure pas moins que Pau marquera un tournant décisif dans cette coopération militaire, France-Sahel.Hier 11 décembre2019 le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, a encore embouché la même trompette que son patron : si les «malentendus» sur Barkhane ne sont pas levés, la France sera obligée de revoir son dispositif au Sahel. Débarrasser de la chorégraphie diplomatique, ces propos de Le Drian signifient que si les Africains continuent à crier mezza voce, le French go home, avatar du US go home  des années 50, les soldats français pourraient plier bagages.Le missi dominici de Macron a invité durant la semaine formellement IBK du Mali, Roch du Burkina, Issoufou du Niger, les 2 premiers ont donné leur accord pour le rendez-vous du Sud-Ouest de l’Hexagone. Le n°1 nigérien fait planer l’expectative, de même que le Mauritanien Gazouani.

Seul le Tchadien Deby a déjà décliné cette invitation. Or, Barkhane a son QG au Tchad, pays d’ailleurs qui détient le record des opérations françaises en Afrique : Limousin, Trionyx, Bison, Epervier, la plupart pour repousser les rebelles qui avançaient depuis le Tibesti vers Ndjamena pour s’emparer du pouvoir, et ce depuis François Thombalbaye à Déby.Faut-il alors écrire après notre confrère Stephen Smith que «Le précarré cessera d’exister le 16 décembre 2019» ? Allusion à une phrase similaire dans Libération du 15 juin 1997, relative à l’opération Pélican au Congo Brazza. Pau ou le douloureux dilemme d’une coopération militaire ?

Sam Chris

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR