Adjoumani répond au cardinal Kutwa :  «La réconciliation n’est pas plus importante que les élections»

Adjoumani répond au cardinal Kutwa : «La réconciliation n’est pas plus importante que les élections»

Le débat sur l’opportunité du troisième mandat du président Alassane Ouattara fait rage. Hier mercredi 2 septembre 2020,  en réaction à la lettre du cardinal Jean-Pierre Kutwa, le porte-parole principal du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix a répondu lors d’un point de presse à la cathédrale Saint Paul du Plateau. Ci-dessous l’intégralité de la déclaration.

 

Le lundi 31 août 2020, en fin d’après-midi, nous avons pris connaissance d’une déclaration de Son Eminence le Cardinal Jean-Pierre Kutwa, qui a décidé de s’exprimer à titre personnel, sur l’évolution de la situation socio-politique en Côte d’Ivoire, à l’approche de l’élection présidentielle qui se tiendra dans exactement deux mois.

Si l’on peut saluer cette démarche, en ce sens que selon le guide religieux, celle-ci consisterait à nous interpeller face à la crise que nous vivons (..) et contribuer à la recherche de voies et moyens de ce qu’il appelle « le vivre ensemble dans l’unité », différent du « vivre ensemble » prôné par le Président Alassane Ouattara, force est cependant de constater et de regretter que votre prise de parole, Eminence, n’aille pas dans le sens de l’apaisement du climat social.

Toute période d’élection, on le sait, est une période d’exacerbation naturelle des contradictions, des malentendus voire, hélas, des récriminations

Face à la fracture sociale créée par la crise post-électorale de 2010, un processus de réconciliation approfondi et sincère a eu lieu et a permis des élections apaisées en 2015. C’est grâce à la qualité de ce processus qu’il y a eu une loi d’amnistie et la libération des prisonniers, le retour massif des exilés et le dégel des avoirs. Dans le renforcement de ce processus, Mme Gbagbo, Monsieur Lida Kouassi Moise et Monsieur Assoa Adou ont notamment été libérés.

Toute période d’élection, on le sait, est une période d’exacerbation naturelle des contradictions, des malentendus voire, hélas, des récriminations, dans de nombreux pays à travers le monde. Mais c’est justement ce que l’application de la loi permet de régler. Car si la réconciliation est un processus fondamental, il est encore plus fondamental de constater que les élections permettent justement de garantir la continuité et la stabilité de la République.

Elles seules permettent de forger l’Etat de droit sans lequel un processus de réconciliation ne peut prospérer. Il n’est donc pas juste d’affirmer que la réconciliation est plus importante que les élections. Par ailleurs, la non-tenue des élections à bonne date ouvrirait de façon certaine une période de vide juridique pouvant entrainer une situation chaotique. Concernant la concertation et le dialogue, nous voudrions respectueusement vous rappeler que ceux-ci ont été menés avec la société civile et les partis politiques et ont abouti à l’élaboration de lois encadrant les futures élections.

Ce processus de dialogue politique, piloté par le Chef du Gouvernement, ne s’est jamais interrompu. Et tout au long de ce processus, une attention particulière a été portée au strict respect de la loi. Notre intime conviction est que le respect de la loi, des institutions de la République et de leur calendrier garantit la crédibilité d’une élection et confère au vainqueur sa pleine légitimité.

Concernant votre affirmation selon laquelle « la candidature du Président Alassane Ouattara n’est pas nécessaire, à votre humble avis », nous voudrions vous rappeler que de l’humble avis de très nombreux Ivoiriens de toutes origines et de toutes confessions, cette candidature est celle qui est la plus à même de garantir la paix, la stabilité, le progrès économique et social et, conséquemment, l’achèvement du processus de réconciliation de la Nation.

L’idée que nous faisons en effet d’un haut responsable de l’Eglise est qu’il doit rassembler et non diviser, qu’il doit veiller à la crédibilité des Institutions et des gouvernants élus

Sauf à paraître partisan, faisons donc pleinement confiance au droit et à la démocratie, en laissant, après la validation des candidatures par le Conseil Constitutionnel, le peuple souverain de Côte d’Ivoire juger in fine, lui et lui seul le 31 Octobre 2020, de la pertinence et de l’opportunité de l’ensemble des candidatures. Eminence, si vous nous permettez d’avoir la même franchise de ton que celle que vous avez adoptée hier, notre conviction profonde est que votre prise de position, plutôt que d’appeler à l’unité des Ivoiriens, au vivre ensemble dans la paix et à l’apaisement de tous les esprits, pourrait dans les mains d’acteurs mal intentionnés ouvrir la voie à l’exacerbation inutile des tensions, à un moment crucial de la vie de la Nation.

Que deviendrait ainsi la Côte d’Ivoire, si des hauts responsables religieux appartenant à d’autres confessions décidaient comme vous, en violation du principe de la laïcité de l’Etat consacrée par la Constitution, de prendre la parole pour se prononcer sur des sujets électoraux ou sur d’autres candidats ?

L’idée que nous faisons en effet d’un haut responsable de l’Eglise est qu’il doit rassembler et non diviser, qu’il doit veiller à la crédibilité des Institutions et des gouvernants élus par le peuple souverain et non périodiquement les prendre pour cible. Il doit agir avec amour, œuvrer avec méthode et parfois avec discrétion, qui plus est dans l’Etat laïc et multiconfessionnel qui est le nôtre, pour aider à la construction d’une véritable unité nationale.

Dans le contexte actuel et avec cette volonté avérée de voir notre pays avancer, soyez sûr, Eminence, que l’élection présidentielle se déroulera de manière apaisée et démocratique, dans la transparence et en toute sécurité. Parce qu’il me semble aussi que l’immense majorité de nos concitoyens sait que le respect d’un calendrier électoral est non seulement le respect même de la loi, mais plus encore le respect profond d’une aspiration civique qui, par le débat des idées et des projets qu’elle permet, aide le pays à avancer vers la modernité, à rencontrer sa maturité.

En effet, je crois, Eminence, que tous nos frères et sœurs, qu’ils partagent votre foi ou qu’ils en confessent une autre, qu’ils soient du Nord ou du Sud, du Centre de l’Est ou de l’Ouest, veulent avancer ensemble. Qu’ils entendent aller de l’avant pour construire le pays dans la paix et l’harmonie. « Duc in Altum » dit l’Evangile de Luc (5, 7) que vous appréciez m’a-t-on dit : « avance au large » et n’aie pas peur. Les Ivoiriens veulent avancer et n’ont pas peur de l’avenir. Daignez, Eminence, agréer l’expression de notre très profond respect .

LE PORTE-PAROLE DES MINIISTRES

ET CADRES CATHOLIQUES DU RHDP

LE MINISTRE

KOBENAN KOUASSI

ADJOUMANI

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