Abdelmadjid Tebboune élu au 1er tour en Algérie : Boutef privé de 5e mandat mais son système garde le pouvoir

Abdelmadjid Tebboune élu au 1er tour en Algérie : Boutef privé de 5e mandat mais son système garde le pouvoir

Son onction politique dès le premier tour avec 58% des suffrages étonne, mais ni cette élection, ni le score, n’intéressent les Algériens dans leur ensemble, c’est que tout le processus et ceux qui le conduisent, sont disqualifiés à leurs yeux pour mettre en place des dirigeants démocratiquement élus.

Alors que le président élu s’appelle Abelmadjid Tebboune, ceci n’arrête pas les manifestants, qui l’ont conspué  le rejettent et ne reconnaissent pas son impérium.

C’est que tout a été pipé dès le début et les ‘’vendredisards’’ l’ont signifié à chacune de leur sortie qu’ils exècrent ceux qui conduisent la transition, les 2 ‘’B’’ rescapés et surtout le général Gaïd Salah dont ils ont réclamé en vain la tête.

Le pédigrée politique et social du nouveau président ne lui donnent aucune circonstance atténuante :

– Long compagnonnage avec Boutef, passage météorique à la primature (mai et le juillet 2017), congédié à l’époque pour avoir voulu faire rendre gorges aux kleptocrates du système, sa campagne a d’ailleurs été basée sur cette période de ‘’Monsieur propre’’.

– Longue diète politique qu’il encaissa en tapinois, puis la rédemption en 2017, par Boutef.

Mais cet intermède de justicier dans la galaxie du régime déchu ne suffit pas à gommer tout le reste du parcours, qui le rattache viscéralement à l’ex-reclus de la station balnéaire de Zéralda. Plusieurs talons d’Achille lui collent à la peau qui le rendent vulnérable.

A commencer par sa proximité avec le général Gaïd Salah, l’homme fort de cette transition, celui-là même qui s’est adossé sur la révolution joyeuse pour chasser son ex-mentor Bouteflika, le 2 avril dernier, et qui a mis en place un pouvoir intérimaire-croupion pour mieux le pervertir de l’intérieur.

Menaces envers les ennemis intérieurs et extérieurs, jugements presqu’à Pilate et embastillement de ceux-là même avec qui, il gouvernait le pays hier, mise sous surveillance du mouvement ‘’Hirak’’ qui l’horripile… bref, on imagine que sans l’aval du général Gaïd Salah, Tebboune ne se serait pas retrouvé au palais d’El Mouradia.

Ensuite, il y a l’âge du capitaine, à 74 ans malgré toute sa bonne volonté, l’outrage du temps ne laisse pas de place pour de nombreuses actions requérant de la rigueur, et surtout à l’endroit d’une population dont la moitié a moins de 30 ans. Le péril jeune, c’est-à-dire ceux qui noircissent les rues des différentes villes d’Algérie, voilà l’un des défis du nouveau président. Accoutumé à obéir, serviteur exemplaire, apparatchik du Front de libération nationale (FLN), pourra-t-il se couler dans la peau du décideur, avisé, et opportun ?

Enfin, les démêlés de son fils emprisonné en mai 2018 pour une nébuleuse histoire de 700 kg de cocaïne saisi dans un port, constitue un autre ventre mou d’Abdelmadjid Tebboune. Un homme dont le rejeton traficote avec des dealers de drogue, est-il apte à gouverner un pays ?

Manque de légitimité, casseroles à ses trousses … Tebboune est bien lesté pour sa magistrature suprême.

Tout compte fait, mis sur la touche le 2 avril dernier, Abdelaziz Bouteflika n’a pas pu obtenir son 5e bail, mais grâce à la ténacité, à la qualité manœuvrière du général Gaïd qui lui doit tout, le système Boutef va survivre vie Abdelamadjid Tebboune. Bref, grâce à l’armée, cette armée choyée par Boutef,  cette grande muette qui est le centre névralgique du pouvoir, grâce à elle, des étoiles de sa galaxie vont continuer à scintiller, à éclipses peut-être, mais bien là. Jusqu’à quand ?

Comment Tebboune compte-t-il gouverner des citoyens dont nombreux ne le reconnaissent pas comme président ? Que deviendra le général Gaïd Salah dans tout ça ? Quelle posture pour Hirak ? L’Algérie a bien un nouveau président, mais à l’évidence, n’est pas sortie de l’ornière.

La REDACTION

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