Accord au Soudan : Prudence face à un ancien-nouveau attelage bicéphale

Accord au Soudan : Prudence face à un ancien-nouveau attelage bicéphale

La tiédeur des sentiments est à la hauteur de l’accord scellé au Soudan entre la junte militaire chapeautée par le général Al-Burhan et l’ancien premier ministre Abdallah Hamdok. Cet accord qui a ouvert la voie à la libération de ce dernier et le «réhabilite» à la tête de l’exécutif n’emballe pas. Au lendemain de sa signature, plusieurs pays ont exprimé leur réserve face à la mise en place de cet attelage bicéphale. La prudence est donc de mise face à ce qui s’apparente comme un arrangement entre cet ancien-nouveau duo qui compte diriger la Transition dans ce pays.

Le ton avait été donné par les leaders de la contestation qui, dès l’annonce du paraphe de cet accord, n’étaient pas passés par quatre chemins pour rejeter ce «deal». Tour à tour et avec un langage diplomatique, la Communauté internationale dans son immense majorité, a affiché une prudence face à cette mascarade politique qui se joue au Soudan.

Dans ce concert de réaction mitigée, seuls les soutiens de la junte militaire, notamment l’Egypte et les Emirats Arabes Unis tentent d’équilibrer les choses en félicitant les acteurs de cet accord. Cette attitude des parrains des putschistes contraste avec celle de la Communauté internationale qui renâcle à soutenir des militaires en perte de vitesse.  Mais le plus surprenant, c’est le «oui» du premier ministre Hamdok qui suscite l’incompréhension. Quelle promesse la junte a bien pu faire pour convaincre Hamdok, après plusieurs semaines passées en résidence surveillée à accepter ce marché en dépit de la quarantaine de manifestants tués pour la cause? A-t-il omis que sa libération figurait en bonne place dans la plate-forme des manifestants anti-putsch ?

Après avoir conclu cet accord avec ses «bourreaux», Abdallah Hamdok s’est probablement tiré une balle dans le pied et il devra assumer jusqu’au bout désormais et faire face aux volées de bois verts qui lui seront envoyées. D’ores et déjà, au lendemain, douze ministres lui ont présenté leur démission en signe de protestation contre l’accord politique conclu avec le conseil militaire au pouvoir dans le pays.

Parmi les ministres démissionnaires, figurent ceux des Affaires étrangères, de la Justice, de l’Agriculture, de l’Irrigation, des Investissements et de l’Energie, selon un communiqué publié par les ministres intéressés. Les ministres de l’Enseignement supérieur, du Travail, des Transports, de la Santé, de la Jeunesse et des Affaires religieuses ont également présenté leur démission. C’est donc clair que cet accord n’est pas la bienvenue dans ce Soudan post El-Bechir où les populations entendent défendre bec et ongle les petits acquis de la révolte du pain qui a eu raison d’une dictature d’une trentaine d’années.

Davy Richard SEKONE

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