7e TICAD de Yokohama : Que peut espérer l’Afrique au pays des Samourais ?

7e TICAD de Yokohama : Que peut espérer l’Afrique au pays des Samourais ?

Opiniâtreté, témérité, codes d’honneur, telles sont, entre autres, les qualités des Samourais dont descendent les japonais, eux avec qui, l’Afrique sait que s’ils ont été les premiers en Asie à tisser des relations officielles avec le vieux continent il y a un quart de siècle, n’ignorent pas non plus que les horloges de ce partenariat retardent par rapport au puissant voisin : la Chine. L’épée a été remplacée par les toutes nouvelles technologies dans lesquelles excelle le Japon, mais le pays de Naruhito  a un grand gap à combler, relativement à la nation de Xi Jinping.

C’est pourquoi cette 7e TICAD qui s’est ouverte à Yokohama avec un aéropage de dirigeants africains se veut un raout d’opération de charme du pays du Soleil-Levant à l’égard des Africains. Par un curieux hasard de calendrier d’ailleurs, c’est quasiment une année, jour pour jour, après le sommet de Beijing, le FOCAC tenu le 3 septembre 2018 sur les routes de la soie qui a regroupé la Grande Muraille avec l’Afrique que se tient ce 7e cru de Yokohama.

D’abord, une revue de détail des réalisations de l’acte 6 de  cette TICAD, tenue à Nairobi, au Kenya en 2016, une première en Afrique, met en exergue que les entreprises privées, bien que venues en surnombre (plus d’une centaine) au pays de Jomo Kenyatta, sont pourtant epsiloniques par rapport aux représentants du Dragon.

Minoritaires, 687 compagnies identifiées et inégalement réparties en Afrique, ces firmes nipponnes ne représentent que des broutilles comparées aux milliers des Chinois. Au total, depuis Nairobi, le secteur privé japonais n’a injecté que 26 milliards d’Euros en Afrique.

A la vérité, cette 3e TICAD, version Yokohama, (c’est la 3e fois que cette ville reçoit ce sommet) sera une sorte d’étude comparée entre les partenariats nippon et chinois avec l’Afrique et comment le japon peut essayer de progresser sans pour autant prétendre dépasser la Chine, véritable coffre-fort actuel, et une Chinafrique au floruit de sa forme ! Sans oublier l’autre géant silencieux l’Inde qui maille patiemment et intelligemment l’Afrique.

En 2017, l’ensemble des encours et stocks des investissements directs étrangers (IDE) du Dragon était de 43 milliards de dollars, contre 8 petits milliards pour l’Archipel du fait de l’incapacité des sociétés japonaises à prendre pied sous les tropiques.

Et si l’Afrique demeure un enjeu national pour le Japon, des facteurs endogènes l’empêchent de réaliser cette ambition au nombre desquels, la récession économique. Bien que 3e puissance économique et financière de la planète, le Japon a enregistré un déficit commercial de 10 milliards de dollars en 2018. A ce pathos, s’ajoutent les cataclysmes naturels et les effets induits de la tambouille commerciale USA-Chine, sans oublier le vieillissement de sa population. Dans ce contexte, que peut espérer l’Afrique de cette réunion au sommet de Yokohama ?

Un renforcement de la présence du secteur privé, avec un flux important des échanges commerciaux via les accords tripartites de la 6e TICAD.

Mais surtout, le fameux transfert de compétences dans le domaine des technologies de qualité. Dans ce domaine, l’Archipel a une longueur d’avance et l’Afrique en a besoin, elle qui reste toujours un siècle en retrait par rapport aux avancées  futuristes.

Des joints-ventures genre Renault le français et Nissan le japonais pourraient tracer des sillons de ce partenariat nippon-africain.

Ce partenariat gagnant-gagnant pourrait aussi se décliner, sous forme d’appuis sécuritaires, avec l’envoi de corps expéditionnaires des forces japonaises d’autodéfenses (FJA) nipponnes en Afrique, sous mandat onusien, par exemple à la MINUSMA au Mali. La formation politique du premier ministre Shinzo Abe ayant voté des lois allant dans ce sens.

Pour l’Afrique donc, cette 7e TICAD ressemblera à d’autres cénacles où le continent sera bien au cœur des débats, mais où on décide à sa place, car justement, nos dirigeants font soit dans la naïveté, soit dans l’optimiste ou acceptent des condescendances humiliantes, oubliant que si les grands de ce monde courent vers l’Afrique, ce n’est pas pour les beaux yeux de ces populations. Prospectivement, c’est un continent d’avenir, en termes de richesses hydriques, du sous-sol, démographique… il appartient à nos princes d’identifier les niches d’intérêts pour l’Afrique et se battre pour les obtenir, moyennant un partenariat objectif et non léonin en réalité.

La Rédaction

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