Si Emmerson Mnangagwa a été élu au premier tour de la présidentielle du 30 juillet 2018, alors que son compagnon, Robert Mugabe et sa femme étaient en résidence surveillée, si le vice-président qui avait fui, a été élu (50,8%), il le doit à l’armée, aux vétérans de la ZANU/PF et à ses réseaux legs d’un long séjour dans le système de Comrade Bob.
Néanmoins, il est demeuré un maillon dur de la galaxie répressive de Mugabe dans laquelle, il fut un bourreau contre l’ethnie Ndebele du compagnon, puis adversaire de Mugabe : Joe Joshua Nkomo !
Dans une autre vie, notamment quand il était combattant et ministre de l’Intérieur, le «Crocodile» surnom du président zimbabwéen, a eu à porter la tunique de Nessus pour casser, violenter, incendier, cette ethnie Ndeblele dans le Matabeleland. Entre 1983 et 1985, ce fut des années de braise dans ce Sud-Ouest de l’ex-Rhodésie du Sud. Ainsi, à travers la 5e brigade, l’opération Gukurahundi, laisse sur son sillage plus de 20 000 victimes. Les horreurs du temps de Mugabe, son successeur, en porte la coresponsabilité, ainsi que les violences politiques qui ont émaillé l’interminable règne du Old Man.
Mais, ne voilà-t-il pas que le même Mnangagwa vient d’abolir la peine de mort ce 3 janvier 2025, lui qui échappa de peu à l’échafaud ou à la balle du peleton à moins que ce ne soit une élimination à la manchette. C’est dire qu’il a goûté aux délices des prisons de l’ex-Métropole, l’Empire britannique, si ce n’est pas celle des autorités égyptiennes pour rébellion. Les prisons de Salibury, Erey, Khami sont autant de vie de reclus ou Mnangagwa côtoya la mort, puisque plusieurs de ses codétenus furent tués. Lui, en échappa par la baraka ou par Mugabe.
A 82 ans donc, l’enfant de Zvishavane) aura donc vu des vertes et des pas mûres et en tant que survivant d’une vie qui aura été mouvementée, il semble être touché par la grâce ou du moins par la raison raisonneuse : d’où l’abolition de cette peine de mort qui divise d’ailleurs au Zimbabwe, mais pas seulement. A savoir la peine capitale est-elle efficace, dissuasive ? Exécuter un criminel, une sorte de loi du Talion, empêche-t-il d’autres de commettre des crimes ?
Ce 3 janvier 2025, en abolissant la peine de mort, le Zimbabwe rejoint les 127 Etats abolitionnistes, ainsi que le cercle de la grande famille anti-peine capitale. En ce début d’année 2025, sous d’autres cieux d’ailleurs, cette peine de mort s’est invitée dans les grâces présidentielles accordées aux détenus, à l’image de la RD Congo où le président Félix Tshisekedi a gracié des prisonniers dont certains ont été condamnés à mort et leurs peines seront commuées en perpétuité. Certes, une commission ad hoc se penchera sur les embastillés qui bénéficieront de cette action discrétionnaire du chef de l’Etat, mais les condamnés à mort divisent. Au fait, les peines de prisonniers ou plutôt, l’application des verdicts fait polémique, autour de sujets de peine plancher, amnistie, peine alternative, peine de mort.
En tout cas, bravo au président Mnangagwa dont le geste est salué à travers le monde, de l’ONU, en passant par la France, et plusieurs pays africains. Une abrogation qui sera bien jugée au 9e congrès contre la peine de mort qui se tiendra du 30 juin au 3 juillet 2026 en France où d’ailleurs cette peine de mort n’a été supprimée que le 9 octobre 1981 !
La REDACTION
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