7e sommet G5-Sahel : 1 200 «Warriors» tchadiens  aux «3 frontières», Barkhane reste et le maréchal, parrain du Sahel, signe son grand retour

7e sommet G5-Sahel : 1 200 «Warriors» tchadiens  aux «3 frontières», Barkhane reste et le maréchal, parrain du Sahel, signe son grand retour

Barkhane reste, on ne négocie pas avec Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa, sauf avec les katibas accommodantes qui ont déposé les armes. Avec le Burkina et le Mali, nous harmoniserons ces négociations, a lâché en substance Emmanuel Macron au terme du 7e sommet du G5 Sahel.

En outre, 1 200 combattants tchadiens viendront à la rescousse de Takuba dans la zone des 3 frontières. C’est indubitablement les annonces-phares, et les décisions qui donnent du relief au conclave de N’Djamena dédié au G5-Sahel. Bien sûr Barkhane reste, mais un millier de soldats en plus aptes aux combats, ce n’est pas rien. Le maréchal Idriss Déby Itno a décidé donc de revenir sur les sables chauds du Sahel, avec son armée, la meilleure de l’Afrique francophone, non sans calculs diplomatiques et politiques. Avec l’adoubement de la France, une France qui pivotera militairement avec 500 hommes piliers dans la durée, si les 2 000 soldats sont atteints à terme avec les autres Européens qui s’annoncent.

Mais le clou de cette réunion tchadienne, reste l’annonce du maréchal-président ‘’Idi’’.

Al-Sahraoui et les ouailles d’Iyad Ag Ghali ont du souci à se faire, car les 80 000 hommes de Deby se sont aguerris au Congo-Brazza en 1997 aux côtés des cobras de Denis Sassou N’Guesso, 3 ans plus tard en RD Congo contre les ex-spadassins de Bemba, au Darfour, sans oublier les multiples équipées rebelles auxquelles, elle a fait face en 2006 et surtout février 2008, la dernière ayant failli emporter Déby. Et que dire de la ‘’punition’’ que Deby infligea à Boko Haram, il y a un an, en prenant les devants des soldats lui-même pour ‘’neutraliser’’ 1 000 hommes du chacal, Abubakar Shekau, qui nomme d’ailleurs Deby le «Satan tchadien» ?

Celui qui régente le Tchad d’une main de maître depuis le 4 décembre 1990 a su se rendre utile, ou plutôt, a su placer son pays au cœur de l’offre et de la demande sécuritaire régionale, bien avant 2011, et surtout après la déflagration de la Libye.

Le désordre sahélien consécutif à la disparition définitive de l’astre de la Jamahiriya a laissé ce vide que le n°1 du Tchad a occupé, et cette posture n’a pas échappé à la sous-région et surtout à la France. Ce n’est pas un hasard si le QG de Barkhane y est logé, si l’on ferme les yeux et l’on se montre amnésique sur ce que fait le «boss», surnom de Deby.

Mais Deby revient au sahel aussi pour des raisons domestiques. S’il a décidé d’envoyer les «Deby boys» dans cette région des 3 frontières ou la dangerosité le dispute aux multiples guet-apens, c’est aussi parce qu’il sait que c’est par ce pare-feu qu’il déride, ou du moins qu’il détourne l’attention d’une partie de ses compatriotes et surtout d’une communauté internationale, tenaillée par les coups de boutoir d’un terrorisme résilient, et maintenant d’une Covid-19 mutante.

La présidentielle du 11 avril 2021, en dépit de l’unité de façade d’une opposition, n’obligera pas forcement, l’ex-guérillero des rezzous à renfiler les habits d’un candidat. Ce 6e mandat s’avère une promenade de santé pour l’ex-com chef, mais tout comme en 2016, ce sont moins les Théophile Bongoro et autre Saleh Kebzabo qui le turlupinent, que cette «ruecratie». En ébullition contre ce Déby puissance 6, des Tchadiens crient «Basta», et quoi de plus normal pour ce survivant que de trouver de quoi «divertir» le peuple et l’extérieur, dont il sait qu’il ne pipera pas mot sur sa reconduction. Le jalonnement de ses «Warriors» au Sahel vaut bien cette fable des 3 singes qui consiste à ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre. Depuis 2011, cette stratégie de «l’indispensabilité du Tchad» est l’arme du maréchal pour «calmer» les droits-de-l’hommiste et les démocrates de tout poil qui pourfendent son régime et sa gouvernance, et il arrive qu’il le démontre, comme le retrait unilatéral de ses soldats en avril 2014,  suite à un rapport accablant onusien qui indexait les Tchadiens dans une fusillade à Bangui qui avait fait 30 tués.

A l’orée d’un scrutin chahuté, et face à un peuple qui a envie d’une alternance, Deby remet de nouveau ce Vinyle qui n’est pas rayé et revoilà sa soldatesque au Sahel pour chasser les djihadistes, au moment où un G5-Sahel se cherche toujours ou Barkhane reste, mais est en quête d’un  potentiel remplaçant. Qui osera s’en plaindre ? Qui osera, fouiner dans la transparence et l’équité de ce scrutin ? Qui prêtera trop attention aux cris d’orfraie d’opposants pour ce 6e mandat, permis du reste par la Constitution tchadienne ?

 

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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