Entre 8h 30 et 9 h 30, en ce 1er décembre 1944, ce fut l’enfer, raconte en substance El Hadj M’boup, un des rares témoins (il avait 10 ans en 1944) de ces massacres des demi-soldats africains, lesquels pour avoir réclamé ce maigre viatique furent occis par leurs frères d’armes français !
Hier 1er décembre, 72 heures après la confession étatique de ces massacres par la France, le Sénégal et ses nouveaux dirigeants avec la quête de souveraineté et de vérité chevillée au corps ont décidé de marquer ce funeste jour d’une pierre inoubliable.
En lieu et place de la marotte du dépôt de gerbes de fleurs sur la stèle au cimetière de Thiaroye, c’est au casernement militaire, sur un terrain de foot, que le président Diomaye Faye a convié ses compatriotes et des pays étrangers pour saluer solennellement la mémoire de ces dignes fils.
5 chefs d’Etat de la région, plus les ministres de la Défense du Burkina et du Mali ont pris part à cet évènement dans la banlieue dakaroise. Discours de circonstance, discours de rupture, discours de rappel des faits ont été la trame des propos du chef de l’Etat sénégalais. «Sur la terre blessée de Thiaroye, résonnent encore les balles assassines… Rétablir l’honneur de ces tirailleurs sénégalais, car pas d’apaisement sans la justice et pas de justice, sans la vérité», a martelé BDF.
En effet, un flou entoure toujours les conditions et le nombre de ces massacres. Au-delà de la commémoration de ces 80 ans du massacre de ces suppliciés de Thiaroye, le Sénégal va ériger un mémorial, un centre de documentation, et inscrire dans les programmes scolaires, cette page noire du pays.
La France, officiellement représentée par son chef de la diplomatie, Jean Noël Barrot, a embouché la trompette de la reconnaissance concédée par Macron via une lettre, un Barrot qu’on devine dans une posture assez inconfortable du fait d’un autre évènement qui est venu se greffer à celui du camp de Thiaroye : la décision du Sénégal de faire biffer la base militaire française de Dakar. Pour cette tragédie de Thiaroye, vieille de 80 ans, Sénégal et France sont d’accord, qu’il faudra s’arrêter sur un discours commun. Encore faut-il convenir sur ce qui s’est passé.
Cette 1ère commémoration sous ce format plus honorant, plus convenable, augure une réhabilitation mémorielle au goutte-à-goutte, comme pour le sort des Tirailleurs sénégalais en général, ou du déni, aux pensions marginales et à celles décristallisées ont pavé la relation France-Afrique. Pour le repos des âmes de ces Tirailleurs de Thiaroye, pour la paix des cœurs de leurs parents, il faut rendre hommage à ces derniers. Et même une compensation sonnante et trébuchante, pourquoi pas ! Un des fils de ces tirailleurs Biram Senghor la demande depuis des années.
La REDACTION
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