Abdoul Karim Baguian dit Lota : «Je n’ai pas incendié la  maison de Salif Diallo»

Abdoul Karim Baguian dit Lota : «Je n’ai pas incendié la  maison de Salif Diallo»

Pour son deuxième jour  à la barre, le jeudi 4 octobre 2018, l’officier supérieur Abdoul Karim Traoré n’est pas revenu sur sa position de la veille. Ne croyant pas à son innocence, les avocats des  parties civiles, et le parquet militaire, vont s’évertuer à prouver que le colonel  a soutenu le coup d’Etat contrairement à  ce qu’il veut faire croire. Après lui, son successeur Abdoul Karim Baguian dit Lota, commerçant de son état a reconnu avoir porté des coups au garde du corps de Roch Kaboré à l’hôtel Laïco.

Le magistrat colonel Abdoul Karim Traoré n’a pas nié  être resté aux côtés du général Gilbert Diendéré durant les évènements des 16 septembre et jours suivants. Cependant, il refuse d’être considéré comme un complice du général et plaide non coupable pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, fait pour lequel il est poursuivi par le Tribunal militaire. Il fondeainsi sa défense sur deux points. Le premier, c’est le fait d’avoir cherché à rencontrer le général par curiosité et afin de s’informer, et le second c’est de s’ériger en négociateur pour une sortie de crise après avoir pris connaissance de la situation qui prévalait. Se basant donc sur ces faits, celui qui était en poste au ministère des Affaires étrangères en qualité d’expert en négociation dans les crises ne qualifiera pas de répréhensibles les actes qu’il a posé. Partageant son point de vue, son  conseil, en l’occurrence Me Moussa Sogodogo pense qu’il devrait être considéré comme un témoin et non  un accusé.

Mais, les avocats des parties civiles ne voient pas les choses de la même manière : «ça me fait sourire et pleurer intérieurement quand  Me Sogodogo  affirme  que son client devait être considéré comme un témoin et non  un accusé», a laissé entendre Me Séraphin Somé. Pour lui, le colonel est complice. Sans passer par quatre chemins, il va noter être intrigué des efforts fournis par le colonel Traoré pour rencontrer le général Diendéré. Si le prévenu soutient que c’est par curiosité et qu’il pouvait ne même pas s’y rendre en ces lieux, l’auxiliaire de justice n’est pas de cet avis. Pour prouver donc que le colonel a soutenu le coup, il va se référer à une déclaration faite par l’accusé qui disait qu’il fallait mener des concertations pour remettre le pouvoir à un civil. Selon Me  Somé,  au regard de cette approche, il était déjà dans la logique de la consommation du coup d’Etat. Son confrère, Me Gui Hervé Kam abondera dans le même sens. Indiquant ne pas être convaincu que sa présence au camp Naaba Koom II se résumait à des fins intellectuelles, il  soutient  que c’est pour d’autres objectifs. Pour se justifier il a déclaré que  l’écrivain magistrat  devrait avoir pris des notes  justifiant cela et qui pourraient constituer des éléments à sa décharge.

Par ailleurs,  à en croire  Me Moussa Sogodogo,  la partie accusatrice n’a fourni aucun élément qui puisse justifier la complicité   de son client dans l’attentat à la sûreté de l’Etat. Tout en estimant que depuis le début de l’interrogatoire, il n’assiste qu’à des commentaires et des tiraillements ; il soutient qu’il n’y a pas d’éléments tangibles et qu’il reste toujours sur sa faim. D’ailleurs, c’est  persuadéaussi de l’innocence de son client que Me Ouilli Dieudonné va faire observer que : «je suis convaincu que mon client s’en tirera à bon compte».

Toutefois, en ce qui concerne Me Sogodogo, les poursuites engagées à l’encontre du magistrat Traoré sont nulles. «C’est un arrêt rendu le 6 novembre 2016 par la Cour de cassation qui le dit à la demande du commissaire du gouvernement, et on attend que cet arrêt soit mis en application pour rendre toute la procédure nulle, pas seulement sur les procès-verbaux. Car entant que magistrat, ses droits n’ont pas été respectés», a- t- expliqué. Il renchérit que son client a été entendu sur commission rogatoire par des Officiers de police judiciaire (OPJ) avant que le juge d’instruction n’ait été saisi pour engager les poursuites. Ce qui pour lui n’est pas en conformité avec les textes en vigueur.

«Le colonel est allé prêter ses services au général»

N’ayant pas été convaincu par la défense, le ministère public va déclarer : «les avocats du colonel sont en train de plaider le doute en affirmant qu’il profite des failles de la procédure».

Se référant au PV d’interrogatoire de Sidi Lamine Oumar, le ressortissant malien inculpé dans cette affaire, le parquet a souligné que le colonel Traoré a été au domicile du Touareg dans la journée du 16 septembre entre 16 heures et 19 heures, contrairement à ce qu’il aconfié, qu’il se trouvait  à son bureau au Ministère des Affaires étrangères. A ce sujet, l’officier militaire est resté sur sa position. Toujours concernant le nommé Sidi Lamine, le parquet a voulu savoir pourquoi le colonel l’a exhorté de quitter le territoire sous prétexte que s’il se faisait prendre il ne le connaissait pas. Sur ce point, l’accusé a rétorqué l’avoir fait dans le but de préserver l’intégrité physique du Touareg malien. «J’ai appris que des personnes à la peau claire pouvaient être prises pour cibles par la population et c’est dans cette optique je lui ait conseillé de quitter le pays», foi du colonel. Prenant la parole, Me Ali Néya des parties civiles a fait remarquer qu’à la lumière des choses, le magistrat militaire est allé proposer ses services au général Gilbert Diendéré et celui-ci a marqué son accord. De ce fait il s’est rendu complice. «De par votre fonction vous savez très bien qu’assister une personne dans cette situation est une  complicité par collaboration», s’est justifié Me Néya.

Avant de rejoindre le box des accusés, l’officier supérieur de l’armée a tenu à présenter ses condoléances aux familles des victimes tout en indiquant avoir perdu également son frère dans le cadre de ces événements et souhaiter  prompt rétablissement aux blessés.

Lota reconnaît partiellement les faits

A la suite du colonel Abdoul Karim Traoré, c’est Abdoul Karim Baguian dit Lota qui s’est avancé à la barre pour se prononcer sur les faits de coups et blessures et de dégradation aggravée de biens. Commerçant de son état etmilitant de l’ancien parti au pouvoir le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), il  a reconnu partiellement les faits. «Je reconnais  avoir porté des coups à  Nicolas  à l’hôtel Laïco le 18 septembre 2015», a déclaré l’accusé.  Précisons que la  victime  de M. Baguian était chargée d’assurer la sécurité de Roch Marc Christian Kaboré en son temps président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) qui s’était rendu dans ledit hôtel pour la rencontre avec les médiateurs de la CEDEAO. Son interrogatoire se poursuit ce matin.

Boureima SAWADOGO et Edoé MENSAH-DOMKPIN

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