Accusations de Human Rights Watch de 31 exécutions extrajudiciaires à Djibo au Burkina : Ce si difficile art de la guerre !

Accusations de Human Rights Watch de 31 exécutions extrajudiciaires à Djibo au Burkina : Ce si difficile art de la guerre !

Le sujet est délicat. Mais il faut l’aborder. L’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse à mots à peine couverts l’armée burkinabè de crimes de guerre. Mais elle reste dans les quartiers du conditionnel.

Ses affirmations se basent sur des affirmations de témoins, qui auraient assisté à l’arrestation des prisonniers lors d’une opération anti-terroriste, puis à l’enterrement de 31 d’entre eux, après ce qui, selon toujours les témoins, aurait été un passage à une exécution sommaire.

L’objet du crime serait donc le prélèvement de 31 personnes dans les secteurs 7, 8 et 9 de Djibo, par les FDS, lesquelles personnes auraient été passées par les armes, sans autre forme de procès. C’est un coup de massue venant de cette ONG droit-de-l’hommiste, dont les enquêtes font autorité.

Si cela est vrai, les «Boys» du Burkina tombent effectivement sous le coup de crime de guerre. On ne tue pas un homme qu’on a désarmé, qu’on a fait prisonnier et qui n’avait dès lors, plus aucune arme pour se défendre, a fortiori nuire à  ses geôliers.

N’empêche ! Le ministère de la  Défense nationale assure qu’il a pris les devants. Bien avant le communiqué de l’ONG qui a fusé sur les ondes ce 20 avril 2020 et partout à travers le monde, déchirant le voile glaçant du coronavirus qui a recouvert le Burkina, le ministre de la Défense Cheriff Sy assure qu’il avait dès le 10 avril courant, instruit le directeur de la Justice militaire d’ouvrir une enquête judiciaire afin de savoir ce qu’il en est réellement.

Car, cette accusation pour gravissime qu’il soit n’est malheureusement pas la première qui plane sur l’armée burkinabè. On se rappelle que les défenseurs des droits de l’homme avaient, boucliers levés, pointé des doigts accusateurs sur les Forces armées burkinabè parce qu’elles auraient exécuté la centaine de présumés terroristes qu’elles disaient avoir «neutralisées» au Nord du Burkina Faso.

Des accusations, qui, par le seul fait  qu’elles existent, gênent aux entournures, et jettent une lourde chape sur l’œuvre des forces de défense et de sécurité qui tentent de se sortir d’une guerre qu’elles n’ont pas demandée et qui ne respecte aucun des codes les plus élémentaires des combats et batailles conventionnels.

C’est ce qui explique peut-être les poils hérissés de l’opinion nationale burkinabè qui ne voit pas du tout d’un très bon œil ces accusations qui fusent contre leur armée et qui, parfois, paraissent à leurs yeux, des défenseurs, des avocats de ces terroristes qui ne s’embarrassent pas eux, de droits ou d’une quelconque déclaration universelle des droits e l’Homme, pour commettre leurs atrocités, tant sur les forces armées elles-mêmes que sur les populations civiles. Comment vouloir faire comprendre qu’un individu qui tire sans sommation, abat sans discernement hommes, femmes et enfants puisse être considéré sur un pied d’égalité q’un combattant ordinaire et respectueux d’un code d’honneur honorable au sens de l’humanité ? En effet depuis pratiquement 5 longues années, le Burkina Faso subit les attaques d’hommes toujours à califourchon sur des motos, ou dans des véhicules, lesquels assaillants tuent dans des marchés, lieux de cultes et sur les routes. Et très souvent la ligne est vite franchie par certains qu’en représailles, les FDS, ne fassent pas le distinguo entre le grain et l’ivraie, et commettent des bavures.

Voilà pourquoi les organisations des droits de l’Homme, qui, il faut le souligner font un travail de prévention, ne doivent pas s’attendre à être citées par les favoris des opinions nationales où les «forces du mal» frappent, endeuillent et tuent sans aucun scrupule. Dans l’esprit de nombreux Burkinabè, être un présumé collaborateur, le simple fait d’être soupçonné d’être complice ou d’être lié à ces hordes suffit à vous conduire droit à la potence.  Dans  cette guerre indiscriminée, le moindre zeste de soupçon (et dans cette atmosphère mortifère) peut avoir des conséquences effroyables. Du reste, ces Burkinabè ne comprennent pas pourquoi lorsque des villages entiers sont massacrés, des soldats périssent par des pièges lâchement tendus et des agissements mortels des hordes de terroristes, les mêmes organisations de défense de droits de l’Homme sont atones (ou aphones) et ne sont pas animées de la même vigueur pour dénoncer, condamner ou demander des enquêtes.

Mais même débarrasser la terre de sa vermine comporte des marges d’erreur humaine importante. Des innocents, des individus  victimes de règlements de compte de tout genre peuvent faire les frais de cette volonté de nettoyage et il est important qu’il y ait des garde-fous pour qu’il n’y ait pas de dérapage. Et même qu’après la guerre, le glaive judiciaire peut toujours sévir s’il était avéré que ces faits sont constitués.

Les défenseurs des droits de l’homme peuvent paraître actuellement anachroniques, et même détestables par ces temps qui courent et endeuillent du monde. Mais lorsque soi-même se trouvent victimes d’une injustice, leur cri de cœur peut avoir les mêmes vertus qu’une goutte d’eau dans un gosier asséché dans un océan de sable désertique.

Aux forces armées burkinabè d’agir avec professionnalisme et sans bavure. C’est difficile. Mais pouvoir faire des omelettes sans casser des œufs  ne vous rendra qu’encore plus valeureux aux yeux de ceux que vous défendez. Car il n’est même pas sûr que le grand Sun Tzu s’y retrouvera dans ce Sahel avec son Art de la guerre ! (Cf. : Affrontement direct et indirect).

Ahmed BAMBARA

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