Les 9es jeux de la Francophonie ouvrent ses portes cet après-midi de ce vendredi 28 juillet 2023 à Kinshasa. Entre foire festive et performances sportives, une quarantaine de pays ayant la langue française en commun sont sur les rives du fleuve Congo. D’abord Léopoldville puis Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo a fait sa toilette pour mieux émettre sa splendeur. La coquetterie tant espérée par le président Etienne Tshisekedi qui aurait lui-même effectué une visite des chantiers n’est pas effective, mais incontestablement, Kin la belle a retrouvé son charme des villes côtières.
Dans cette agglomération surpeuplée ou le dollar a cours, la misère latente est perceptible. A l’image de ce vaste pays de plus de 80 millions d’habitants, les locateurs de Kinshasa sont dans la débrouille quotidienne. En un mot comme en mille, la grande majorité n’est pas amusée par ce raout sportif et culturel aux retombés plus politiques qu’économiques.
Pour la jeunesse congolaise, l’appréciation peut être tout autre. Excepté le fameux combat du siècle qui avait opposé Mohamed Ali à Georges Foreman au stade des Martyrs en octobre 1974, la République démocratique du Congo n’a abrité aucun grand évènement digne de ce nom sur ses terres. Les entrailles du géant stade des Martyrs ne renferment dans ses mémoires, que quelques hauts faits d’armes des Léopards et les moments de gloire politico-nationalistes.
49 ans après le cadeau offert au peuple zaïrois par le président Léopard Mobutu, c’est autour du locataire du palais de la nation Etienne Tshisekedi, d’offrir son présent au peuple de la RD Congo. On en convient la «sphère française» à Kinshasa, le président Tshisekedi a, quoi qu’on dise, frappé un grand coup médiatique, porteur de dividendes politiques. Pendant une dizaine de jours, c’est la jeunesse d’une quarantaine de pays qui va générer dans les rues de Kinshasa, un degré de brassage sportif et culturel que ce pays n’a jamais connu. Forcément, ce tour de force populaire, voulu par un père de la nation s’inscrit dans l’histoire.
Cependant, aussi bien huilée soit-elle, la machine des jeux n’est pas sans grain de sable. Outre la manifestation timide des anti-jeux, le courant passe mal avec la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo. Rwandaise de nationalité, dame Mushikiwabo ne semble pas être dans les bonnes grâces de Kinshasa. En clair, elle paye la paralysie politique entre son pays et la RDC. Kinshasa accusant le Rwanda d’être à la base des attaques perpétrées contre son territoire. Notamment à l’Est par le M23. D’ailleurs, les experts de l’ONU ne disent pas le contraire, puisqu’ils relèvent que des preuves substantielles sur l’intervention directe des forces de défense rwandaise existent dans cette partie de ce pays-continent.
Dans cette escalade de méfiance quand ce n’est de défiance, on peut comprendre l’absence annoncée de la secrétaire générale Louise Mushikiwabo. Même si de prime abord, cette absence n’enlève en rien à la beauté des jeux, il faut tout de même reconnaître qu’elle tache quelque peu la fête. Quoi qu’il en soit, on aura compris que les valeurs de tolérance, du pardon et du vivre ensemble prônées par le sport n’émeuvent pas toujours.
Comme il fallait s’y attendre, le stade des Martyrs s’est enveloppé dans ses plus belles parures pour l’ouverture prévue ce soir même. Naturellement, le président Felix Tshisekedi sera aux premières loges pour recevoir sa salve d’honneur, pour ce cadeau fait au peuple Congolais. Le petit caillou dans la chaussure, les petites imperfections ne l’empêcheront certainement pas de se tenir droit et de lancer le «Mboté» (Bonjour en lingala) qui ira résonner au Lyban, au Canada, au Sénégal, en Tunisie, en France, au Togo, au Mali et bien d’autres. Au-delà de tout complexe, ce bonjour devrait traduire toute la force motrice de la richesse et la complémentarité de l’espace francophone !
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