Accusations d’exactions des Russes en Centrafrique : Bangui entre le marteau  et l’enclume

Accusations d’exactions des Russes en Centrafrique : Bangui entre le marteau  et l’enclume

Les rapports du groupe de travail de l’ONU, rendus publics par RFI, ne sont pas tendres pour la Centrafrique et ses amis Russes. Exactions, exécutions extraordinaires, viols et autres bavures sur des civils jalonnent les pages et brocardent les forces armées centrafricaines et ses «instructeurs» du pays du Poutine sous les traits de monstres hideux, aux mains ensanglantées, qui marchent sur des cadavres sur les sentiers tortueux de la délivrance de la république centrafricaine.

Si ces faits, témoignages et autres preuves sont formels et vérifiés, ce n’est pas à l’avantage de Touadera et ses «anges gardiens». Les termes utilisés sont atroces et les scènes décrites font froid dans le dos et dépeignent la reconquête sous un ciel ombrageux et plein de salissures. Il n’est pas intéressant que les exactions haïes et vomies par les populations civiles meurtries soient remplacées par d’autres tout autant ou plus horribles. 

A contrario, on peut se poser des questions sur le timing de ces rapports. Vu la configuration des puissances sur l’échiquier mondial, il est difficile et il peut paraître quelque peu impartial de ne pas lire la situation en  Centrafrique à travers le prisme des difficiles rapports, des relations cordialement mais perpétuellement conflictuelles entre la Russie et la France.

La Centrafrique fait partie de ce qui est appelé son «pré carré».  Un carré qu’elle a finalement quitté avec la fin de l’opération Sangaris. Depuis lors, ce pays peine à contenir les assauts répétés des rebelles, faisant tanguer le pouvoir central, devant une MINUSCA réduite à un rôle quasi observateur, réduisant pratiquement ce dernier à la coupole électrifiée de Bangui. Le pays était à un moment donné résumé à sa capitale, qui avait d’ailleurs été asphyxiée et dont les bras ont été coupés, manquant d’être totalement décapitée.

Archange Touadera, réélu sur le fil, grâce à une élection présidentielle étriquée, a dû bien trouver les moyens de combler le vide laissé par la France. La Russie n’a pas apparemment boudé cette opportunité qui lui a été offerte de prendre pied dans un continent où elle doit encore construire sa puissance. Et depuis lors, les jarrets des rebelles semblent de plus en plus chancelants, parfois aux  abois. Les populations civiles voient du reste les «instructeurs» russes comme des sauveurs, qui ne s’embarrassent pas des scrupules de la  MINUSCA pour engager le combat, même s’il est officiellement dit qu’ils ne bougent que lorsqu’on tire.

Bangui est donc sous l’enclume et le marteau. L’enclume de la reconquête obligée et obligatoire de son territoire, sous peine d’être broyé par le rouleau compresseur des rebelles. Et le marteau des rapports des droits humains, des yeux scrutateurs et inquisiteurs qui souhaitent que de l’omelette d’un pays stabilisé sans casser des œufs .

Ahmed BAMBARA

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